La littérature en suspens

Nous consacrons deux émissions à l’exceptionnel ouvrage de Catherine Coquio,  intitulé la Littérature en suspens, qui examine la littérature de témoignage, son statut, et et les différentes questions qui ont entouré sa réception en particulier en France, en Allemagne, et aux Etats-Unis.

 

« Quand on écrit sur Auschwitz, il faut savoir que, du moins dans un certain sens, Auschwitz a mis la littérature en suspens », disait Imre Kertész en 2002.

A travers ce questionnement, Catherine Coquio interroge cette littérature qui,  parce qu’elle s’inspire d’une expérience inhumaine, soulève des questions historiques, anthropologiques, philosophiques et littéraires dont on peut considérer qu’elles ont renouvelé les approches du témoignage, de la fiction et de la poésie depuis 1945.

Cet ouvrage de Catherine Coquio porte donc également sur la littérature « tout court ». La qualité de son écriture en témoigne. Écriture concrète, sensuelle, attachée aux textes plus qu’aux théories, aux ressorts de la « vie » et de l’art plus qu’à ceux de la plainte et du ressentiment.

Catherine Coquio est professeur de littérature comparée et participe à la commission Histoire de l’antisémitisme et de la Shoah de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Elle est considérée comme l’une des grandes spécialistes de la littérature de témoignage et a organisé de nombreux colloques de portée internationale sur cette question.

Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Commander cet ouvrage auprès des éditions L’Arachnéen
Catherine Coquio

 

 

 

 

Le 7 juin à 11h, rencontre avec Catherine Coquio animée par Claude Mouchard au Mémorial de la Shoah, 17 rue Geoffroy l’Asnier, 75003 Paris.
Pour plus d’informations : http://www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/programme-des-activites/salon-du-livre/auditorium-rencontres

– le 12 juin à 20h, discussion avec Catherine Coquio et Marianne Dautrey à la librairie Le Livre, 24 place du Grand Marché, 37000 Tours.
Pour plus d’informations : http://www.librairielelivre.com/

– le 17 juin à 20h, lecture par Hanns Zischler d’extraits de Rosa, suivie d’une discussion entre Marianne Dautrey et Catherine Coquio au Goethe Institut de Paris, 17 avenue d’Iéna, 75116 Paris.Pour plus d’informations : http://www.goethe.de/ins/fr/par/ver/fr14351745v.htm

– le 18 juin à 18h30, rencontre avec Catherine Coquio animée par Claude Mouchard à la librairie Ombres Blanches, 50 rue Gambetta, 31000 Toulouse.
Pour plus d’informations : http://www.ombres-blanches.fr/prochaines-rencontres.html

– le 19 juin à 19h30, rencontre avec Jean-François Chevrier à la librairie Texture, 94 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris.
Pour plus d’informations : https://www.facebook.com/LibrairieTexture

Et pour plus d’informations sur les ouvrages : http://www.editions-arachneen.fr/?page_id=58
 

Du même auteur

Le Mur de Lisa Pomnenka d’Otto B. Kraus suivi de Le leurre et l’espoir de Catherine Coquio (Éditions L’Arachnéen – 2013)

Roms, Tsiganes, Nomades. Un malentendu européen – sous la direction de Catherine Coquio, Jean-Luc Poueyto (Éditions Karthala – 2014)

L’enfant et le génocide, Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah – Textes choisis et présentés par C. Coquio et A. Kalisky (Éditions Robert Laffont, collection Bouquins – 2007)

Les disparitions d’Anna Langfus

Nous recevons cette semaine Jean-Yves Potel, écrivain et journaliste spécialiste de l’Europe centrale. Docteur habilité en sciences politiques, il a longtemps enseigné à l’université de Paris-VIII. Ancien conseiller culturel à Varsovie, il vient de publier une biographie d’Anna Langfus, Les disparitions d’Anna Langfus,  aux éditions Noir sur Blanc et inaugure prochainement une exposition consacrée à Anna Langfus à Sarcelles.

