Martin Buber, Sentinelle de l’humanité

A l’occasion de la parution de la biographie de Martin Buber réalisée par le Professeur Dominique Bourel, et la diffusion prochaine d’un documentaire de Pierre Henry Salfati sur Arte, nous consacrons deux émissions à cette figure importante du judaïsme et du sionisme.

Albin Michel – 2015 – Martin Buber (1878-1965) est, avec Freud, Einstein ou Kafka, l’un des penseurs juifs les plus connus du XXe siècle dont il a vécu les tragiques bouleversements. Né à Vienne, ayant passé son enfance en Galicie et parcouru l’Europe dans sa jeunesse, il est vite devenu une figure majeure du judaïsme allemand et du premier sionisme. Installé à Jérusalem à partir de 1938, il s’imposera comme un penseur incontournable et sera invité dans le monde entier.

Son destin exceptionnel croise ceux de Herzl, Freud, Einstein, Rosenzweig, Kafka, Zweig, Scholem, Gandhi, Bachelard, Jung, Heidegger, Levinas, Ben Gourion et de tant d’autres, comme en témoigne sa correspondance foisonnante.

Buber est non seulement un grand philosophe de l’altérité (Je et Tu), de la piété mystique (Les Récits hassidiques) et du dialogue judéo-chrétien (Deux types de foi), mais il est aussi le héraut infatigable d’un sionisme humaniste cherchant sans cesse la paix avec les Arabes, et un dénonciateur des totalitarismes hitlérien et stalinien.

Directeur de recherche au CNRS, Dominique Bourel fut directeur du Centre de recherche français de Jérusalem de 1996 à 2004 et professeur à l’université Humboldt de Berlin en 2012-2013. Il a mis près de vingt ans pour achever cette monumentale biographie intellectuelle, étudiant minutieusement l’immense correspondance, interrogeant les archives des grandes bibliothèques de Londres à Jérusalem et de Vienne à Stockholm en passant par Berlin ou encore Uppsala, et recueillant les témoignages de la famille et des élèves de Martin Buber.

Ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Dominique Bourel a aussi été le conseiller historique du documentaire Martin Buber, itinéraire d’un humaniste – un film de Pierre-Henry Salfati, produit par la Compagnie des Phares et Balises avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Diffusion

Mercredi 12 octobre 2016, 23h55 sur Arte

À voir en ligne jusqu’au mercredi 19 octobre 2016

 

 

 

Après la Shoah

Cette semaine, notre invitée est Laure Fourtage, une des commissaires de l’exposition qui vient de s’ouvrir au Mémorial de la Shoah, Après la Shoah, Rescapés, réfugiés, survivants (1944-1947)

maisons_enfants_educateurs_exposition_apres_la_shoah_memorial_2016Actuellement au Mémorial de la Shoah, Paris – Le retour à une vie normale semble à peine possible pour les Juifs d’Europe qui ont pu échapper à la Shoah. Bien qu’ils aient été victimes d’une persécution spécifique, leur sort ne constitue qu’un problème parmi d’autres à l’échelle d’un continent à reconstruire. Cette exposition constituée de près de 250 photographies issues majoritairement du fonds du Mémorial de la Shoah, de documents d’archives et de films, fait état de la diversité des situations dans le chaos général de la sortie de guerre – réfugiés, survivants des camps, enfants cachés, résistants.

Tous aspirent à retrouver leurs proches, retourner chez eux ou trouver un refuge, imaginer à nouveau un avenir. Qui pour les aider ? Quelle justice demander ? Comment conserver les traces d’un monde disparu et amasser les preuves du crime ?
De l’après-Shoah, on retient en général les images terribles de l’ouverture des camps. Pourtant, la période comprise entre fin juillet 1944, date du premier camp libéré par les Soviétiques, et l’automne 1947 à la veille de l’indépendance d’Israël, constitue une séquence historique en soi. L’incertitude règne partout, notamment dans les trois pays privilégiés dans l’exposition. En Pologne, plus de la moitié des réfugiés revenus d’URSS et les rares survivants quittent un pays qui leur reste hostile. En Allemagne occupée, les réfugiés juifs fuyant l’Europe orientale se retrouvent pour la plupart dans les camps ouverts pour accueillir les millions de « personnes déplacées », attendant un lieu d’accueil ou une possibilité d’émigrer. En France, la majeure partie des Juifs est hors de danger à compter de juin, puis de novembre 1944, mais les quelques milliers de survivants de la déportation se retrouvent perdus, parfois livrés à eux-mêmes, dans la masse des autres rapatriés.

