Aux origines de l’antiracisme, la LICA

Rediffusion dimanche 8 septembre 2013

Invité cette semaine, Emmanuel Debono, historien,  pour son livre « Aux origines de l’antiracisme, la Lica, 1927-1940 » paru aux Editions du CNRS.

Une émission animée par Kristel Le Pollotec

Ce livre retrace la genèse de la LICA (l’ancêtre de la LICRA) depuis sa création en 1927 jusqu’à sa dissolution, en 1940. Surtout, il nous entraîne dans la France des années 30 et détaille avec une minutie remarquable la montée de l’antisémitisme sur tout le territoire, en France comme dans les colonies. Ciblant d’abord les manifestations antijuives qui surviennent en Europe centrale et orientale, la LICA doit en effet très vite affronter la résurgence de l’antisémitisme dans une France où on le croyait à tort éteint, et faire face à un défi sans précédent, le national-socialisme.

Dans le contexte tourmenté des années 1930, les militants de la LICA inventent une doctrine et se dotent de moyens d’action. À côté des batailles rangées contre leurs adversaires, du boycottage des dictatures et d’une propagande véhémente, ils définissent un projet politique visant à donner une dimension institutionnelle à l’antiracisme dans la France républicaine.

S’appuyant sur des fonds d’archives inédits et considérables – dont les archives de la LICA rapatriées de Moscou au début des années 2000 et désormais disponibles au mémorial de la Shoah-, Emmanuel Debono retrace l’histoire des pionniers du militantisme antiraciste en France, avant que la défaite de 1940 ne plonge leur idéal dans les ténèbres. Il met en lumière l’attitude des pouvoirs publics, celle des élites politiques et intellectuelles, en métropole comme en Afrique du Nord, face à des démonstrations de haine souvent minimisées.

Docteur en histoire de l’IEP de Paris, Emmanuel Debono travaille sur les racismes et les antiracismes dans la France contemporaine.

Dans le cadre de ses recherches, il a bénéficié d’une bourse de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Commander cet ouvrage sur le site de CNRS Editions.

Témoignage de Christian de Monbrison

Bonjour, nous recevons aujourd’hui Christian de Monbrison, dont le témoignage a été  enregistré et collecté par l’INA en partenariat avec la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Christian de Monbrison  né en 1929, d’un père issu d’une longue lignée protestante et d’une mère Cahen d’Anvers, est caché au Chambon-sur-Lignon à partir de 1942.

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Ecouter le témoignage de Christian de Monbrison : http://grands-entretiens.ina.fr/video/Shoah/Monbrison

Christian de Monbrison a publié ses mémoires aux éditions l’Harmattan sous le titre: vie d’un homme d’hier, d’aujourd’hui et…  juste un peu plus.

Son père a créé, avant la guerre, le collège de Quincy-Sous-Sénart, destiné tout d’abord aux jeunes filles russes blanches, et qui va, dés 1939 accueillir des enfants juifs, par l’intermédiaire de l’OSE. Il recevra la médaille de Juste parmi les Nations.

 

Aller plus loin dans la restitution des oeuvres d’art spoliées

Le 19 mars dernier, la Ministre la culture Mme Aurélie Filippetti remettait 7 tableaux de maître aux descendants de 2 grands collectionneurs, Richard Neuman et Joseph Wiener, et relançait le sujet de la restitution des œuvres d’art et de ce qu’on peut encore faire aujourd’hui en France en particulier. Pour en parler, nous recevons aujourd’hui la sénatrice et historienne Corinne Bouchoux, qui a travaillé à un rapport pour le sénat qui s’intitule « oeuvres culturelles spoliées ou au passé flou et musées publics : bilan et perspectives » et qui vient de publier « Si les tableaux pouvaient parler, le traitement politique et médiatique des retours d’œuvres d’art pillées et spoliées par les nazis » aux Presses universitaires de Rennes.

Une émission animée par Kristel le Pollotec

Accéder au rapport de Mme Bouchoux

Accéder au site Rose Valland (et voir les tableaux MNR en dépôt dans les musées français)

Un des tableaux rendus, celui de Gaspare Diziani
Un des tableaux rendus, celui de Gaspare Diziani

2000 oeuvres sont aujourd’hui classées « MNR » Musée nationaux récupération, confiées à la garde des musées nationaux.  Les MNR correspondent à des oeuvres dont leurs propriétaires, en grande majorité juifs, ont été contraints pendant la guerre de se défaire pour subsister ou pour tenter de fuir. Ces oeuvres ont pu être vendues aux enchères ou négociées dans une galerie d’art; d’autres, en plus petit nombre, ont fait l’objet d’une spoliation directe par le régime nazi.

Un rapport de la sénatrice Corinne Bouchoux adopté par la commission de la culture du Sénat le 16 janvier 2013 estime que, si de nombreuses œuvres d’art ont pu être restituées au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il est nécessaire de renouer avec une politique résolue de recherche des propriétaires spoliés.

Une démarche proactive. Aurélie Filippetti a donc demandé à ses services et aux musées de mener « une action plus volontariste » sur cette question :  « jusque-là, on attendait les demandes des ayants droit ou des descendants pour démarrer des procédures de recherches. Je veux engager une démarche proactive dans laquelle la France va engager des moyens pour rechercher les propriétaires, qu’il y ait ou non une demande formelle ».
Les recherches vont d’abord porter sur 163 oeuvres d’art MNR. Un groupe de travail, composé de fonctionnaires du Ministère, de conservateurs, d’archivistes, d’historiens, de membres de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), est mis en place pour retrouver les propriétaires. Ce groupe de travail fera un premier point d’étape à la fin 2013 et rendra un rapport définitif en 2014.

Les demandes de restitution d’oeuvres d’art peuvent intervenir par une saisine directe du Service des musées de France concernant les MNR ou dans le cadre d’une requête présentée auprès de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS).

Les Juifs américains

Cette semaine, nous recevons André Kaspi, historien, professeur émérite à la Sorbonne, pour évoquer les Juifs américains.

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Une émission présentée par Olivier Guez.

KaspiLes juifs américains représentent la première communauté de la diaspora. Quels sont leurs enjeux aujourd’hui? Comment définir leur identité? Quel est leur relation à Israël? A partir de quand la Shoah a pris une place centrale dans l’identité des Juifs américains. Autant de questions explorées avec le Professeur André Kaspi, spécialiste de l’histoire des Etats-Unis, et qui a publié en septembre 2012 aux éditions Plon l’ouvrage Barack Obama, la grande désillusion.