Romancière française d’origine juive polonaise, Prix Goncourt en 1962, Anna Langfus (1920-1966) est une rescapée de la Shoah. Installée en France après la guerre, elle publie trois romans Le Sel et le soufre (1960), Les Bagages de sable (Prix Goncourt 1962) et Saute, Barbara (1965). Elle est une des premières romancières à transmettre par la fiction l’expérience de la Catastrophe. Son oeuvre a été traduite en 15 langues.

Anna Langfus

Une vie marquée par la Shoah



Anna Langfus a presque 20 ans quand l’armée allemande envahit la Pologne. Elle tente, avec son jeune mari, également juif, d’échapper aux massacres des nazis. Elle est prise dans les ghettos, les rafles et les traques. Elle connaît la faim, les trahisons, la prison, les tortures, l’errance dans les forêts et participe à la résistance polonaise. La guerre anéantit tous les siens.

À l’âge de 26 ans, elle part en France pour refaire sa vie. En 1960, elle s’installe à Sarcelles. Elle écrit. Elle donne une première pièce de théâtre, Les Lépreux, en 1956. Puis elle publie aux éditions Gallimard trois romans qui rencontrent un large public : Le Sel et le soufre (1960) évoque la guerre du point de vue d’une jeune femme ordinaire ; Les Bagages de sable (Prix Goncourt 1962) et Saute, Barbara (1965) racontent l’histoire de personnages « malades de la guerre » qui ne parviennent pas à refaire leur vie.

Anna Langfus ne donne pas un témoignage au sens propre, plutôt une évocation intime de la Catastrophe et du désarroi des survivants juifs. Elle est une des rares romancières françaises à transmettre la violence de cette épreuve par la fiction. Le ton et le style de ses récits dérangent ; ils se départissent d’une littérature héroïque, consensuelle ou consolatrice.

Elle a disparu à l’âge de 46 ans.

Exposition


Du dim. 2 au dim. 16 fév. 2014 – Sarcelles
Présentant des photos, des extraits de son œuvre, des documents inédits et des archives audiovisuelles, cette exposition reconstitue l’atmosphère des trois romans d’Anna Langfus. Elle met le spectateur en contact avec la réalité de la Shoah à l’Est et avec la puissance et l’originalité du style de l’écrivain.

Du dimanche 2 février au dimanche 16 février 2014
Vernissage le dimanche 2 février 2014 à 11h
Entrée libre

Maison du patrimoine
1 rue des Piliers
95200 Sarcelles

Exposition réalisée par Jean-Yves Potel, écrivain et journaliste spécialiste de l’Europe centrale. Docteur habilité en sciences politiques, il a longtemps enseigné à l’université de Paris-VIII. Ancien conseiller culturel à Varsovie, il est l’auteur d’une biographie d’Anna Langfus.

Conception graphique : Elizabeth Saint-Jalmes, artiste plasticienne et graphiste

Cette exposition a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Les alphabets de la Shoah

Notre invitée cette semaine est Anny Dayan Rosenman, maître de conférences en littérature à l’université Paris VII-Denis Diderot, membre de la Commission Histoire de l’antisémitisme et de la Shoah à la FMS à l’occasion de la parution en livre de poche des Alphabets de la Shoah, Survivre, témoigner, écrire.

Primo Levi, Elie Wiesel, Imre Kertész, Anna Langfus, Jean Améry : autant de récits arrachés au silence, à une mort de masse, à la volonté de déshumaniser l’homme. Cet essai propose une lecture en écho de ces textes, interrogeant les blessures, les contradictions douloureuses, les enjeux vitaux qui traversent toute écriture de témoignage sur un génocide.
De cette lecture se détachent trois figures nées du désastre : le survivant revenu d’entre les morts ; le témoin attestant par son être même la vérité de son récit et de son expérience, au risque de s’y engloutir ; l’écrivain-survivant, en lutte avec les mots, prêtant parfois sa voix à des voix mortes qui le traversent.

Commander le livre auprès des éditions du CNRS.

