La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah (2/2)

Émission du 24 mars 2019 avec Jean-Charles Szurek, directeur de recherche émérite au CNRS, à propos du colloque international qui s’est tenu à l’EHESS les 21 et 22 février dernier. Animée par Stéphane Bou, l‘émission revient sur les travaux des historiens polonais pour mieux comprendre les relations judéo-polonaises pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

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Ouverture du colloque « La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah », jeudi 21 février 2019 à l’EHESS, Paris. Photo : Pierre Marquis / FMS

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La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah (1/2)

Émission 17 mars 2019 avec Jean-Charles Szurek, directeur de recherche émérite au CNRS, à propos du colloque international qui s’est tenu à l’EHESS les 21 et 22 février dernier, et qui a été perturbé par des incidents sur lesquels nous souhaitions revenir pour en comprendre la portée.

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Ouverture du colloque « La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah », jeudi 21 février 2019 à l’EHESS, Paris. Photo : Pierre Marquis / FMS

Les 21 et 22 février derniers se tenait à l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris, un colloque international consacré à « La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah ». Au sein de   cette rencontre scientifique, le grand historien américain d’origine polonaise, Jan T. Gross, était invité par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah à donner une conférence au Collège de France intitulée : « Itinéraire d’un historien de la Shoah en Pologne ». Il y a notamment expliqué : « Rien de ce que j’ai écrit dans ma thèse – La société polonaise sous l’occupation allemande – publiée il y a 40 ans, ne me fait rougir aujourd’hui. Ce qui me fait rougir, c’est ce que j’ai omis d’écrire. Il n’y a rien dans le livre – ou, pour être exact, une page et demie en tout – au sujet des Juifs.  Et je n’avais même pas l’impression de passer à côté de quoi que ce soit puisque le standard historique de l’époque consistait à laisser de côté tout ce qui concernait les Juifs. » Après quoi, Gross nous expliquait comment, au cours des années qui ont suivi, il avait été amené à réparer cette omission dans des livres qui ont renouvelé de fond en comble le récit des rapports entre les Juifs et les polonais pendant la seconde guerre mondiale : Les Voisins, publié en 2000 (et qui vient d’être réédité aux éditions des Belles Lettres) ou La Peur : l’antisémitisme en Pologne après Auschwitz, publiés en 2006. Ces livres n’ont pas seulement fait date, ils ont été les fers de lance de cette « nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah » sur laquelle souhaitait se pencher le colloque organisé par l’EHESS le mois dernier et dont Jean Charles Szurek, directeur de recherches émérite au CNRS que nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui, fut l’un des organisateurs.

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Visionner la conférence donnée par Jan T. Gross

Entretien avec Benjamin Gross

A l’occasion de la parution aux éditions de l’Eclat de la traduction du Souffle de vie de Hayyim de Volozhyn, Isabelle Cohen de Castelbajac reçoit Benjamin Gross, penseur et talmudiste pour « Mémoires Vives ».

Le Souffle de vie (Ruah Hayyim) de Rabbi Hayyim de Volozhyn, est un commentaire des Pirké Avot [Chapitre des pères], publié en 1859 par le fils de l’auteur, à partir des cours professés par son père à la yeshiva Ets-Hayyim, dont il fut le fondateur et qui exerça une influence remarquable sur le judaïsme ashkénaze (et au-delà) au XIXe siècle. Évidemment lié au grand œuvre de Hayyim de Volozhyn (l’Âme de la vie [Nefesh ha-Hayyim], dont Benjamin Gross a donné en 1986 une traduction française), Le Souffle de vie s’adresse à un public plus large et plus diversifié, et témoigne de la valeur essentielle que l’auteur accordait à l’étude « désintéressée » et à la fréquentation quotidienne des textes pour affirmer la pérennité d’un judaïsme confronté à une modernité naissante. Comme l’écrit Benjamin Gross dans son introduction, c’est une véritable «philosophie de l’éducation» qui se dégage de cet ouvrage, dont le traducteur s’est appliqué à « systématiser les principes dans son propre commentaire ». Et c’est le double (ou triple) intérêt de cette publication que de manifester la continuité du commentaire d’un texte essentiel de l’éthique juive, datant du IIe siècle de l’ère commune, et dont les protagonistes semblent poursuivent ainsi leur dialogue infini à travers les lectures qu’ils suscitent le long des siècles. Cette vitalité du commentaire n’a pas pour but d’actualiser ou de moderniser une lecture du XIXe siècle d’un texte du IIe. Elle affirme la contemporanéité immédiate d’une pensée vivante, et propose une vision «anhistorique», visant à l’universel d’un texte fondateur de l’éthique du judaïsme.