Nous recevons aujourd’hui Tobie Nathan, fondateur de l’ethnopsychiatrie en France, et qui a publié l’année dernière Ethno-Roman aux éditions Grasset. Tobie Nathan est en effet en France est le plus célèbre disciple de Georges Devereux, qui est à l’honneur du dernier film d’Arnaud Desplechin, Jimmy P., Psychothérapie d’un Indien des plaines, actuellement à l’affiche.
Cette semaine, nos invitées sont LucieCampos et Clara Royer, deux jeunes chercheuses anciennes élèves de l’ENS, pour le colloque international qu’elles co-organisent avec Catherine Coquio : Imre Kertesz, éthique du récit et forme d’existence.
Emission animée par Kristel le Pollotec
Ven. 4 et sam. 5 oct. 2013 – Collège de France et ENS Ulm, Paris – En 2002, Imre Kertész recevait le prix Nobel de littérature pour une oeuvre singulière, inspirée de l’expérience d’Auschwitz mais hostile à tout poncif mémoriel, où une philosophie de l’existence s’arrime à une éthique de l’art, malgré la conscience très vive de l’épreuve radicale que les régimes totalitaires et le génocide ont fait subir aux valeurs de la culture.
Dix ans après ce prix, sa position ironique s’inscrit avec fermeté dans une civilisation forcée de composer avec le « point zéro » d’Auschwitz.
Convaincus que cette oeuvre forte constitue une des plus importantes réflexions sur « l’Holocauste comme culture », sur notre monde et son devenir, les organisateurs de ce colloque souhaitent ouvrir une réflexion sur ses enjeux éthiques, esthétiques et philosophiques – lien entre création et connaissance, souveraineté artistique et témoignage, littérature, éthique et politique – en interrogeant l’ensemble que constituent ses textes (romans, récits, journaux, essais, articles, entretiens).
Cela sera fait en considérant leurs contextes de production (la Hongrie communiste, puis l’exil à Berlin), le double ancrage de Kertész dans la langue hongroise et dans un espace plus large de références européennes, et enfin l’évolution contrastée de sa réception en Hongrie, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis.
Ce colloque est encadré par :
le CERILAC à Paris-Diderot axes « Pensée et création contemporaines » et « Écrire et penser avec l’histoire » ;
à l’ENS-Ulm : le Centre de recherches sur les relations entre littérature, philosophie et morale et le Centre international d’étude de la philosophie française (équipe CIRPHLES ) ;
à Paris IV : le Centre interdisciplinaire de recherches centre-européennes (équipe CRECOB) ;
à Paris III : le Centre interdisciplinaire d’études hongroises et finlandaises et le Centre d’études et de recherches comparatistes.
Il est organisé en partenariat avec le Collège de France, l’Institut hongrois de Paris, la Maison des écrivains et de la littérature et avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Colloque
Vendredi 4 et samedi 5 octobre 2013
Collège de France
11, place Marcelin Berthelot
75005 Paris
Invité de cette semaine, David Shapira chercheur auprès de l’Institut Stephen Roth à l’Université de Tel Aviv pour son livre Les antisémitismes français, paru aux éditions Le Bord de l’eau.
Une émission animée par Kristel le Pollotec
Cet ouvrage présente les différents courants idéologiques et manifestations de l’antisémitisme en France depuis la Révolution française jusqu’à nos jours. Cette étude chronologique analyse, période par période, la spécificité et l’expression de l’idéologie antisémite. David Shapira dresse ici un panorama des opinions et expressions d’une haine séculaire.
Il démontre, entre autres, que, contrairement à l’Allemagne ou à l’ensemble des pays de l’Europe de l’Est, l’antisémitisme en France est souvent (à l’exception du Régime de Vichy) un phénomène mineur qui n’a pas de répercussion politique majeure.
De même, l’antisémitisme n’empêche pas le judaïsme français de jouir d’une intégration modèle, preuve en est le rayonnement de la France dont le modèle est envié par l’ensemble des communautés juives dispersées en Europe avant la Seconde Guerre mondiale.
Ce livre aborde également la question des réactions des dirigeants de la communauté juive face aux différentes vagues d’antisémitisme qui ont marqué l’histoire française.
David Shapira est historien et journaliste. Il a publié la biographie Jacob Kaplan-Un rabbin témoin du Xxème siècle (Albin Michel, 2007).
Ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Invité cette semaine, Emmanuel Debono, historien, pour son livre « Aux origines de l’antiracisme, la Lica, 1927-1940 » paru aux Editions du CNRS.
Une émission animée par Kristel Le Pollotec
Ce livre retrace la genèse de la LICA (l’ancêtre de la LICRA) depuis sa création en 1927 jusqu’à sa dissolution, en 1940. Surtout, il nous entraîne dans la France des années 30 et détaille avec une minutie remarquable la montée de l’antisémitisme sur tout le territoire, en France comme dans les colonies. Ciblant d’abord les manifestations antijuives qui surviennent en Europe centrale et orientale, la LICA doit en effet très vite affronter la résurgence de l’antisémitisme dans une France où on le croyait à tort éteint, et faire face à un défi sans précédent, le national-socialisme.
Dans le contexte tourmenté des années 1930, les militants de la LICA inventent une doctrine et se dotent de moyens d’action. À côté des batailles rangées contre leurs adversaires, du boycottage des dictatures et d’une propagande véhémente, ils définissent un projet politique visant à donner une dimension institutionnelle à l’antiracisme dans la France républicaine.
S’appuyant sur des fonds d’archives inédits et considérables – dont les archives de la LICA rapatriées de Moscou au début des années 2000 et désormais disponibles au mémorial de la Shoah-, Emmanuel Debono retrace l’histoire des pionniers du militantisme antiraciste en France, avant que la défaite de 1940 ne plonge leur idéal dans les ténèbres. Il met en lumière l’attitude des pouvoirs publics, celle des élites politiques et intellectuelles, en métropole comme en Afrique du Nord, face à des démonstrations de haine souvent minimisées.
Docteur en histoire de l’IEP de Paris, Emmanuel Debono travaille sur les racismes et les antiracismes dans la France contemporaine.
Dans le cadre de ses recherches, il a bénéficié d’une bourse de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.