Drancy, un camp en France

Nous revenons cette semaine sur l’histoire du camp de Drancy avec Renée Poznanski  historienne, professeur à l’université Ben Gurion du Negev (Israël) et Denis Peschanski historien, directeur de recherche au CNRS à l’occasion de la parution aux éditions Fayard du livre Drancy, un camp en France, co-écrit avec Benoît Pouvreau.

En mai 1944, Louis Aragon écrivait que le nom de Drancy faisait « frémir les Français les plus impassibles d’apparence ». Aujourd’hui, sur le site du camp par lequel sont passé 84 % des déportés juifs de France, une cité HLM côtoie un wagon et une statue monumentale, en vis-à-vis d’un musée-mémorial de la Shoah. Drancy a conservé en effet sa vocation initiale de logement social tout en devenant le lieu de mémoire central de la Shoah en France.
C’est l’histoire complète de ce lieu qui est retracée dans ce livre. Elle démarre avec le projet architectural d’avant-garde des années 1930 et les « premiers gratte-ciel de la banlieue parisienne » ; elle relate le passage par ce camp improvisé des prisonniers de guerre français, puis des civils britanniques et canadiens. Elle évoque toutes les étapes administratives et policières qui ont accompagné la création puis la vie du « camp des Juifs » et le rôle des acteurs de cette triste histoire – les Allemands, les Français ; elle décrit la vie quotidienne des victimes juives, avec ses grandeurs et ses faiblesses.
C’est l’histoire complète de ce lieu car elle dépasse les limites du camp pour en saisir la résonance au cœur des familles juives d’internés et dans toute la France ; pour y suivre, après la Libération, les suspects de collaboration ; pour en analyser les péripéties mémorielles depuis 1945.
C’est l’histoire complète de ce lieu, enfin, car un grand nombre d’illustrations exceptionnelles accompagnent un récit fondé sur des documents largement inédits et extraordinairement émouvants.
Benoît Pouvreau est historien de l’architecture, chercheur au service du patrimoine culturel du département de la Seine-Saint-Denis. Il a publié Un politique en architecture : Eugène Claudius-Petit (Moniteur, 2004) et dirigé Les Graffiti du camp de Drancy. Des noms sur des murs (Snoeck, 2014).

Renée Poznanski  historienne, professeur au département de Politics and Government à l’université Ben Gurion du Negev (Israël). Elle est l’auteur de Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale (Hachette Littératures, 1998) et Propagandes et Persécutions. La Résistance et le « problème juif » (Fayard, 2008).

Denis Peschanski est historien, directeur de recherche au CNRS. Spécialiste de la France des années noires, il a publié La France des camps 1938-1946 (Gallimard, 2002) et, avec Thomas Fontaine, La Collaboration 1940-1945. Vichy, Paris, Berlin (Tallandier, 2014).

Drancy: la cité Muette, un film de Sabrina Van Tassel

Cette semaine, nous recevons la réalisatrice Sabrina Van Tassel à l’occasion de la sortie le 13 mai prochain de son film La Cité Muette, une mémoire occultée, consacrée à la mémoire de Drancy.

 

 

À première vue la Muette est une cité HLM banale, comme il en existe des milliers en région parisienne. Pourtant derrière ces murs se cache l’ancien camp de Drancy où près de 63 000 Juifs furent internés avant de partir dans les camps de la mort. L’endroit a été réhabilité en logement social au lendemain de la guerre. 500 personnes vivent ici au rythme des commémorations et côtoient les anciens internés venus se recueillir.

Comment a-t-on pu rendre habitable le plus grand camp d’internement de France dès le lendemain de la guerre ? Pourquoi a-t-on occulté de manière si peu éthique la mémoire de ce lieu ?

De sa construction à nos jours, cet ensemble d’immeubles en fer à cheval n’a pas encore livré tous ses secrets. Ce documentaire propose un voyage dans le temps à travers les vestiges d’origine de la cité, les archives de la ville et le souvenir des survivants, confronté aux témoignages des habitants d’aujourd’hui. En retournant avec eux sur les traces de leur passage, les différents visages de Drancy apparaissent au grand jour, pour mieux cerner l’histoire oubliée du plus grand camp d’internement français.

Documentaire, France, 90 mn, J2F Productions, 2014, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Sélectionné au Festival du film français de Los Angeles 2015

Sortie en salle : mercredi 13 mai 2015

Dossier de presse (pdf)

À voir, à lire

Le Mémorial de la Shoah à Drancy

La Tribu de Rivka, un film de Sabrina Van Tassel (Injam Production, 2010)

À l’intérieur du camp de Drancy, Annette Wieviorka et Michel Laffitte (Editions Perrin, 2012)

Passeport pour Auschwitz. Correspondance d’un médecin du camp de Drancy, Zacharie Mass, (Coll. Témoignages de la Shoah, FMS / Le Manuscrit, 2012)

Berthe chérie. Correspondance clandestine de Paul Zuckermann à sa fiancée. Drancy, août 1941 – septembre 1942 (Éditions du Retour, 2014)

Numéro spécial Yom Hashoah du magazine Tenoua

A l’occasion de la parution du numéro spécial Yom Hashoah de la revue Tenoua, nous recevons aujourd’hui Delphine Horvilleur, rabbin et directrice de la rédaction de Tenou’a et Ethel Buisson, architecte, dont le travail mémoriel et artistique autour de la figure de son grand père déporté Srul Ruger sert de fil rouge à ce numéro.