Bien que décimées, les communautés juives parviennent à reconstituer une vie religieuse, culturelle, politique, grâce à l’entraide et à la solidarité, et au soutien des organisations juives, en particulier américaines. Elles réussissent à produire les premiers récits, à constituer une « première mémoire » grâce aux témoignages et aux traces collectées pendant et juste après la guerre.

L’après-Shoah, c’est le temps où les minorités juives, du moins ce qu’il en reste, cherchent à reprendre en main leur destin.

Plus d’information : www.apres-la-shoah.memorialdelashoah.org

Exposition

Du 27 janvier au 30 octobre 2016

Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris
Tél. : 01 42 77 44 72
Métro Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville

Ouverture tous les jours sauf le samedi
de 10h à 18h et le jeudi jusqu’à 22h

Exposition, bilingue anglais – français
Entrée libre

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Rwanda: la participation des femmes au Génocide

Cette semaine, nos invités sont les réalisateurs du film À mots couverts, Violaine Baraduc et Alexandre Westphal. Un film qui interroge en particulier des femmes condamnées pour leur participation au Génocide et qui sera programme prochainement à Orléans, le Jeudi 25 février 2016, à 20h au Cinéma des Carmes.

Dans l’enceinte de la prison centrale de Kigali, huit femmes incarcérées témoignent. Vingt ans après le génocide perpétré contre les Tutsi rwandais, Immaculée et ses codétenues racontent leur participation aux violences, retracent leur itinéraire meurtrier et se confient.


À l’extérieur, le fils qu’Immaculée a eu avec un Tutsi occupe une place impossible entre bourreaux et victimes. Par des échanges de messages filmés, le jeune adulte et la détenue se jaugent, se redécouvrent.

Les images du Rwanda d’aujourd’hui sont investies par les souvenirs des personnages. À travers eux s’écrit l’histoire du génocide, au cours duquel des « femmes ordinaires » ont rejoint les rangs des tueurs.

Documentaire, 2014, 88 min, Les Films de l’embellie

Grand Prix du documentaire historique aux Rendez-vous de l’histoire de Blois en 2015

Doctorante à l’EHESS et co-réalisatrice du film, Violaine Baraduc a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah dans le cadre d’un séjour de recherche au Rwanda.

Projection

Jeudi 25 février 2016, 20h
Cinéma Les Carmes
7 rue des Carmes 45000 Orléans

En présence des réalisateurs.

Dans le cadre des Médiatiques, qui ont pour thème cette année « les Afriques contemporaines dans les médias ».

Vidéo à la demande

La version 52 minutes de ce film a été diffusée en février 2015 sur France 5 sous le titre « Rwanda, l’impossible pardon ». Elle est disponible en vidéo à la demande sur le site de France Télévisions.

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Roger Fichtenberg, un résistant juif dans le Sud Ouest

Cette semaine, nous recevons Roger Fichtenberg, ancien élu municipal du XIXème arrondissement, et qui pendant la guerre était un membre actif du réseau de la « Sixième », la Résistance EI. Basé à Moissac, Roger Fichtenberg se spécialise dans la fabrication des faux papiers. Après la guerre, il devient l’un des dirigeants du Cojasor, qui accueille les rescapés de la Shoah. Son témoignage est publié dans la collection « Témoignages de la Shoah » aux éditions FMS/ Le Manuscrit. Un témoignage précieux et remarquable.

 

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Ci dessus: Roger Fichtenberg Résistant dans la FFI en 1943.

Ci dessous: Roger Fichtenberg reçoit la légion d’honneur des mains du Premier Ministre, Manuel Valls.

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