Notre invitée cette semaine est Anny Dayan Rosenman, maître de conférences en littérature à l’université Paris VII-Denis Diderot, membre de la Commission Histoire de l’antisémitisme et de la Shoah à la FMS à l’occasion de la parution en livre de poche des Alphabets de la Shoah, Survivre, témoigner, écrire.
Primo Levi, Elie Wiesel, Imre Kertész, Anna Langfus, Jean Améry : autant de récits arrachés au silence, à une mort de masse, à la volonté de déshumaniser l’homme. Cet essai propose une lecture en écho de ces textes, interrogeant les blessures, les contradictions douloureuses, les enjeux vitaux qui traversent toute écriture de témoignage sur un génocide.
De cette lecture se détachent trois figures nées du désastre : le survivant revenu d’entre les morts ; le témoin attestant par son être même la vérité de son récit et de son expérience, au risque de s’y engloutir ; l’écrivain-survivant, en lutte avec les mots, prêtant parfois sa voix à des voix mortes qui le traversent.
Les Femmes dans la violence dans l’histoire : tel est le thème d’un colloque organisé les 28 et 29 novembre 2010 par Anny Dayan Rosenman, Maître de conférences à l’Université Paris VII-Denis Diderot qui revient pour Mémoires Vives sur le sujet de sa communication, consacrée aux Femmes dans les camps : féminités blessées et communautés maternelles
Emission animée par Perrine Kervran
Au-delà des récits terribles rapportés par les témoins, il s’agissait aussi de se pencher sur les spécificités féminines de la vie concentrationnaire et aux formes que pouvaient prendre le sentiment maternel et la maternité quand elle surgissait dans ces lieux de mort.
Charlotte Delbo à Auschwitz-Birkenau
« Mais les mères mirent tous leurs soins à préparer la nourriture pour le voyage. Elles lavèrent les petits, firent les bagages et, à l’aube, les barbelés étaient couverts de linge d’enfants ; et elles n’oublièrent ni les langes, ni les jouets. N’en feriez vous pas autant, vous aussi, si on devait vous tuer demain avec votre enfant ? » Primo Lévi, Si c’est un homme.
Comme l’écrit Anny Dayan Rosenman, « La force du témoignage de Primo Levi se retrouve bien là, dans précision du détail qui éclaire l’ensemble. En effet, quoi de plus révélateur de la folie génocidaire que ces vêtements d’enfants étendus sur les barbelés ?
Quoi de plus important dans le récit du témoin que cette adresse à l’Autre : n’en feriez vous pas autant vous aussi ?Quoi de plus révélateur aussi de la condition des femmes pendant la Shoah, où elles durent prendre en charge leur vie et bien plus que leur vie, être le pilier de familles entières, faire preuve de lucidité mais aussi de tendresse, d’attention, faire preuve d’un courage au quotidien au cœur du pire. »
Programme du colloque: FEMMES DANS LA VIOLENCE DE L’HISTOIRE- LE TÉMOIGNAGE AU FÉMININ
Colloque interdisciplinaire et international
en partenariat entre l’Université Paris – Diderot et le Mémorial de la Shoah.
Dimanche 28 novembre . Mémorial de la Shoah
14h30 Modérateur: Eric MARTY
Anny DAYAN ROSENMAN (Université Paris 7- Denis Diderot ) : Femmes dans les camps : maternités blessées et communautés maternelles.
Luba JÜRGENSON (Université Paris III – Sorbonne Nouvelle) : Kolyma : témoignages de femmes.
Jean-Yves POTEL (écrivain, essayiste) : De quoi témoigne Anna Langfus ?
Le débat est suivi d’une lecture :
Textes de Charlotte Delbo, Evguenia Ginsburg, Anna Langfus, Liana Milu, Ana Novac
lus par Michèle TAUBER
Lundi 29 novembre Université Paris 7-Denis-Diderot-
10h à 11h15 . Modératrice : Carine TRÉVISAN
Martine LEFEUVRE-DÉOTTE (Université de Caen) : Argentine : Les « folles» de la Place de Mai.
Christelle TARAUD, (Programmes parisiens de NYU et de Columbia University ) : Femmes dans la guerre d’Algérie : le cas Djamila Boupacha.
11h30-13h. Modératrice : Martine LEIBOVICI
Janine ALTOUNIAN (essayiste, traductrice de Freud) : Arméniennes, gardiennes de trésors et de larmes
Amélia PERAL (Université d’Alicante ) : Les mères perdues. Mater ou Génitrix ?
Jennifer CAZENAVE (Doctorante, Université- Diderot ) : « L’archive parle d’elle », la femme dans les rushes de Shoah
14h30-15h45. Modératrice : Luba JURGENSON
Alain PARRAU (Université Paris- Diderot) : Geneviève de Gaulle Anthonioz, « La traversée de la nuit » .
Pierre PACHET (écrivain, essayiste) « J’ai décidé de rester vivante » Olga Adamova-Sliozberg, la résistance d’une femme soviétique déportée au goulag ( L’Aujourd’hui blessé, ed Verdier, 1997)
16h-17h45. Modérateur: Jean DELABROY
Catherine COQUIO ( Université Paris 8) : Antigones
Régine WAINTRATER (Université Paris- Diderot) : Femmes dans le génocide : une résilience particulière ?
Jean HATZFELD (journaliste, écrivain) : Femmes et témoins au Rwanda