La spoliation des Juifs: une politique d’Etat

Notre invité cette semaine est Tal Bruttmann, historien, auteur de nombreux travaux sur les spoliations, et commissaire scientifique de l’exposition «  La spoliation des juifs : une politique d’Etat, 1940-1944 » qui est présentée au Mémorial de la Shoah à Paris jusqu’au 29 septembre prochain.

Une émission animée par Kristel le Pollotec

Affiche_SpoliationsÀ partir de 1933 dans le Reich, les campagnes de boycott des entreprises appartenant aux Juifs et les expropriations sauvages se multiplient. Cette politique, fondée sur un dispositif légal, se généralise. Elle est bientôt exportée dans les territoires occupés et adoptée par les régimes alliés au Reich, à l’instar de Vichy.

L’État français en intègre dès 1940 les principes dans le cadre de sa politique antisémite. Il promulgue à cet effet un arsenal législatif spécifique visant à « éliminer toute influence juive dans l’économie nationale » (loi du 22 juillet 1941). La spoliation systématique des entreprises et des biens appartenant aux Juifs est ainsi engagée sur l’ensemble du territoire français.

De l’identification des Juifs et de leurs biens jusqu’à l’ « aryanisation » de ces derniers par la vente ou la liquidation, c’est un processus administratif efficace qui est mis en place, impliquant non seulement un nombre important d’administrations de l’État français, mais également de larges pans de la société.

En France, et plus largement en Europe, les spoliations furent un rouage essentiel du processus d’exclusion, qui facilita par la suite la mise en œuvre de la « Solution finale de la Question juive ».

En s’appuyant sur de nombreux documents provenant notamment des fonds des Archives nationales et départementales, l’exposition propose d’expliquer les bases et les rouages de cette politique d’État, en la réinscrivant dans le contexte de l’Europe nazie.

Exposition

Du mercredi 30 janvier au dimanche 29 septembre 2013

Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier
75004 Paris

Plusieurs rencontres et projections sont organisées au Mémorial dans le cadre de cette exposition.

A lire, à voir sur le sujet

Spoliations et restitutions des biens juifs, Europe XXème siècle.
Dir. Claire Andrieu, Constantin Goschler, Philipp Ther
Autrement, 2007

« Aryanisation » économique et spoliations en Isère (1940-1944)
Tal Bruttmann
Presses universitaires de Grenoble, 2010

Images d’un pillage, Album de la spoliation des Juifs à Paris (1940-1944)
Sarah Gensburger
Textuel, 2010

Un vol organisé. L’État français et la spoliation des biens juifs, 1940-1944
Martin Jungius
Tallandier, 2012

L’assassinat d’une modiste
Un film de Catherine Bernstein
France, 2005

La Shoah: hériter du silence

Cette semaine, notre invité est Pierre Lubek, Inspecteur général des finances et ayant occupé des fonctions de direction au sein de la SNCF. Auteur de nombreux rapports et articles sur la gestion publique, il signe avec La Shoah : hériter du silence, son premier livre, qui a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Livre LubekEditions des Rosiers – 2012 – Le non-dit parental sur la Shoah peut-il se mettre à parler ? La transmission de la mémoire des années noires de l’Occupation peut-elle être trompeuse ? L’auteur, né en 1943, découvre, soixante-dix ans après les faits, des lettres écrites par ses parents. Entrelaçant passé et présent, mémoire et histoire, questionnements et certitudes, il tente de comprendre, au-delà de l’idée qu’il s’en faisait et des pièges d’un langage codé, ce qui se joua vraiment, entre Paris – où vivaient ses grands-parents – et le Berry, où s’étaient réfugiés ses parents. Mais tenter de comprendre les drames et le silence qui les a recouverts, n’est-ce pas soulever de nouvelles questions aux réponses inaccessibles ?

Par petites touches qui se font écho, entremêlant des souvenirs et des bribes éparses de témoignages, l’auteur évoque, entre Varsovie, Paris, Melbourne, New York, Los Angeles ou Caracas, les chemins familiaux de l’espoir ou de l’illusion de l’oubli, itinéraires souvent infléchis ou brisés par la Shoah : des histoires individuelles qui écrivent un pan de l’histoire universelle.

En passant de sa vision d’enfance de la déportation, qui ouvre le récit, à ses visites récentes à Auschwitz, qui le concluent, l’auteur livre aussi ses réflexions sur l’antisémitisme nazi, le crime de bureau, le silence des survivants, ainsi que sur la manière dont, à l’Est, on pratiqua pendant des décennies, par la discrétion ou le silence sur leur judéité, la captation des morts.

Pierre Lubek est Inspecteur général des finances et a occupé des fonctions de direction àla SNCF. Auteur de nombreux rapports et articles sur la gestion publique, il signe avec La Shoah : hériter du silence, son premier livre. Pierre Lubek est membre du Conseil d’administration de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

- Commander cet ouvrage auprès des éditions des Rosiers.

Ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.