L’OSE, une ONG avant l’heure

Cette semaine, nous nous intéressons à l’histoire de l’OSE (Osé) l’oeuvre de secours aux enfants, avec Katy Hazan, historienne, commissaire de l’exposition l’OSE, une ONG avant l’heure, qu’on pourra voir au Musée d’histoire de la médecine du 6 au 23 mars 2012, au Musée d’histoire de la médecine à Paris.

Qui étaient les fondateurs de l’OSE, quel était le but de cette organisation et surtout quelle est son histoire? C’est cette histoire que raconte l’exposition organisée dans le cadre du centenaire de l’organisation, que l’on peut voir au Musée d’histoire de la médecine. Une exposition qui retrace le parcours de ces médecins juifs qui, saisis par la pauvreté et les difficultés des populations juives et pauvres de Russie, ont mis sur pied des organes de soin et de prévention, des campagnes d’éducation, des centres de vacances, convaincus qu’il fallait, comme on disait au début du siècle, régénérer les Juifs pour en faire un peuple fort, sain, et bien éduqué. L’OSE accompagne les mouvements de migration des Juifs de Russie, s’implante à Berlin, Genève puis en France. Avec son savoir-faire, elle répond aux besoins nouveaux en organisant notamment des maisons d’enfants et en s’investissant dans le travail social et le sauvetage des enfants.

Programme des manifestations du centenaire de l’OSE

Andrée Salomon

L’émission de cette semaine est consacrée à Andrée Salomon (1909-1985), grande figure de la Résistance juive en France et ancienne responsable de l’action sociale de l’Oeuvre de Secours aux Enfants. Pour en parler, Georges Weill, conservateur général honoraire du patrimoine et ancien président de la Société des Etudes juives, et qui co-signe avec Katy Hazan, Andrée Salomon, Une femme de lumière aux éditions FMS/ Le Manuscrit.


Mardi  10 mai 2011, à  17h30 aura lieu à l’OSE une présentation du livre Andrée Salomon, une femme de lumièreparu dans la Collection Témoignages de la Shoah (édition FMS / Le Manuscrit). Ce livre de Katy Hazan et Georges Weill retrace, sur la base du manuscrit inédit des mémoires d’Andrée Salomon, l’itinéraire exceptionnelle de cette femme d’origine alsacienne, qui contribua à sauver de nombreux enfants juifs durant la guerre. Après s’être engagée au sein des Eclaireurs Israélites de France puis au service de la communauté juive d’Alsace, André Salomon a rejoint la Résistance dès 1940. Dans la zone sud, elle a sauvé un grand nombre d’enfants en les faisant sortir des camps d’internement de Gurs, de Rivesaltes et des Milles, en les plaçant dans les maisons de l’OSE, puis en les dispersant au sein du réseau Garel.

Cet ouvrage, qui rend hommage à cette « femme de lumière », dont la générosité et l’héroïsme permirent à toute une génération d’enfants de se construire un nouvel avenir, reconstitue son parcours à partir du manuscrit inédit de ses mémoires, de plusieurs entretiens enregistrés et des souvenirs de ses plus proches assistantes.

Rencontre / Signature

Mardi 10 mai 2011, 17h30
OSE
117, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris

Réservation
Tél : 01 53 38 20 09 ou c.kamudu@ose-france.org

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Les enfants de Buchenwald

Le 13 avril 2011, au Palais de l’Elysée, le Président de la République remettra les insignes de la légion d’honneur à 6 anciens déportés « enfants de Buchenwald », ces enfants venus des ghettos et des camps de concentration, avant d’être regroupés au camp de Buchenwald. Après la libération, 500 d’entre eux sont accueillis en France. Pour revenir sur cette histoire singulière et méconnue, nous recevons cette semaine l’historienne Katy Hazan, responsable du servive « Histoire et Mémoire » de l’OSE (Oeuvre de Secours aux enfants).

Emission animée par Perrine Kervran

Lorsque le 11 avril 1945, les soldats de l’armée américaine pénètrent dans le camp de concentration de Buchenwald, un camp où étaient principalement détenus des prisonniers politiques, parmi lesquels les Français constituaient le groupe le plus important, ils découvrent avec stupeur un millier d’enfants et d’adolescents juifs, rescapés des « marches de la mort », qui venaient d’arriver à Buchenwald.

Alors que les déportés politiques sont très rapidement rapatriés vers la France, les Alliés ne savent que faire de ces jeunes qui n’ont plus ni parents ni famille.

Le rabbin aumônier des forces américaines, Hershl Schechter, ayant entendu parler du formidable travail de sauvetage mené en France par l’Oeuvre de Secours aux Enfants – qui par le biais d’un réseau clandestin est parvenu à sauver plus de  2.000 enfants juifs de la déportation – se tourne alors vers cette association pour envisager la prise en charge de ces jeunes.

L’OSE – association sociale juive qui, au sortir de la guerre, a ouvert 25 maisons d’enfants à l’intention des orphelins de la Shoah, enfants cachés ou déportés – se mobilise immédiatement, en lançant une campagne d’opinion publique sur le sort de ces enfants, relayée à la fois par le Parti communiste français et le journal L’Humanité, ainsi que par le mouvement gaulliste, en la personne de Geneviève Anthonioz-De Gaulle. Le gouvernement provisoire de la République française décide d’accueillir 426 de ces jeunes rescapés.

Le 6 juin 1945, les enfants de Buchenwald arrivent dans le préventorium d’Ecouis, lieu de transit mis à disposition de l’OSE par le gouvernement français. C’est là que les garçons deviennent les « enfants de Buchenwald », certains amers et rageurs, d’autres, joyeux drilles, cherchant à rattraper le temps perdu, vacillants mais jamais terrassés.

Pour tous, Ecouis est un choc, confrontation improbable et difficile entre des enfants détruits, fragiles et imprévisibles, et le personnel de l’OSE, indécis et placé face à une situation à laquelle il n’était pas préparé. Ils attendaient des enfants, ce fut, pour la plupart, des adolescents qui vinrent habiter les locaux du préventorium. Des peluches et des jouets avaient été disposés sur les lits des dortoirs, mais ce furent d’abord la confiance et le dialogue qu’il fallut rétablir pour rendre leur enfance disparue à ces « enfants ».

Puis, à force d’être entourés, aimés et compris autant qu’il était possible aux adultes de l’OSE de le faire, des sourires et des larmes se firent jour, larmes auxquelles bon nombre de ces enfants attribuent leur retour à l’humanité.

Quarante-huit pour cent des jeunes ont retrouvé un membre de leur famille. Les autres sont seuls au monde. A la fermeture d’Ecouis, 17 d’entre eux ont retrouvé des attaches familiales en France et 33 ont été placés dans des familles d’accueil. Les plus religieux sont envoyés à Ambloy, puis à Taverny et Versailles, les autres dans le foyer de la rue Rollin, et dans les maisons d’enfants, quelques uns à Moissac (chez les Eclaireurs israélites)  pour se refaire une santé.

Sur les 426 venus en France, une vingtaine d’enfants sont restés et ont demandé la nationalité française. Ils se sont intégrés et ont fondé une famille. Les autres se sont dispersés sur les cinq continents. Ils sont devenus israéliens, américains, canadiens, australiens. Parmi eux, l’écrivain et prix Nobel de la paix Elie Wiesel et l’ancien grand rabbin d’Israël, Meir Lau.

Katy Hazan a publié A la vie! Les enfants de Buchenwald, du shtetl à l’OSE aux éditions FMS/ Le Manuscrit

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