Colloque sur l’antisémitisme en France

Notre invitée cette semaine est la directrice de recherches au CNRS Perrine Simon Nahum, qui est l’une des co-organisatrices d’un grand colloque au Musée d’art et d’histoire du judaïsme et à la BNF consacré aux clés de lecture de l’antisémitisme du XIXème à aujourd’hui.

Du jeu. 10 au sam. 12 mars 2016 – Paris – Les attentats de janvier 2015 et la réaction républicaine qui a suivi ont illustré la singularité de l’histoire et de la place des Juifs en France. Émancipés dès 1791, intégrés dans la société civile tout au long du XIXe siècle, ils ont, dans le même temps, suscité des mouvements d’hostilité parmi les plus violents. Comment comprendre qu’au XXIe siècle l’antisémitisme demeure l’une des représentations du monde les mieux partagées ? Que nous enseigne notre histoire nationale au regard de ses manifestations actuelles ? Quelles réponses y apporter ?

Émancipés les premiers, intégrés dans la société civile tout au long du XIXe siècle, les Juifs y ont en même temps suscité les mouvements d’hostilité parmi les plus violents. L’Affaire Dreyfus et la montée du nationalisme ont fourni au mouvement antisémite quelques-uns de ses théoriciens les plus virulents. Quant à la période de l’entre-deux-guerres et au régime de Vichy, ils ont mis en lumière, à travers l’avènement de l’antisémitisme d’État, ce qu’avaient en commun la haine ancestrale du juif et le combat contre la République.

Banni de l’espace public depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’antisémitisme a resurgi à la faveur du négationnisme dans les années 1970, mais aussi des mouvements antimondialistes. Il s’est ré-enraciné dans notre espace politique parallèlement à la montée du Front national, s’exposant désormais au grand jour dans des manifestations publiques.

La manifestation « Jour de colère », le 26 janvier 2014, et les manifestations pro-palestiniennes de l’été 2014 ont mis en évidence la jonction de l’antisionisme et des mouvements des banlieues avec les mouvements extrémistes de droite. D’Alain Soral à Dieudonné, d’Internet aux « territoires perdus de la République », l’antisémitisme s’impose désormais comme l’un des défis majeurs auxquels doivent répondre les démocrates.

Sous la direction de Dominique Schnapper, EHESS, Perrine Simon-Nahum, CNRS, Paul Salmona, directeur du MAHJ et Thierry Grillet, directeur de la diffusion culturelle de la BnF.

Colloque organisé par le MAHJ et la Bibliothèque nationale de France avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la DILCRA.

Colloque

Du jeudi 10 au samedi 12 mars 2016

Programme complet (pdf)

Jeudi 10 et vendredi 11 mars 2016 – COMPLET

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71 rue du Temple 75003 Paris

Samedi 12 mars 2016

Bibliothèque nationale de France
Site François-Mitterrand
Quai François-Mauriac 75013 Paris

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Retransmission

Les journées du jeudi 10 et vendredi 11 mars seront retransmises en direct sur le site www.akadem.org

Martin Buber, Sentinelle de l’humanité

A l’occasion de la parution de la biographie de Martin Buber réalisée par le Professeur Dominique Bourel, et la diffusion prochaine d’un documentaire de Pierre Henry Salfati sur Arte, nous consacrons deux émissions à cette figure importante du judaïsme et du sionisme.

Albin Michel – 2015 – Martin Buber (1878-1965) est, avec Freud, Einstein ou Kafka, l’un des penseurs juifs les plus connus du XXe siècle dont il a vécu les tragiques bouleversements. Né à Vienne, ayant passé son enfance en Galicie et parcouru l’Europe dans sa jeunesse, il est vite devenu une figure majeure du judaïsme allemand et du premier sionisme. Installé à Jérusalem à partir de 1938, il s’imposera comme un penseur incontournable et sera invité dans le monde entier.

Son destin exceptionnel croise ceux de Herzl, Freud, Einstein, Rosenzweig, Kafka, Zweig, Scholem, Gandhi, Bachelard, Jung, Heidegger, Levinas, Ben Gourion et de tant d’autres, comme en témoigne sa correspondance foisonnante.

Buber est non seulement un grand philosophe de l’altérité (Je et Tu), de la piété mystique (Les Récits hassidiques) et du dialogue judéo-chrétien (Deux types de foi), mais il est aussi le héraut infatigable d’un sionisme humaniste cherchant sans cesse la paix avec les Arabes, et un dénonciateur des totalitarismes hitlérien et stalinien.

