Cette semaine, notre invité est le réalisateur Nicolas Ribowski, pour son film le Survivant, Matricule 157279, projeté au Mémorial de la Shoah le 17 juillet 2016.
Jacques Zylbermine est un survivant. En août 1943, à 14 ans, il est arrêté avec ses parents et ses trois sœurs. Déporté à Auschwitz III, il devient le matricule 157279. Deux ans plus tard, libéré par l’armée américaine, il est le seul survivant de sa famille. Agé de 86 ans, il continue à témoigner auprès des jeunes dans les collèges et lycées. Le film le suit dans son voyage de mémoire, à Drancy, Auschwitz et Buchenwald.
Jusqu’à son décès, en avril 2016, Jacques Zylbermine a été un des piliers des actions pédagogiques du Mémorial de la Shoah. Il a accompagné des centaines d’élèves à Auschwitz et raconté sans relâche son expérience devant des dizaines de classes. Il s’attachait en particulier à transmettre son histoire à des classes de Bretagne, où il s’était réfugié, avec sa famille, de 1940 à 1943.
Documentaire, France, 2016, 53 min., Paris Brest Productions, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Cette semaine, notre invitée est Marceline Loridan, réalisatrice et écrivain. On lui doit La Petite prairie aux bouleaux, sorti en 2003, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, une autofiction, avec Anouk Aimée qui joue son rôle, celui d’une rescapée qui retourne à Auschwitz à la recherche des « invisibles ». Son autobiographie, Ma vie Balagan, est sortie en 2008. Depuis, elle a également publié Et tu n’es pas revenu, une lettre à son père qui a été déporté comme elle à Auschwitz.
« Au retour de la déportation, il fallait vivre, il fallait manger. Les tailleurs redevenaient tailleurs, les vendeuses cherchaient des emplois de vendeuse. Il y a eu sans doute des cas plus extrêmes que le mien, mais peu de rescapés, je pense, ont pris le chemin que j’ai pris. J’étais rebelle, enfant, dans ma famille, j’étais rebelle au camp, rebelle au retour du camp, rebelle au pouvoir… Je voyais une différence de degré, mais pas de nature entre l’organisation de l’univers concentrationnaire et la société dans laquelle j’étais revenue. Je n’étais pas dans le bonheur du retour. Je ne rêvais de rien. Je ne faisais que des cauchemars ». Extrait de Ma vie Balagan.
A l’occasion du salon du livre du Mémorial de la Shoah, qui se tient les 7 et 8 juin, nous recevons Isabelle Choko, qui publie son témoignage dans la collection « Témoignages de la Shoah ». Une collection réalisée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en partenariat avec les éditions le Manuscrit et dirigée par Philippe Weyl.
En avril 1945, Isabelle Choko, alors Izabela Sztrauch, a 16 ans et ne pèse que 25 kilos. Dans l’hôpital de fortune établi par l’armée anglaise après la libération du camp de Bergen-Belsen, on la surnommait « la jeune fille aux yeux bleus ».
Izabela est née en Pologne dans une famille aimante et généreuse. En 1940, comme tous les Juifs de Lodz, les Sztrauch sont contraints de s’installer dans le ghetto mis en place par les nazis. Izabela n’a que 11 ans.
Enfermés, ils souffrent de la faim et des maladies ; le père d’Izabela y succombera. La jeune fille et sa mère, une femme de tête et de cœur, parviennent à échapper aux rafles jusqu’à la liquidation du ghetto en 1944.
Déportées vers Auschwitz-Birkenau, elles sont transférées au camp de travail forcé de Waldeslust, un camp annexe de Bergen-Belsen où elles seront évacuées cinq mois plus tard. Les conditions épouvantables qui règnent alors à Bergen-Belsen auront raison de la mère d’Izabela. Elle mourra aux côtés de sa fille. L’adolescente trouvera la force de survivre en venant en aide à ses codétenues.
Izabela construira en France une nouvelle vie, forte des valeurs humanistes de ses parents. Fidèle à leurs engagements, elle s’attache à honorer leur mémoire et celle des millions de Juifs exterminés dans la Shoah.
Nous recevons cette semaine Jean-Yves Potel, écrivain et journaliste spécialiste de l’Europe centrale. Docteur habilité en sciences politiques, il a longtemps enseigné à l’université de Paris-VIII. Ancien conseiller culturel à Varsovie, il vient de publier une biographie d’Anna Langfus, Les disparitions d’Anna Langfus, aux éditions Noir sur Blanc et inaugure prochainement une exposition consacrée à Anna Langfus à Sarcelles.
Romancière française d’origine juive polonaise, Prix Goncourt en 1962, Anna Langfus (1920-1966) est une rescapée de la Shoah. Installée en France après la guerre, elle publie trois romans Le Sel et le soufre (1960), Les Bagages de sable (Prix Goncourt 1962) et Saute, Barbara (1965). Elle est une des premières romancières à transmettre par la fiction l’expérience de la Catastrophe. Son oeuvre a été traduite en 15 langues.
Une vie marquée par la Shoah
Anna Langfus a presque 20 ans quand l’armée allemande envahit la Pologne. Elle tente, avec son jeune mari, également juif, d’échapper aux massacres des nazis. Elle est prise dans les ghettos, les rafles et les traques. Elle connaît la faim, les trahisons, la prison, les tortures, l’errance dans les forêts et participe à la résistance polonaise. La guerre anéantit tous les siens.
À l’âge de 26 ans, elle part en France pour refaire sa vie. En 1960, elle s’installe à Sarcelles. Elle écrit. Elle donne une première pièce de théâtre, Les Lépreux, en 1956. Puis elle publie aux éditions Gallimard trois romans qui rencontrent un large public : Le Sel et le soufre (1960) évoque la guerre du point de vue d’une jeune femme ordinaire ; Les Bagages de sable (Prix Goncourt 1962) et Saute, Barbara (1965) racontent l’histoire de personnages « malades de la guerre » qui ne parviennent pas à refaire leur vie.
Anna Langfus ne donne pas un témoignage au sens propre, plutôt une évocation intime de la Catastrophe et du désarroi des survivants juifs. Elle est une des rares romancières françaises à transmettre la violence de cette épreuve par la fiction. Le ton et le style de ses récits dérangent ; ils se départissent d’une littérature héroïque, consensuelle ou consolatrice.
Elle a disparu à l’âge de 46 ans.
Exposition
Du dim. 2 au dim. 16 fév. 2014 – Sarcelles Présentant des photos, des extraits de son œuvre, des documents inédits et des archives audiovisuelles, cette exposition reconstitue l’atmosphère des trois romans d’Anna Langfus. Elle met le spectateur en contact avec la réalité de la Shoah à l’Est et avec la puissance et l’originalité du style de l’écrivain.
Du dimanche 2 février au dimanche 16 février 2014 Vernissage le dimanche 2 février 2014 à 11h Entrée libre
Exposition réalisée par Jean-Yves Potel, écrivain et journaliste spécialiste de l’Europe centrale. Docteur habilité en sciences politiques, il a longtemps enseigné à l’université de Paris-VIII. Ancien conseiller culturel à Varsovie, il est l’auteur d’une biographie d’Anna Langfus.
Conception graphique : Elizabeth Saint-Jalmes, artiste plasticienne et graphiste
Cette exposition a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.