Emission du 1er mars 2020 : nos invités sont Baptiste Antignani, réalisateur d’Une vie nous sépare, diffusé le 4 mars sur Canal + Family et le 6 avril sur France 3 et Myriam Weil, productrice.
Elle a 92 ans, elle est belle, elle est chic, et elle enchaîne les cigarettes. Il a 19 ans, les yeux verts, l’envie de comprendre, de déchirer un voile, de ressentir une émotion, de devenir cinéaste, enfin. Elle s’appelle Denise Holstein et a survécu aux camps de la mort. Il s’appelle Baptiste Antignani, sort à peine du lycée de Rouen où ils se sont assis sur les mêmes bancs, à 75 ans d’écart.
Après un voyage à Auschwitz avec sa classe, Baptiste décide de rencontrer cette dame dont son professeur d’histoire a écrit le numéro de téléphone au tableau, car il n’a pas ressenti d’émotion lors de ce voyage. Devoir de mémoire, devoir d’émotion, est-ce si évident ?
Baptiste Antignani a fait de cette expérience son premier film, Une vie nous sépare, soutenu par la FMS, ainsi qu’un livre, paru aux éditions Fayard.
Émission du 14 juillet 2019 avec Rachel Ertel et Stéphane Bou, à l’occasion de la parution aux éditions Albin Michel de Mémoire du yiddish : transmettre une langue assassinée.
Émission animée par Juliette Sénik et préparée par Rachel Rimmer.
Rachel Ertel a consacré sa vie à faire connaître et reconnaître la littérature yiddish aux lecteurs francophones. Par ses essais, ses traductions et son enseignement, elle a œuvré pour la sauvegarde et la transmission de ce riche espace culturel.
Son parcours personnel est bouleversant : c’est celui d’une petite fille aux parents écrivains rescapés de la Shoah, qui fut déportée en URSS pendant la guerre avant de trouver refuge en France et de voyager aux États-Unis ; c’est aussi celui d’une femme de conviction, déracinée mais passionnée, amie des artistes, des poètes et des grands auteurs yiddish du XXe siècle.
Au fil des souvenirs convoqués émergent les grandes problématiques au cœur de la création littéraire, et en particulier les enjeux de toute traduction : Comment transmettre une mémoire perdue, ressusciter un monde aboli ? Comment transposer une langue mourante, liée à un vécu et à une destruction hors parole, en une langue vivante ? Comment concilier le deuil de la langue et la jouissance esthétique de la translation, de la transposition, de l’écriture ?
À travers la voix forte d’une grande passeuse de la mémoire du monde yiddish, nous entendons la langue des assassinés. Rachel Ertel nous rappelle que l’Anéantissement est au-delà des pleurs, du temps, comme une entaille dans l’histoire de l’humanité, dont seule l’écriture peut porter témoignage, afin qu’il ne soit jamais oublié.
Rachel Ertel a enseigné la littérature américaine à l’université Paris 7 où elle a fondé le Centre d’études judéo-américaines. Elle est également présidente d’honneur de la Maison de la culture yiddish. Stéphane Bou est journaliste, et anime l’émission « Mémoires Vives », en alternance avec Juliette Sénik.
Emission du 20 janvier 2019: notre invitée est Muriel Coulin, metteuse en scène et cinéaste, pour la pièce Charlotte, à partir de l’oeuvre de Charlotte Salomon: Vie ou Théâtre? , qui est jouée actuellement au Théâtre du Rond Point jusqu’au 3 février 2019.
« Ce qui s’est si effroyablement passé en moi à petite échelle se déroulait en grand dans le monde ».
L’histoire a lieu entre 1913 et 1943, en Allemagne puis en France pendant la montée du nazisme. Charlotte Salomon est une jeune artiste, issue d’une famille juive berlinoise cultivée et assimilée. Elle sera assassinée dans les camps à 26 ans. Sa famille était atteinte d’un mal mystérieux, la malédiction du suicide. Avant de disparaître, Charlotte en a fait un livret d’opérette illustré par ses peintures fulgurantes, intitulé « vie ou théâtre ? ».
Etrangement, le journal peint de cette artiste de génie, destiné à être joué et chanté, a fait l’objet d’expositions, de livres, de films, mais jamais d’une mise en scène au théâtre, alors que c’était aussi sa destination. Aujourd’hui, pour la première fois, on peut voir sur scène au théâtre du rond point la pièce « Charlotte », mise en scène avec talent par Muriel Coulin. C’est une production soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Emission du 6 mai 2017 : notre invité est Nicolas Feuillie, commissaire de l’exposition Helmar Lerski, pionnier de la lumière, actuellement présentée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.