A l’occasion de la commémoration de la « libération » d’Auschwitz-Birkenau, nous recevons cette semaine un ancien déporté, Nicolas Roth, qui publie son témoignage sous le titre, Avoir seize ans à Auschwitz, aux éditions FMS le Manuscrit. Ce livre constitue le 50 ème ouvrage de la collection « Témoignages de la Shoah », initiée et réalisée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et qui propose des textes, jusqu’alors inédits ou indisponibles, écrits par des survivants, qu’ils aient été déportés, internés ou cachés durant la Seconde Guerre mondiale.
Emission animée par Perrine Kervran
Nicolas Roth fait partie des 440 000 Juifs qui, en 1944, furent déportés de Hongrie en seulement deux mois. Il livre ici un témoignage foisonnant sur le destin de la communauté juive de Debrecen.
Dès les années 1920, les persécutions antisémites se multiplient en Hongrie. Après l’invasion allemande en 1944, les Juifs sont relégués dans des ghettos puis envoyés massivement vers les camps de la mort.
Déporté à Auschwitz-Birkenau, Nicolas Roth parvient à survivre malgré le travail harassant auquel il est contraint. Lors de l’évacuation du camp, il connaît la « marche de la mort » avant d’être transféré au camp de Dachau où il sera libéré en avril 1945.
Avoir 16 ans à Auschwitz est le récit d’un homme à la mémoire exceptionnelle, un texte d’une grande lucidité et d’une profonde sensibilité.
Publié par les éditions Le Manuscrit, ce livre est disponible à la librairie du Mémorial de la Shoah ou peut être commandé en librairie ou sur Internet. Les témoignages sont également disponibles au format numérique sur le site www.manuscrit.com.
A l’occasion de l’installation du Centre d’études et de recherches sur les camps d’internement du Loiret (cercil) dans de nouveaux locaux, en plein coeur d’Orléans, et de l’ouverture au public le 27 janvier 2011 d’un Mémorial dédié aux enfants du Vel d’Hiv et d’un espace d’expositions permettant de mieux comprendre l’histoire de ces camps, Mémoires Vives reçoit Hélène Mouchard-Zay, fondatrice et présidente du Cercil.
Emission animée par Perrine Kervran
Plus de 4400 enfants ont été internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande entre juin 1942 et juillet 1943, avant d’être déportés et assassinés dans les camps d’extermination d’Auschwitz et, pour quelques-uns, de Sobibor. Dans le nouveau Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv, une place est faite à chacun de ces enfants, avec les noms, les adresses, et quand les photos existent, les visages de ces enfants.
Une exposition permanente permet de mieux comprendre l’histoire de ces camps, qui comprend 2 périodes, l’une qui suit la Rafle du Billlet Vert (14 mai 1941) où des hommes seuls sont internés pendant plus d’un an, puis, après les grandes rafles de juillet 1942, l’entrée au camps de familles, et la séparation entre les parents (immédiatement déportés) et les enfants, pour lesquels le régime de Vichy n’a pas encore l’aval des allemands pour déporter aussi les enfants.
Des journées portes ouvertes auront lieu vendredi 28 janvier, samedi 29 janvier et dimanche 30 janvier avec des visites guidées. Au programme, témoignages (notamment d’Annette Muller et Annette Krajcer), lectures (lettres de Louise Jacobson), projection de la France des camps réalisé par Denis Peschanski et Jorge Amat (samedi à 17h), concerts de musique Klezmer et Tsigane.
Les visiteurs sont invités à écrire un message qui sera suspendu à l’arbre imaginaire imaginé par les élèves de l’école primaire Olivier Metra à Paris et réalisé par le lycée agricole de Beaune-la-Rolande, construit sur l’emplacement exact de l’ancien camp.
Les messages peuvent aussi être envoyés au Cercil avant le 31 mars 2011. Ils seront exposés à l’occasion du 70 ème anniversaire de l’ouverture des camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers en mai 2011.
Les Femmes dans la violence dans l’histoire : tel est le thème d’un colloque organisé les 28 et 29 novembre 2010 par Anny Dayan Rosenman, Maître de conférences à l’Université Paris VII-Denis Diderot qui revient pour Mémoires Vives sur le sujet de sa communication, consacrée aux Femmes dans les camps : féminités blessées et communautés maternelles
Emission animée par Perrine Kervran
Au-delà des récits terribles rapportés par les témoins, il s’agissait aussi de se pencher sur les spécificités féminines de la vie concentrationnaire et aux formes que pouvaient prendre le sentiment maternel et la maternité quand elle surgissait dans ces lieux de mort.
Charlotte Delbo à Auschwitz-Birkenau
« Mais les mères mirent tous leurs soins à préparer la nourriture pour le voyage. Elles lavèrent les petits, firent les bagages et, à l’aube, les barbelés étaient couverts de linge d’enfants ; et elles n’oublièrent ni les langes, ni les jouets. N’en feriez vous pas autant, vous aussi, si on devait vous tuer demain avec votre enfant ? » Primo Lévi, Si c’est un homme.