Couv Tenoua 2014

La revue « Tenou’a – Atelier de pensée(s) juive(s)?» était anciennement la revue du MJLF; aujourd’hui, elle est devenue autonome. Dans chaque numéro, des oeuvres d’artistes contemporains sont mises à l’honneur. Ce numéro donne un aperçu du travail d’Ethel Buisson, qui est architecte et enseignante en école d’architecture et qui a mené une enquête photographique, sur deux ans pour rassembler et retranscrire les traces immatérielles de la vie de son grand-père, parti en déportation avec le convoi n°7 en 1942.  « Dates après dates et leurs anniversaires, lieux après lieux et leurs traces invisibles, j’ai photographié à la chambre technique et enregistré ce qui m’était donné à voir et à entendre soixante dix ans après. Dans la reconstitution de l’absurde, le travail m’a conduit trois fois en Pologne,  j’ai produit 33 planches environ, rassemblées pour l’instant dans un carnet, qui comme un carnet de voyage relate le parcours mené pour le rencontrer. Je suis partie à sa recherche. Je suis partie le chercher. »

Mur des Noms au Mémorial de la Shoah, Rue du Buisson St Louis où Srul Ruger a été arrêté, Vel d’hiv où il a été interné, avant Drancy et Auschwitz, autant de jalons d’un parcours qu’Ethel Buisson a refait pas à pas 70 ans après son grand père.

Un travail qui pose la question de la mémoire individuelle et collective, de la commémoration et de la ritualisation, sur lequel Delphine Horviller apporte son éclairage, et qui dans ce numéro est ponctué par de nombreuses grandes voix, en particulier Elie Wiesel, Serge Klarsfeld, Annette Wieviorka, Boris Cyrulnik.

Autour de Yom Hashoah

La lecture des noms des déportés juifs de France se poursuivra sans interruption, de jour comme de nuit, du dimanche 27 avril à 19h30  (convoi 7) jusqu’au lundi 28 avril à19h (convoi n°42).  La lecture des noms des déportés a été initiée en 1990 par le rabbin Daniel Farhi, l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France et le Mouvement Juif Libéral de France.

Lecture du Sefer HaShoah organisée par le MJLF au Mémorial de la Shoah Lundi 28 avril 2014, 13h30
Projections et rencontres sont organisées au Mémorial de la Shoah à l’occasion de cette commémoration. Voir le programme sur le site du Mémorial (Réservation conseillée).

 

 

La voix dans le débarras

Invitée cette semaine, Sarah Oppenheim, qui met en scène à la MC93 de Bobigny le texte de Raymond Federman, la Voix dans le débarras, à l’affiche jusqu’au samedi 15 fév. 2014.

Sauvé de la déportation par sa mère qui le pousse dans un débarras le jour de la rafle du Vél’ d’Hiv’ en lui disant comme dernière parole « Chut ! », Raymond Federman a mis trente-sept ans pour faire de cet événement le cœur d’un récit qui se déroule entre mémoire et imagination, réel et fiction. De cette écriture se dégage un univers singulier, bousculant les codes romanesques et biographiques.

Il ne s’agit pas ici de raconter une page sinistre de l’histoire des hommes mais d’écouter la voix d’un enfant devenu adulte qui se déploie dans une écriture rythmée, musicale, influencée tant par Samuel Beckett que par la pratique du jazz.

Raymond Federman nous entraîne dans le gouffre de la solitude, dans le chaos du monde, avec une vitalité à la fois réjouissante et angoissante.

Sarah Oppenheim signe l’adaptation théâtrale de ce roman, de cette « sur-fiction » écrite en deux langues, anglais et français.

Cette pièce a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Représentations

Du vendredi 31 janvier au samedi 15 février 2014

Lundi, vendredi et samedi : 20h30
Mardi : 19h30
Dimanche : 15h30
Relâche mercredi et jeudi

Dimanche 9 février après la représentation
Rencontre avec toute l’équipe artistique, animée par Jean-François Perrier

Spectacle en anglais non-surtitré et en français
Durée : 1h20

MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
9 boulevard Lénine 93000 Bobigny
Réservation : 01 41 60 72 72 – www.mc93.com

Distribution

Texte : Raymond Federman
Mise en scène : Sarah Oppenheim
Scénographie : Antonin Douady, Louise Dumas
Lumières : Benjamin Crouigneau
Son : Julien Fezans
Avec Nigel Hollidge, Fanny Mary

Raymond Federman
Raymond Federman