A l’occasion de la commémoration de la rafle du Veld ‘hiv et de la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France », nous consacrons deux émissions spéciales à Serge et Beate Klarsfeld qui publient leurs Mémoires croisées aux éditions Fayard Flammarion. Un livre passionnant qui retrace l’histoire de ce couple mythique qui a obligé l’Allemagne, la France et l’Europe à regarder en face le passé nazi et à faire leur examen de conscience.
Cette semaine, notre invité est Alexandre Doulut pour le livre coécrit avec Serge Klarsfeld et Sandrine Labeau 1945 – Les rescapés juifs d’Auschwitz témoignent, réalisé avec l’aide de Serge Klarsfeld. A l’occasion du 70 ème anniversaire de la libération des camps, ce livre paraît aux éditions des Fils et filles des déportés Juifs de France/ Après l’oubli, afin de mettre la lumière sur ce recueil de témoignages tout à fait exceptionnels, puisqu’ils ont dans leur grand majorité été recueillis en 1945, auprès des rescapés à leur retour des camps en France, par deux organismes principaux, le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés et le service de recherche des crimes de guerre ennemis.
Au cours de leurs dernières recherches sur la Shoah, Alexandre Doulut, Serge Klarsfeld et Sandrine Labeau ont exhumé près de 600 témoignages spontanés et questionnaires remplis par les rescapés juifs dès leur retour des camps en France, d’avril à la fin de l’année 1945. Malgré leur stupéfiante valeur historique et leur crudité, ces documents n’avaient jamais été publiés.
Voici réunis ici 70 de ces documents, presque un par convoi de déportation, accompagnés d’analyses historiques des auteurs : ce qui semblait évident aux rescapés en 1945 ne l’est pas forcément pour un lecteur d’aujourd’hui ; certains chiffres avancés par les rescapés doivent être parfois rectifiés. Ainsi rassemblés, ces témoignages constituent une sorte de première histoire d’Auschwitz : voilà ce que l’on pouvait savoir de la Shoah en 1945.
Par ailleurs, après 10 ans de recherches dans des fonds d’archives parfois inédits, les auteurs livrent une liste mise à jour des rescapés juifs : ils sont plus de 3 300. Enfin, ce recueil veut aussi être un hommage aux derniers rescapés d’Auschwitz qui témoignent encore inlassablement aujourd’hui en France et dans le monde.
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Auprès des éditions Après l’Oubli en adressant un chèque de 30 € à l’ordre de « Après l’Oubli » à :
Notre invité cette semaine est Olivier Lalieu, historien et responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes du Mémorial de la Shoah et membre de la commission Mémoire et transmission de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, pour la publication d’une Histoire de la Mémoire de la Shoah aux éditions Soteca.
La mémoire de la Shoah a une histoire. Elle commence au lendemain de la découverte des camps, en particulier de celui d’Auschwitz, par la mobilisation d’une poignée de militants qui posent les bases d’un récit difficilement audible et compréhensible. Elle s’incarne d’emblée par des commémorations et un engagement dans la société. Mais la mémoire dominante est d’abord celle de la Résistance et des résistants. Pourtant, en trois décennies (1960-1990), la mémoire de la Shoah va s’imposer et devenir universelle.
Elle acquiert une place incontournable dans la culture occidentale et mondiale, bouleversant les représentations et les élites. C’est cette histoire construite par des hommes et des femmes par-delà les générations, avec passions, mais aussi liée à des conjonctures politiques singulières, que ce livre donne à comprendre. Une histoire du temps présent qui interroge aussi l’avenir de la mémoire.
A l’occasion du salon du livre du Mémorial de la Shoah, qui se tient les 7 et 8 juin, nous recevons Isabelle Choko, qui publie son témoignage dans la collection « Témoignages de la Shoah ». Une collection réalisée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en partenariat avec les éditions le Manuscrit et dirigée par Philippe Weyl.
En avril 1945, Isabelle Choko, alors Izabela Sztrauch, a 16 ans et ne pèse que 25 kilos. Dans l’hôpital de fortune établi par l’armée anglaise après la libération du camp de Bergen-Belsen, on la surnommait « la jeune fille aux yeux bleus ».
Izabela est née en Pologne dans une famille aimante et généreuse. En 1940, comme tous les Juifs de Lodz, les Sztrauch sont contraints de s’installer dans le ghetto mis en place par les nazis. Izabela n’a que 11 ans.
Enfermés, ils souffrent de la faim et des maladies ; le père d’Izabela y succombera. La jeune fille et sa mère, une femme de tête et de cœur, parviennent à échapper aux rafles jusqu’à la liquidation du ghetto en 1944.
Déportées vers Auschwitz-Birkenau, elles sont transférées au camp de travail forcé de Waldeslust, un camp annexe de Bergen-Belsen où elles seront évacuées cinq mois plus tard. Les conditions épouvantables qui règnent alors à Bergen-Belsen auront raison de la mère d’Izabela. Elle mourra aux côtés de sa fille. L’adolescente trouvera la force de survivre en venant en aide à ses codétenues.
Izabela construira en France une nouvelle vie, forte des valeurs humanistes de ses parents. Fidèle à leurs engagements, elle s’attache à honorer leur mémoire et celle des millions de Juifs exterminés dans la Shoah.