Comme l’écrit Anny Dayan Rosenman, « La force du témoignage de Primo Levi se retrouve bien là, dans précision du détail qui éclaire l’ensemble. En effet, quoi de plus révélateur de la folie génocidaire que ces vêtements d’enfants étendus sur les barbelés ?
Quoi de plus important dans le récit du témoin que cette adresse à l’Autre : n’en feriez vous pas autant vous aussi ?Quoi de plus révélateur aussi de la condition des femmes pendant la Shoah, où elles durent prendre en charge leur vie et bien plus que leur vie, être le pilier de familles entières, faire preuve de lucidité mais aussi de tendresse, d’attention, faire preuve d’un courage au quotidien au cœur du pire. »
Programme du colloque: FEMMES DANS LA VIOLENCE DE L’HISTOIRE- LE TÉMOIGNAGE AU FÉMININ
Colloque interdisciplinaire et international
en partenariat entre l’Université Paris – Diderot et le Mémorial de la Shoah.
Dimanche 28 novembre . Mémorial de la Shoah
14h30 Modérateur: Eric MARTY
Anny DAYAN ROSENMAN (Université Paris 7- Denis Diderot ) : Femmes dans les camps : maternités blessées et communautés maternelles.
Luba JÜRGENSON (Université Paris III – Sorbonne Nouvelle) : Kolyma : témoignages de femmes.
Jean-Yves POTEL (écrivain, essayiste) : De quoi témoigne Anna Langfus ?
Le débat est suivi d’une lecture :
Textes de Charlotte Delbo, Evguenia Ginsburg, Anna Langfus, Liana Milu, Ana Novac
lus par Michèle TAUBER
Lundi 29 novembre Université Paris 7-Denis-Diderot-
10h à 11h15 . Modératrice : Carine TRÉVISAN
Martine LEFEUVRE-DÉOTTE (Université de Caen) : Argentine : Les « folles» de la Place de Mai.
Christelle TARAUD, (Programmes parisiens de NYU et de Columbia University ) : Femmes dans la guerre d’Algérie : le cas Djamila Boupacha.
11h30-13h. Modératrice : Martine LEIBOVICI
Janine ALTOUNIAN (essayiste, traductrice de Freud) : Arméniennes, gardiennes de trésors et de larmes
Amélia PERAL (Université d’Alicante ) : Les mères perdues. Mater ou Génitrix ?
Jennifer CAZENAVE (Doctorante, Université- Diderot ) : « L’archive parle d’elle », la femme dans les rushes de Shoah
14h30-15h45. Modératrice : Luba JURGENSON
Alain PARRAU (Université Paris- Diderot) : Geneviève de Gaulle Anthonioz, « La traversée de la nuit » .
Pierre PACHET (écrivain, essayiste) « J’ai décidé de rester vivante » Olga Adamova-Sliozberg, la résistance d’une femme soviétique déportée au goulag ( L’Aujourd’hui blessé, ed Verdier, 1997)
16h-17h45. Modérateur: Jean DELABROY
Catherine COQUIO ( Université Paris 8) : Antigones
Régine WAINTRATER (Université Paris- Diderot) : Femmes dans le génocide : une résilience particulière ?
Jean HATZFELD (journaliste, écrivain) : Femmes et témoins au Rwanda
Invité de cette émission, le documentariste José Ainouz, qui a réalisé Attention aux Enfants! Les orphelins de la Shoah de Montmorency, qui sera présenté en avant première au Mémorial de la Shoah lundi 17 janvier 2011 à 19h30.
Emission présentée par Perrine Kervran
Ce film retrace le parcours des enfants juifs qui sont passés par les colonies et les maisons d’enfants de Montmorency, avant, pendant et après la guerre. On y rencontre une dizaine d’orphelins de la Shoah, aujourd’hui âgés, qui revivent pour la caméra de José Ainouz ces années d’enfance volée où ils ont dû fuir avec leurs parents, se séparer d’eux ou les voir se faire arrêter par la police française. Où ils ont dû s’installer dans de nouveaux lieux, dans de nouvelles vies, dans le provisoire et la séparation, vivre cachés. Où ils ont attendu et espéré longtemps le retour de leurs parents, avant de d’essayer de se reconstruire dans cette vie en collectivité.
(France, documentaire, 94 min, 2010, Les Documentaristes indépendants et 24 images Production)
Avec le soutien de l’OSE, le Renouveau, du CNC et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
La projection au Mémorial de la Shoah aura lieu le 17 janvier à 19H30 en présence de José Ainouz, réalisateur, historien, de Katy Hazan, historienne, responsable du service Archives et Histoire de l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE) et de plusieurs témoins.