Rencontre avec Marceline Loridan

Cette semaine, notre invitée est Marceline Loridan, réalisatrice et écrivain.  On lui doit La Petite prairie aux bouleaux, sorti en 2003, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah,  une autofiction, avec Anouk Aimée qui joue son rôle, celui d’une rescapée qui retourne à Auschwitz à la recherche des « invisibles ». Son autobiographie, Ma vie Balagan,  est sortie en 2008. Depuis, elle a également publié Et tu n’es pas revenu, une lettre à son père qui a été déporté comme elle à Auschwitz.

 

« Au retour de la déportation, il fallait vivre, il fallait manger. Les tailleurs redevenaient tailleurs, les vendeuses cherchaient des emplois de vendeuse. Il y a eu sans doute des cas plus extrêmes que le mien, mais peu de rescapés, je pense, ont pris le chemin que j’ai pris. J’étais rebelle, enfant, dans ma famille, j’étais rebelle au camp, rebelle au retour du camp, rebelle au pouvoir… Je voyais une différence de degré, mais pas de nature entre l’organisation de l’univers concentrationnaire et la société dans laquelle j’étais revenue. Je n’étais pas dans le bonheur du retour. Je ne rêvais de rien. Je ne faisais que des cauchemars ». Extrait de Ma vie Balagan.

Marceline Loridan, Crédit Dominique Faget, AFP
Marceline Loridan, Crédit Dominique Faget, AFP

 

 

Les Yatzkan

Mémoires Vives reçoit cette semaine Anna-Célia Kendall Yatzkan, réalisatrice, pour le film très personnel qu’elle consacre à son héritage familial, les Yatzkan. Une histoire qui raconte comment son grand père Shmuel Yaacov Yatzkan a fondé à Varsovie le journal yiddish Haynt, ainsi que sa version parisienne Der Parizer Haynt. Une histoire qui parle aussi des femmes de sa famille, sa mère, sa tante, sa grand mère, et de la difficulté à « tricoter » avec les restes épars de cette histoire et à en faire le deuil.

 

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2015 – L’aventure d’Anna, la réalisatrice de ce film, commence avec un papier enfoui dans la paperasse laissée par sa mère. Elle y découvre les hauts faits de son grand-père, Samuel Yacov Yatzkan, pionnier de la presse populaire yiddish. La voilà lancée sur ses traces. Depuis le Yiddishland lituanien du XIXe siècle jusqu’à Paris, de fil en aiguille et de recherches sur Internet en rencontres émouvantes, cette « enquête de mémoire » renoue les fils d’une famille dispersée par la Shoah.

Comment s’inscrire dans une lignée quand la ligne est brisée ? Que faire des affaires de sa mère, de ses mille petits papiers et bouts de ficelles inutilisables, que faire de son piano tout déglingué ?

De ces « restes » surgit l’histoire de sa famille. Anna retrace son périple, à la poursuite de l’apaisement, non sans

une pointe d’espièglerie. Jusqu’à ce qu’elle sache enfin que faire de l’encombrant piano.

Documentaire, 2014, 75 min, Idéale Audience – ARTE France, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Lauréat de la Bourse « Brouillon d’un rêve » de la Scam

les Yatzkan

 

Charlotte Salomon

Nous recevons cette semaine Esther Hoffenberg, réalisatrice, à l’occasion de la soirée consacrée à Charlotte Salomon jeudi 3 décembre au Mémorial de la Shoah dans laquelle sera projeté le film réalisé par Richard Dindo sur l’œuvre de Charlotte Salomon, intitulé Vie ou Théâtre?  à 19h30 au Mémorial de la Shoah.

L’intégralité de l’œuvre Vie ou Théâtre ? de Charlotte Salomon est par ailleurs pour la première fois éditée en Français par les éditions du Tripode, avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

Cette soirée sera consacrée à l’artiste juive allemande Charlotte Salomon, artiste peintre morte à l’âge de vingt-six ans à Auschwitz, qui a laissé derrière elle plus de 1300 peintures lumineuses réalisées de fin 1940 à mi-1942 pour lutter contre le désespoir.

Réfugiée à Nice, Charlotte décide, confrontée à un monde en décomposition, de peindre, d’écrire et de mettre en scène sa vie sous la forme d’une pièce de théâtre musicale. Peu avant son arrestation en 1943, elle a confié à un ami proche l’intégralité de son oeuvre en lui disant « prenez-en soin, c’est toute ma vie ».

Le film restitue cette création originale et émouvante, à travers un travail précis et dramaturgique de montage. Déportée, Charlotte meurt à Auschwitz en 1943.

En présence du réalisateur et d’Esther Hoffenberg, productrice.

DVD du film  en vente à la librairie du MAHJ et disponible sur commande auprès des éditions lapsus : prod.lapsus@gmail.com



Collection Jewish Historical Museum, Amsterdam
© Charlotte Salomon Foundation

L’édition intégrale de Vie ? ou Théâtre ? publiée par les éditions Le Tripode, reproduit notamment les calques et la transcription d’une lettre finale capitale. Deux témoignages, en postface, offrent des éclairages sur l’artiste et son œuvre.

Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Commander cet ouvrage

 

Austerlitz, un film de Stan Neumann

Nous avons le plaisir de retrouver cette semaine  le réalisateur Stan Neumann, pour son nouveau film,  Austerlitz, adapté de l’oeuvre de Sébald, qui sera diffusé le 17 novembre 2015 à 22h35sur Arte.

« J’ai ouvert un livre, Austerlitz de W.G. Sebald. J’y ai rencontré Jacques Austerlitz, photographe amateur, collectionneur compulsif de toutes sortes d’images, historien d’art aux idées singulières obsédé par l’architecture monumentale du 19e siècle. Je l’ai suivi de page en page, d’Anvers à Londres, de Paris à Marienbad, de Prague au Ghetto de Terezin, à la recherche du secret enfoui de son enfance. »

 » J’ai cherché mon chemin dans le labyrinthe de son récit, ses mots et ses images en trompe l’œil, cette fiction faite de fragments bruts arrachés au réel. Guidé par la certitude, totalement absurde, que ce livre n’avait été écrit que pour moi. »
Stan Neumann

Avec Denis Lavant et Roxane Duran

France, 90 min, Les Films d’Ici / Arte France, 2014, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Présenté en ouverture du Festival Cinéma du Réel en 2015

Diffusion

Mardi 17 novembre 2015, 22h35 sur Arte

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Presse

“Austerlitz” : un objet cinématographique non identifié au festival Cinéma du Réel, Télérama, 15 mars 2015

« A respectful and thought-provoking adaptation of a major literary work« , Hollywood Reporter, 20 mars 2015