(1ère édition : CNRS éditions, 2007)

Femmes dans les camps nazis

Les Femmes dans la violence dans l’histoire : tel  est le thème d’un colloque  organisé les 28 et 29 novembre 2010 par Anny Dayan Rosenman, Maître de conférences à l’Université Paris VII-Denis Diderot qui revient pour Mémoires Vives sur le sujet de sa communication, consacrée aux Femmes dans les camps : féminités blessées et communautés maternelles

Emission animée par Perrine Kervran

Au-delà des récits terribles rapportés par les témoins, il s’agissait aussi de se pencher sur les spécificités féminines de la vie concentrationnaire et aux formes que pouvaient prendre le sentiment maternel et la maternité quand elle surgissait dans ces lieux de mort.

Charlotte Delbo à Auschwitz-Birkenau

« Mais les mères mirent tous leurs soins à préparer la nourriture pour le voyage. Elles lavèrent les petits, firent les bagages et, à l’aube, les barbelés étaient couverts de linge d’enfants ; et elles n’oublièrent ni les langes, ni les jouets. N’en feriez vous pas autant, vous aussi, si on devait vous tuer demain avec votre enfant ? » Primo Lévi, Si c’est un homme.

Comme l’écrit Anny Dayan Rosenman, « La force du témoignage de Primo Levi se retrouve bien là, dans précision du détail qui éclaire l’ensemble. En effet, quoi de plus révélateur de la folie génocidaire que ces vêtements d’enfants étendus sur les barbelés ?

Quoi de plus important dans le récit du témoin que cette adresse à l’Autre : n’en feriez vous pas autant vous aussi ? Quoi de plus révélateur aussi  de la condition des femmes pendant la Shoah, où elles durent prendre en charge leur vie et bien plus que leur vie, être le pilier de familles entières, faire preuve de lucidité mais aussi de tendresse, d’attention, faire preuve d’un courage au quotidien  au cœur du pire. »

Programme du colloque:  FEMMES DANS  LA VIOLENCE DE L’HISTOIRE- LE TÉMOIGNAGE AU FÉMININ

Colloque interdisciplinaire et international

en partenariat entre l’Université Paris – Diderot et le Mémorial de la Shoah.

Dimanche 28 novembre . Mémorial de la Shoah

14h30   Modérateur: Eric MARTY

Anny DAYAN ROSENMAN (Université Paris 7- Denis Diderot ) : Femmes dans les camps : maternités blessées et communautés maternelles.

Luba JÜRGENSON (Université Paris III – Sorbonne Nouvelle) : Kolyma : témoignages de femmes.

Jean-Yves POTEL (écrivain, essayiste) : De quoi témoigne Anna Langfus ?

Le débat est suivi d’une lecture :

Textes de Charlotte Delbo, Evguenia Ginsburg, Anna Langfus,  Liana Milu, Ana Novac

lus par Michèle TAUBER

Lundi 29 novembre Université Paris 7-Denis-Diderot-

10h à 11h15 . Modératrice : Carine TRÉVISAN

Martine LEFEUVRE-DÉOTTE  (Université de Caen) : Argentine : Les « folles»  de la Place de Mai.

Christelle TARAUD, (Programmes parisiens de NYU et de Columbia University ) : Femmes dans la guerre d’Algérie : le cas Djamila Boupacha.

11h30-13h. Modératrice : Martine LEIBOVICI

Janine ALTOUNIAN (essayiste, traductrice de Freud) : Arméniennes, gardiennes de trésors et de larmes

Amélia PERAL (Université d’Alicante ) :  Les mères perdues. Mater ou Génitrix ?

Jennifer CAZENAVE (Doctorante, Université- Diderot ) : « L’archive parle d’elle », la femme dans les rushes de Shoah

14h30-15h45. Modératrice : Luba JURGENSON

Alain PARRAU (Université Paris- Diderot) : Geneviève de Gaulle Anthonioz, « La traversée de la nuit » .

Pierre PACHET (écrivain, essayiste) « J’ai décidé de rester vivante »  Olga Adamova-Sliozberg, la résistance d’une femme soviétique déportée au goulag ( L’Aujourd’hui blessé, ed Verdier, 1997)

16h-17h45. Modérateur: Jean DELABROY

Catherine COQUIO ( Université Paris 8) : Antigones

Régine WAINTRATER  (Université Paris- Diderot) : Femmes dans le génocide : une résilience particulière ?

Jean HATZFELD (journaliste, écrivain) : Femmes et  témoins au Rwanda

18h Concert. Denis Cuniot