Directeur de recherche au CNRS, Dominique Bourel fut directeur du Centre de recherche français de Jérusalem de 1996 à 2004 et professeur à l’université Humboldt de Berlin en 2012-2013. Il a mis près de vingt ans pour achever cette monumentale biographie intellectuelle, étudiant minutieusement l’immense correspondance, interrogeant les archives des grandes bibliothèques de Londres à Jérusalem et de Vienne à Stockholm en passant par Berlin ou encore Uppsala, et recueillant les témoignages de la famille et des élèves de Martin Buber.

Ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Dominique Bourel a aussi été le conseiller historique du documentaire Martin Buber, itinéraire d’un humaniste – un film de Pierre-Henry Salfati, produit par la Compagnie des Phares et Balises avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Diffusion

Mercredi 12 octobre 2016, 23h55 sur Arte

À voir en ligne jusqu’au mercredi 19 octobre 2016

 

 

 

Rwanda: la participation des femmes au Génocide

Cette semaine, nos invités sont les réalisateurs du film À mots couverts, Violaine Baraduc et Alexandre Westphal. Un film qui interroge en particulier des femmes condamnées pour leur participation au Génocide et qui sera programme prochainement à Orléans, le Jeudi 25 février 2016, à 20h au Cinéma des Carmes.

Dans l’enceinte de la prison centrale de Kigali, huit femmes incarcérées témoignent. Vingt ans après le génocide perpétré contre les Tutsi rwandais, Immaculée et ses codétenues racontent leur participation aux violences, retracent leur itinéraire meurtrier et se confient.


À l’extérieur, le fils qu’Immaculée a eu avec un Tutsi occupe une place impossible entre bourreaux et victimes. Par des échanges de messages filmés, le jeune adulte et la détenue se jaugent, se redécouvrent.

Les images du Rwanda d’aujourd’hui sont investies par les souvenirs des personnages. À travers eux s’écrit l’histoire du génocide, au cours duquel des « femmes ordinaires » ont rejoint les rangs des tueurs.

Documentaire, 2014, 88 min, Les Films de l’embellie

Grand Prix du documentaire historique aux Rendez-vous de l’histoire de Blois en 2015

Doctorante à l’EHESS et co-réalisatrice du film, Violaine Baraduc a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah dans le cadre d’un séjour de recherche au Rwanda.

Projection

Jeudi 25 février 2016, 20h
Cinéma Les Carmes
7 rue des Carmes 45000 Orléans

En présence des réalisateurs.

Dans le cadre des Médiatiques, qui ont pour thème cette année « les Afriques contemporaines dans les médias ».

Vidéo à la demande

La version 52 minutes de ce film a été diffusée en février 2015 sur France 5 sous le titre « Rwanda, l’impossible pardon ». Elle est disponible en vidéo à la demande sur le site de France Télévisions.

mots-couverts-cine-rencontre-autour-du-rwanda

Le catalogue de Goering

Cette semaine, notre invité est Frédéric Baleine du Laurens, Ambassadeur et ancien directeur des Archives diplomatiques, à l’occasion de la parution aux éditions Flammarion du « catalogue Goering » la liste de l’ensemble des oeuvres d’art pour la plupart spoliées à des Juifs et qui faisaient partie du butin personnel de Goering, le numéro 2 du régime nazi.

PHO4b9941a0-a39c-11e3-a430-03ac824ef117-805x453-660x400

Récemment extrait des archives du Quai d’Orsay, le Catalogue Gœring est un document exceptionnel. Il s’agit de la liste complète des tableaux qui formèrent la collection rassemblée par le numéro deux du nazisme dans sa propriété de Carinhall, non loin de Berlin.
Habilement conseillé par des historiens d’art, Gœring profita de son pouvoir sans limites, de l’immense fortune qu’il accumula par la persécution et l’assassinat des Juifs pour assouvir sa passion pour l’art et son goût pour la peinture occidentale., les grands artistes flamands du XVIIe siècle, les peintures allemandes du XVIe siècle, mais l’art classique français et italien.

A la fin de la guerre, une partie des œuvres fut retrouvée par les troupes américaines et le gouvernement français tenta de récupérer celle qui avaient été pillées en France. Rose Valland, attachée de conservation au musée du jeu de Paume, œuvra sans répit à la mission de recherche, aux côtés des Monuments Men.

Le Catalogue Gœring raconte, à travers l’inventaire des œuvres volées, l’histoire de leur collecte puis la recherche des propriétaires après guerre – tous n’ont pas encore été retrouvés. L’historien Jean-Marc Dreyfus renoue ici les fils de l’enquête en même temps que les équipes des archives diplomatiques décryptent cet étonnant catalogue.