A l’occasion de l’ouverture le 3 juin 2013 d’un lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon dédié à l’accueil des réfugiés et au sauvetage des Juifs sur le plateau du Vivarais Lignon, nous recevons aujourd’hui Philippe Joutard, historien, ancien recteur, spécialiste de l’histoire du protestantisme et Aziza Gril-Mariotte, maître de conférences à l’université d’Alsace et coordinatrice scientifique du projet.
Une histoire exemplaire
Terre protestante forte d’une longue tradition d’accueil, le plateau du Vivarais-Lignon a abrité un grand nombre de réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale. Républicains espagnols, Allemands et Autrichiens antinazis d’abord, puis de nombreux Juifs persécutés, des réfractaires au STO et des résistants.
Avec l’aide des organisations chrétiennes comme la Cimade, le Secours suisse, les Quakers et grâce aux réseaux de sauvetage juifs comme le réseau Garel de l’OSE, beaucoup d’enfants et d’adolescents ont été recueillis dans les pensions de familles, les fermes et les maisons d’enfants.
Le caractère clandestin du sauvetage et la modestie des habitants font qu’il est difficile d’établir le nombre exact de personnes sauvées. Si plus de 1000 noms sont connus, certains historiens retiennent le chiffre de 3500 Juifs sauvés grâce à l’action de la population du Plateau.

Une mémoire, un lieu
A l’instar des Pasteurs André Trocmé et Edouard Theis, plus de 70 habitants du Plateau ont été reconnus Justes parmi les Nations par l’institut Yad Vashem de Jérusalem. De plus, en 1990, les habitants du Chambon et des communes voisines furent – à titre exceptionnel – honorés collectivement par Yad Vashem.
Le lieu de mémoire réalisé au Chambon-sur-Lignon présente l’histoire du Plateau et met en lumière la résistance civile et spirituelle qui s’y exprima.
Un espace mémoriel propose de nombreux témoignages filmés. Des activités pédagogiques seront également organisées. Attenant au bâtiment, un jardin paysagé offrira au visiteur un espace de sérénité.
Ce lieu de mémoire a été réalisé avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.
Comité scientifique :
Patrick Cabanel, Martin de Framond, Philippe Joutard, Olivier Lalieu, Jacques Sémelin, Annette Wieviorka

Inauguration et informations pratiques
Lundi 3 juin 2013 à partir de 11h
En présence des représentants politiques et des partenaires du projet
Programme de l’inauguration (pdf)
Ouverture au public le mercredi 5 juin 2013
Lieu de Mémoire dédié aux Justes
Route du Mazet
43400 Chambon-sur-lignon
Tél. : 04 71 65 71 90 (mairie)
Email : memoire@ville-lechambonsurlignon.fr
Horaires
Du samedi 1er juin au dimanche 29 septembre 2013 :
Toute la semaine de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Du lundi 30 septembre au samedi 30 novembre 2013 :
Du mercredi au samedi de 14h à 18h
Tarifs : 5 € / réduit : 3 € / Gratuit pour les enfants jusqu’à 9 ans

A lire, à voir sur le sujet
La Montagne refuge
Accueil et sauvetage des Juifs autour du Chambon-sur-Lignon.
Collectif : Patrick Cabanel, Philippe Joutard, Jacques Sémelin, Annette Wieviorka
Albin Michel, 2013
Jamais je n’aurai quatorze ans
Témoignage de François Lecomte, enfant caché au Chambon-sur-Lignon
Coll. Témoignages de la Shoah, FMS / Le Manuscrit, 2005
Les armes de l’esprit
Un film de Pierre Sauvage.
USA / France, 1989, 90 min
Les juifs américains représentent la première communauté de la diaspora. Quels sont leurs enjeux aujourd’hui? Comment définir leur identité? Quel est leur relation à Israël? A partir de quand la Shoah a pris une place centrale dans l’identité des Juifs américains. Autant de questions explorées avec le Professeur André Kaspi, spécialiste de l’histoire des Etats-Unis, et qui a publié en septembre 2012 aux éditions Plon l’ouvrage Barack Obama, la grande désillusion.
André Schwarz-Bart, on s’en souvient, a connu un succès immense en 1959 lors de la publication de son premier roman, Le dernier des Justes, qui a remporté le prix Goncourt et a été vendu à plus d’un million d’exemplaires. Mais ce livre déclenche de vives polémiques. Même si André Schwarz-Bart est blanchi des accusations portées contre lui, le succès n’est plus au rendez-vous pour ses livres suivants. Blessé, il part s’installer en Guadeloupe auprès de sa femme, Simone, et décide de ne plus publier. Ce livre posthume, qui vient de paraître en poche aux éditions du Seuil, témoigne de ce qu’André Schwarz-Bart n’a jamais cessé d’écrire sur l’histoire des Juifs et de la Shoah, une histoire qui l’a marquée personnellement, ses parents, sa grand-mère, deux de ses frères et soeurs ayant été assassinés à Auschwitz-Birkenau. L’incapacité d’André Schwarz-Bart à finir l’Etoile du Matin était-elle, comme sa femme Simone nous le suggère, une façon de rester en contact avec les siens?