Fichés? Une exposition aux Archives Nationales

Invité cette semaine, l’un des deux commissaires de l’exposition Fichés? qui se tient actuellement aux Archives Nationales, Jean-Marc Berlière, Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP).

Fichés? Un titre qui pointe les liens explicites entre la photographie, l’identification et la surveillance des individus, pour une exposition qui raconte comment le fichage des individus peut amener au vertige d’une société sous surveillance, d’un état qui veut tout savoir des citoyens qu’il voudrait pouvoir choisir. L’exposition couvre le XIX ème et le XX ème siècle, évoquant les photographies de police qui recensent les criminels, les photographies anthropométriques qui ont eu un rôle dans la classification des individus,  le fichage des individus surveillés pour une raison ou une autre: prostituées, militaires, étrangers, espions, criminels, nomades, prisonniers, et ce qui nous intéresse aujourd’hui, la mise en place d’une politique de recensement des Juifs de France par le régime de Vichy, qui s’appuie entre autres sur une carte d’identité devenue obligatoire et qui sera l’un des outils principaux de la déportation et de l’assassinat des Juifs.

Exposition du 28 septembre au 2 janvier 2011, du lundi au vendredi de 10h à 12H30 et de 14h à 17h30, samedi et dimanche de 14h à 17H30, fermée le mardi et les jours fériés.

Archives Nationales, 60 rue des Francs Bourgeois 75003 Paris

Commissariat scientifique de l’exposition

Pierre Fournié, conservateur général du patrimoine, responsable du Département de l’action culturelle et éducative aux Archives nationales

Jean-Marc Berlière, Professeur émérite d’histoire à l’Université de Bourgogne, chercheur au CESDIP. Derniers ouvrages parus :

Histoire des polices en France de l’Ancien régime à nos jours (avec René Lévy), Nouveau Monde éditions, mars 2011 

La Naissance de la police moderne, Perrin (collection de poche Tempus), septembre 2011

La mémoire du procès Barbie

Le 11 mai 1987 s’ouvre devant la cour d’Assises du Rhône le procès de Klaus Barbie. Pour la première fois en France, un officier nazi est jugé pour crime contre l’humanité. A l’occasion de la parution d’un coffret de 6 DVD restituant les 37 jours d’audience, nous recevons Jérôme Prieur, réalisateur, qui signe un film de 2H20 proposé dans ce coffret, à partir d’entretiens avec des historiens, des juristes, des universitaires, autour de la mémoire du procès Barbie aujourd’hui.

Emission animée par Perrine Kervran

Ancien officier SS, chargé d’éradiquer la Résistance et de déporter les Juifs entre 1942 et 1944, Klaus Barbie a été arrêté après quarante ans de cavale. Les crimes de guerre liés à son action contre la Résistance (et notamment contre Jean Moulin) étant prescrits, il est poursuivi principalement pour sa responsabilité dans la rafle du 9 février 1943 rue Ste Catherine à Lyon, la rafle des enfants d’Izieu du 6 avril 1944, et le convoi de déportation  du 11 août 1944. Le 4 juillet 1987, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le coffret de DVD édité par Arte éditions, sous la direction de Dominique Missilka restitue les 37 jours d’audience du procès, dans leur ordre chronologique initial, sans ajout de commentaire. Le film de Jérôme Prieur est composé d’entretiens avec Camille Ménager, Serge Klarsfeld, Henry Rousso, Denis Salas, Antoine Garapon, Antoine Perraud, Barbara Lambauer, Laurent Joly, Fabrice Humbert, Pierre Emmanuel Dauzat, Marc Molk et Isabelle Davion.

Une présentation de ce film aura lieu au Mémorial de la Shoah le dimanche 19 juin à 15h dans le cadre de la rencontre organisée autour des procès des criminels nazis en France.

Transmettre l’histoire de la Maison d’Izieu

A l’occasion de la parution du numéro « Enseigner l’histoire de la Shoah » de la Revue d’histoire de la Shoah, dont un des articles est consacré à l’action pédagogique de la Maison d’Izieu, Mémoires Vives reçoit Pierre-Jérôme Biscarat, historien, auteur de cet article, pour expliquer l’approche spécifique développée à la Maison d’Izieu.

Emission présentée par Perrine Kervran

La Maison d’Izieu est créée en mai 1943 par l’Oeuvre de secours aux enfants, pour accueillir des enfants qui pour la plupart ont été sortis des camps d’internement. Le 6 avril 1944, sur l’ordre de Klaus Barbie, 44 enfants restés à la colonie sont raflés et déportés avec leurs 7 éducateurs dont seule survivra Léa Feldblum, ainsi que Sabine Zlatin, absente ce jour là, et qui est à l’origine de ce lieu de mémoire.

Grâce à Serge Klarsfeld et à l’arrestation de Klaus Barbie, la Maison d’Izieu revient dans l’espace national et s’ouvre en 1994 un Musée-Mémorial à Izieu. Le parcours muséographique est scindé en deux étapes : histoire et mémoire, à travers une exposition dans la grange qui explique le contexte, les faits historiques, les parcours de familles, et la maison qui est une évocation de la mémoire des enfants à travers les traces de leur absence. L’approche de la maison d’Izieu vise à éviter une pédagogie du choc et avant-tout transmettre un regard critique, des outils de réflexion. Des séminaires et des voyages pédagogiques sont également organisés pour les enseignants.

Pierre-Jerome Biscarat, est auteur de Dans la tourmente de la Shoah : Les enfants d’Izieu. Michel Lafon, Paris 2008.