Le camp de Drancy vu par Georges Horan-Koiransky

Emission du 18 février 2017: notre invité est Benoît Pouvreau, historien au service du patrimoine de la Seine St Denis, qui a supervisé l’édition du Journal d’un interné de Drancy, de Georges Horan, la réédition du Camp de Drancy, seuil de l’enfer juif, et qui est commissaire de l’exposition Drancy, au seuil de l’enfer, dessins de Georges Horan-Koiransky qui a lieu en ce moment et jusqu’au 15 avril au Mémorial de la Shoah au site de Drancy.

Koiranski a dessiné à la pointe sèche, en noir et blanc, les scènes auxquelles il a assisté lors de son internement en 1942 et 1943. Ces dessins, plus qu’un témoignage, par leur noirceur et leur style, montrent qu’il était un artiste. Il cherchait à décrire la réalité sordide, le désespoir, mais aussi l’humanité, les moments de révolte, la mort qui vient parfois comme une délivrance, comme dans ce dessin bouleversant d’un vieux Juif religieux, les yeux clos intitulé « délivré définitif».

Jusqu’à très récemment, on ignorait quasiment tout de l’auteur, protégé par son pseudonyme. Depuis peu, grâce à ses proches, il est possible d’en savoir beaucoup plus sur Georges Koiransky disparu en 1986 : croquis, dessins, courriers clandestins et officiels, documents administratifs et photographies et, enfin, ce journal d’internement inédit, écrit en 1943, sont désormais accessibles. Cette redécouverte éclaire son oeuvre et permet la réévaluation de ce « témoignage graphique » unique.

En savoir plus

Sur le Journal

capture-d-e-cran-2017-07-21-a-18-47-55-597230ca39310

La disparition de Josef Mengele

Emissions du 17 et du 24 décembre, animées par Stéphane Bou : notre invité est Olivier Guez, écrivain,  pour revenir sur les questions posées par son livre, La disparition de Josef Mengele, publié aux éditions Grasset, prix Renaudot.

 

C’est l’histoire d’un homme qui pourrit. Pas n’importe quel homme mais celui qui, opérant le tri à l’arrivée des convois à Auschwitz, sélectionnait les cobayes pour ses expérimentations médicales. Josef Mengele, « l’Ange de la mort » : son nom et son surnom vont devenir légendaires, charriant avec eux l’imaginaire de la pire criminalité nazie. Celle qui découpe, triture et veut s’enfoncer toujours plus loin dans le « matériel humain » pour percer le secret des races. Après la guerre, Mengele rejoint l’Amérique latine, où se retrouvent les plus fidèles d’Hitler qui ont réussi à s’échapper. En Argentine d’abord, puis au Paraguay et au Brésil. C’est là, au sein d’un « Quatrième Reich fantôme » nostalgique et qui rêve de revanche, qu’Olivier Guez – dans La disparition de Josef Mengele, qui vient d’obtenir le prix Renaudot – piste le « détritus de l’Histoire » dont il a fait un personnage de roman ; pour mieux le regarder pourrir comme une vieille pomme vénéneuse.

Pendant quelques années après la guerre, Mengele est comme un pacha qui survit bien grâce à son réseau d’entraide. Mais, alors que sa traque va s’intensifier, comme l’écrit Olivier Guez : « le voilà livré à lui-même, asservi à son existence, aux abois, moderne Caïn errant. Commence la descente aux enfers. Il va ronger son cœur et s’égarer dans la nuit ». Le livre met alors en scène le contraste entre la mythologie, décrite par Olivier Guez comme celle « d’un super vilain aussi insaisissable que Goldfinger, une figure pop du mal, invincible, richissime et rusée » et la réalité d’une déchéance sans commune mesure avec les fantasmes qui ont inspiré  Hollywood (on pense ici aux personnages incarnés par Lawrence Olivier dans Marathon Man, par exemple, ou par Gregory Peck dans Ces garçons qui venaient du Brésil).

Tout au long d’un récit sec et précis, qui fuit la grandiloquence – on est loin des Bienveillantes de Jonathan Littel –, le lecteur est pris par un étrange suspense. Celui qui suit l’agonie misérable d’un criminel monstrueux devenu une épave paranoïaque.

Olivier Guez

Mémoire d’Abba Kovner

Emission du 10 décembre 2017: notre invitée est Alexandra Laignel Lavastine, philosophe et historienne, qui a traduit le livre de Dina Porat, Le juif qui savait, la figure légendaire d’Abba Kovner, paru aux éditions le Bord de l’eau avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

Pour en savoir plus

Dina Porat et Alexandra Laignel Lavastine seront présentes le 21 janvier prochain à 14H30 pour une rencontre au Mémorial de la Shoah

Abba Kovner

Vie et destin: le manuscrit sauvé du KGB

Emission du 22 octobre 2017: notre invitée est la réalisatrice Priscilla Pizzatto, pour le documentaire qu’elle consacre à l’histoire du livre Vie et Destin, de Vassili Grossman, qui sera projeté le 24 janvier 2018 sur Arte.

« L’essentiel de notre XXè siècle tient dans le face à face des forteresses de la mort, Auschwitz et la Kolyma, et tout ce qui tourne autour, nazisme, communisme, guerre mondiale, révolution… Si l’on veut écrire un livre qui ait une chance de totaliser un peu de l’esprit de ce temps, et pas seulement de témoigner d’une réalité partielle,  il suffit de prendre à bras le corps ce grand débat, grand jeu de miroir en fait. C’est ce qu’a fait Vassili Grossman avec Vie et Destin. Il fallait seulement avoir vécu soi-même au cœur des ténèbres et se sentir la force d’un Titan ». Ces phrases sont d’Olivier Rolin, parues dans Libération au début des années 80, quand Vie et Destin  est enfin devenu disponible dans sa traduction en français ; Olivier Rolin, l’un des intervenants du documentaire Le Manuscrit sauvé du KGB. ‘Vie et destin’ de Vassili Grossman, qui sera diffusé le 25 octobre sur Arte. 35 ans après avoir écrit ces lignes, il revient y dire aujourd’hui le choc que représente la découverte de ce livre monumental qui raconte la bataille de Stalingrad, la découverte des camps nazis et la prise de conscience de l’extermination des Juifs, et cela en engageant une ample réflexion sur le totalitarisme où le nazisme et le stalinisme sont en effet mis l’un en face de l’autre.

NB l’émission annonçait une diffusion le 25 octobre 2017: celle-ci a été reportée, Arte ayant finalement programmé une soirée d’hommage à Danielle Darrieux ce même soir.

En savoir plus

640_priscilla