Invité cette semaine, le rabbin Aaron Eliacheff, pour nous parler d’un document unique sur la vie religieuse pendant la Shoah, à travers les réponses du Rav Oshri aux questions de ses fidèles dans le ghetto de Kovno, en Lituanie, qui viennent d’être publiées aux éditions Albin Michel.
Emission animée par Perrine Kervran
Albin Michel – 2011 – Enfermés, humiliés et décimés dans le ghetto de Kovno – cette ville de Lituanie qui avait été la capitale mondiale du savoir talmudique –, les Juifs ne renoncèrent pas à respecter la Loi, et, face à des situations inédites dans la monstruosité, à poser des questions éthiques et juridiques à leur rabbin.
Quels rites pénitentiels faut-il suivre lorsque l’on a été contraint de déchirer les rouleaux de la Torah de ses propres mains pour y envelopper des carcasses de chiens ? A-t-on le droit de s’emparer d’un permis de travail qui sauvera la vie de sa famille aux dépends d’une autre ? Est-il permis de marcher dans des rues pavées de pierres tombales ? L’avortement est-il envisageable dès lors que les nazis ont menacé d’abattre sur-le-champ toute femme enceinte ?…
Autant de dilemmes insondables, parmi une centaine d’autres, qui furent soumis à Rabbi Ephraïm Oshry pendant ces années d’enfer. Ayant survécu à la Shoah, il a rassemblé les questions de ses fidèles et les réponses qu’il leur avait apportées, pour témoigner de la dignité et de la force d’âme des victimes. Un document unique sur la « résistance spirituelle juive », qui permet de renouveler l’approche religieuse sur la Shoah.
Ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Il y a 50 ans s’ouvrait à Jérusalem le procès d’Adolf Eichmann. Evénement politique majeur, le procès de ce criminel nazi de premier plan eut un retentissement mondial. Il marqua un tournant et contribua à faire émerger la mémoire de la Shoah dans la conscience collective. Avec nous pour en parler, Michaël Prazan, réalisateur du film « Le procès d’Adolf Eichmann », prochainement diffusé sur France 2.
Emission animée par Perrine Kervran
Pendant 4 mois à partir d’avril 1961 s’est tenu à Jérusalem le procès de celui qui a organisé le transport des Juifs vers la mort: Adolf Eichmann, celui que Ben Gourion a présenté à l’époque comme l’architecte de la Solution finale. A l’initiative d’Annette Wieviorka, ce film, qu’elle a co-écrit avec Michaël Prazan, permet, au delà du procès de l’homme, de remettre au centre de la réflexion la question du témoignage des rescapés de la Shoah.
Mais ce procès a aussi été un événement médiatique, le premier retransmis sur les écrans du monde entier, un procès qui a eu pour conséquence de faire émerger dans le débat public en 1961 la question de l’extermination des Juifs d’Europe.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah a soutenu ce film ainsi que les autres initiatives autour de la commémoration du 50 ème anniversaire du procès Eichmann:
Mardi 5 avril 2011, 18h30
Rencontre – Leo Hurwitz, l’homme qui a filmé Eichmann
Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand
Du 8 avril au 30 septembre 2011
Exposition – Juger Eichmann, Jérusalem, 1961
Mémorial de la Shoah, Paris (Plus d’information)
Dimanche 17 avril 2011, 19h30 au Mémorial de la Shoah et Jeudi 21 avril 2011, 22h30 sur France 2
Documentaire – le procès d’Adolf Eichmann, de Michaël Prazan
Lundi 6 juin 2011, 17h
Rencontre avec deux grands témoins : Haïm Gouri, poète et journaliste ayant couvert le procès pour le journal israélien Lamerhav. Ses chroniques ont été rassemblées dans La cage de verre (Albin Michel, 1964, pour la 1ère édition française)
Micky Goldman-Gilad, survivant du ghetto de Przemysl et d’Auschwitz, enquêteur dans l’unité spéciale de la police israélienne en charge de l’interrogatoire d’Eichmann lors de sa détention préalable au procès
Auditorium de la Mairie de Paris
Du 7 au 9 juin 2011
Colloque – Le procès Eichmann : réceptions, médiations, postérité
Colloque international et pluridisciplinaire (histoire, philosophie, littérature, cinéma…) organisé par Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS, et Sylvie Lindeperg, professeur des Universités, Paris I
Université Paris I Panthéon-Sorbonne / Institut national de l’Histoire de l’Art
Le 13 avril 2011, au Palais de l’Elysée, le Président de la République remettra les insignes de la légion d’honneur à 6 anciens déportés « enfants de Buchenwald », ces enfants venus des ghettos et des camps de concentration, avant d’être regroupés au camp de Buchenwald. Après la libération, 500 d’entre eux sont accueillis en France. Pour revenir sur cette histoire singulière et méconnue, nous recevons cette semaine l’historienne Katy Hazan, responsable du servive « Histoire et Mémoire » de l’OSE (Oeuvre de Secours aux enfants).
Emission animée par Perrine Kervran
Lorsque le 11 avril 1945, les soldats de l’armée américaine pénètrent dans le camp de concentration de Buchenwald, un camp où étaient principalement détenus des prisonniers politiques, parmi lesquels les Français constituaient le groupe le plus important, ils découvrent avec stupeur un millier d’enfants et d’adolescents juifs, rescapés des « marches de la mort », qui venaient d’arriver à Buchenwald.
Alors que les déportés politiques sont très rapidement rapatriés vers la France, les Alliés ne savent que faire de ces jeunes qui n’ont plus ni parents ni famille.
Le rabbin aumônier des forces américaines, Hershl Schechter, ayant entendu parler du formidable travail de sauvetage mené en France par l’Oeuvre de Secours aux Enfants – qui par le biais d’un réseau clandestin est parvenu à sauver plus de 2.000 enfants juifs de la déportation – se tourne alors vers cette association pour envisager la prise en charge de ces jeunes.
L’OSE – association sociale juive qui, au sortir de la guerre, a ouvert 25 maisons d’enfants à l’intention des orphelins de la Shoah, enfants cachés ou déportés – se mobilise immédiatement, en lançant une campagne d’opinion publique sur le sort de ces enfants, relayée à la fois par le Parti communiste français et le journal L’Humanité, ainsi que par le mouvement gaulliste, en la personne de Geneviève Anthonioz-De Gaulle. Le gouvernement provisoire de la République française décide d’accueillir 426 de ces jeunes rescapés.
Le 6 juin 1945, les enfants de Buchenwald arrivent dans le préventorium d’Ecouis, lieu de transit mis à disposition de l’OSE par le gouvernement français. C’est là que les garçons deviennent les « enfants de Buchenwald », certains amers et rageurs, d’autres, joyeux drilles, cherchant à rattraper le temps perdu, vacillants mais jamais terrassés.
Pour tous, Ecouis est un choc, confrontation improbable et difficile entre des enfants détruits, fragiles et imprévisibles, et le personnel de l’OSE, indécis et placé face à une situation à laquelle il n’était pas préparé. Ils attendaient des enfants, ce fut, pour la plupart, des adolescents qui vinrent habiter les locaux du préventorium. Des peluches et des jouets avaient été disposés sur les lits des dortoirs, mais ce furent d’abord la confiance et le dialogue qu’il fallut rétablir pour rendre leur enfance disparue à ces « enfants ».
Puis, à force d’être entourés, aimés et compris autant qu’il était possible aux adultes de l’OSE de le faire, des sourires et des larmes se firent jour, larmes auxquelles bon nombre de ces enfants attribuent leur retour à l’humanité.
Quarante-huit pour cent des jeunes ont retrouvé un membre de leur famille. Les autres sont seuls au monde. A la fermeture d’Ecouis, 17 d’entre eux ont retrouvé des attaches familiales en France et 33 ont été placés dans des familles d’accueil. Les plus religieux sont envoyés à Ambloy, puis à Taverny et Versailles, les autres dans le foyer de la rue Rollin, et dans les maisons d’enfants, quelques uns à Moissac (chez les Eclaireurs israélites) pour se refaire une santé.
Sur les 426 venus en France, une vingtaine d’enfants sont restés et ont demandé la nationalité française. Ils se sont intégrés et ont fondé une famille. Les autres se sont dispersés sur les cinq continents. Ils sont devenus israéliens, américains, canadiens, australiens. Parmi eux, l’écrivain et prix Nobel de la paix Elie Wiesel et l’ancien grand rabbin d’Israël, Meir Lau.
Katy Hazan a publié A la vie! Les enfants de Buchenwald, du shtetl à l’OSE aux éditions FMS/ Le Manuscrit
Invités de cette émission, Jean-François Forges, et Pierre-Jérôme Biscarat, historiens et pédagogues, qui viennent d’éditer aux éditions Autrement un guide historique d’Auschwitz.
Emission animée par Perrine Kervran
Issu d’un travail de préparation réalisé afin d’accompagner des voyages pédagogiques à Auschwitz-Birkenau, ce livre permet de faire le lien entre ce qu’il reste aujourd’hui du centre d’extermination de Birkenau ou des camps de concentration d’Auschwitz I, Birkenau, Monowitz et leurs kommandos et ce qu’ils ont été pendant les années où ils ont été en activité. Cet ouvrage complète ainsi les récits des survivants, tels que ceux présentés dans le DVD-Rom « Mémoire demain » de l’Union des déportés d’Auschwitz.
En parcourant les lieux, en suggérant des itinéraires et en revenant également sur les traces de la vie juive de Cracovie, ce livre permet de mieux comprendre ce que l’on voit lorsque l’on se rend à Auschwitz ou quand on en regarde des photographies.
Cet ouvrage est illustré de 70 photos contemporaines, 25 photos d’archives, 15 cartes et plans.
Jean-François Forges est professeur d’histoire. Il est notamment l’auteur de Eduquer contre Auschwitz.
Pierre-Jérôme Biscarat est membre du service pédagogique de la Maison d’Izieu.