Parcours d’un orphelin, Charles Wasersctajn

Invités de l’émission du 2 avril: Nathalie Grenon, directrice du Cercil et Charles Waserscztajn, qui publie « Sauvé d’Auschwitz par l’assistance publique » aux éditions du Cercil

Pour Charles Waserscztajn, tout a commencé par une erreur lors de son enregistrement à l’Assistance publique, le 6 décembre 1940. Tauba, sa mère, jeune femme juive polonaise réfugiée en France depuis 1938, totalement démunie, sans solution, confie « provisoirement » son enfant à l’institution publique. En fait, celle-ci enregistre un abandon « définitif ». Cette erreur sauvera l’enfant de la déportation…Mais elle séparera définitivement l’enfant de sa mère. Tauba, engagée dans de nombreuses démarches pour récupérer son enfant, refusera de quitter Paris, au péril de sa vie… En 2001, Charles découvre son histoire dans le dossier conservé à l’Assistance publique et commence alors une enquête sur ce passé inconnu, sur les traces de ses parents déportés à Auschwitz et de sa petite enfance passée chez des nourrices dans le Berry. À la fois travail de mémoire et recherche à dimension historique, ce récit autobiographique entremêle l’itinéraire personnel, chaotique et attachant, d’un orphelin et les pages tragiques des rafles parisiennes, du camp d’internement de Pithiviers et de la Shoah. Documents administratifs inédits et photos familiales nous donnent à partager le parcours singulier d’un enfant de l’Assistance publique qui a su surmonter les épreuves de la vie, mû par une foi inébranlable dans les vertus égalitaires de la République, parce que celle-ci sait donner sa chance à ceux qui choisissent de la saisir.
COUV-Charles-Cercil

Mère de guerre

Nous recevons aujourd’hui Adolphe Nysenholc et Annie Rayski,  à l’occasion de la pièce « Mère de guerre », présentée pour la première fois à Paris avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

220px-AdolpheNysenholc« Mère de guerre », c’est un texte poignant qui met en scène un fils, sur le point de mourir, qui est violemment partagé entre l’amour pour ses parents, qui sont morts en déportation et celui pour ceux qu’il appelle parâtre et marâtre,  un couple de belges âgés, qui l’ont sauvé de la mort en le recueillant chez eux, pendant la guerre. Cette thématique de la fidélité à ses origines est ici amplifiée, mise en perspective par le fait que les principaux protagonistes sont morts, les parents déportés et les parents adoptifs et qu’il faut maintenant pour le fils choisir qui il va rejoindre dans la mort, le parâtre et la marâtre qui ont droit à une sépulture ou ses parents qui ont été anéantis dans une mort anonyme. Cette métaphore de ce fils visité par ses morts amène une réflexion sur cette question de la fidélité qui ne cesse de se poser, à tous les âges de la vie.

Jusqu’au mer. 30 janv. 2013 – Théâtre Aire Falguière, Paris – Mère de guerre présente un jugement de Salomon moderne. Un fils au seuil de la mort doit choisir entre deux femmes, deux revenantes, pour l’accompagner dans l’au-delà. La première est une jeune fille morte en déportation qui le hante tel un dibbouk, une âme en perdition. L’autre, décédée à plus de 90 ans, est une Juste qui a sauvé l’enfant durant la guerre. Mais qui est la vraie mère ? Celle qui donne la vie ou celle qui la préserve ?

Lecture de et par Adolphe Nysenholc
Accompagné à l’alto par Sonia Moshnyager

Ce spectacle a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Représentations

Les mercredis du 9 au 30 janvier 2013 à 21h

Théâtre Aire Falguière
55, rue de la Procession
75015 Paris

Tarif plein : 20 €, réduit : 15 €, étudiant : 10 €

Réservation : resa.airefalguiere@orange.fr ou 01 56 58 02 32

Finaliste du Prix Rossel pour son roman Bubelè, l’enfant à l’ombre (Ed. L’Harmattan, 2007), Adolphe Nysenholc est aussi l’auteur de plusieurs essais sur le cinéma. La pièce Mère de guerre (Ed. Lansman, 2006) a été présentée à Cracovie, Sibiu (Roumanie), Marseille, Jérusalem (à Yad Vashem), Avignon, Anvers, Yale University (USA)…

La demi douce

Invité cette semaine, Henri Ostrowiecki, orphelin de la Shoah, qui publie aux éditions des Rosiers la demi-douce, un témoignage sensible.

Emission animée par Perrine Kervran

Enfant, Henri Ostrowiecki échappa à la rafle du Vel’ d’Hiv’ grâce à la présence d’esprit de sa mère. Recueilli par son oncle et sa tante, il grandit en banlieue parisienne au sein d’une famille juive polonaise. Alors que ses cousins réussissent leurs études, Henri rate le concours d’entrée en sixième. Apprenti puis ouvrier ajusteur, l’orphelin éprouve un sentiment d’injustice et d’incompréhension. <!–Il est contraint à un travail répétitif et connaît la difficile condition ouvrière de l’après-guerre. L’indicible blessure de l’orphelin est toujours là dissimulée au fonds de lui-même.Jusqu’à cette “nuit de Bizerte” où avec l’écriture qui survient la parole s’installe. Où le destin juif et le destin ouvrier, ces deux figures du malheur à ses yeux, se craquellent pour laisser place à un sujet qui fait de la parole et de l’écrit les visages d’une même libération.

Les mots balancés rageusement le feront se projeter hors de lui. Ils donneront quelques années plus tard un manuscrit, ce livre.

Ce récit est paru avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

- Commander le livre auprès des éditions des Rosiers.

Pleurnichard

A l’occasion des lectures de Pleurnichard qui auront lieu au théâtre du Rond-Point du 8 au 12 mars 2011, Mémoires Vives reçoit Jean-Claude Grumberg, auteur dramatique.

Emission animée par Perrine Kervran

Pleurnichard. C’est le joli titre du livre de Jean-Claude Grumberg paru en 2010 aux éditions du Seuil et c’est aussi une sorte de pseudonyme pour dire l’enfant, l’adolescent et le jeune homme qu’il a été. Dans ce livre dont il lira des extraits sur scène, l’auteur devenu homme de théâtre et écrivain regarde avec tendresse et ironie l’orphelin apeuré dont le père est mort « en déportation », l’apprenti tailleur inconsolable qui rêve d’une autre vie et l’enfant en colère qui partait en colonies de vacances dans les pays communistes. C’est un livre grinçant, mordant, mais aussi un livre qui fait rire tout haut, ce qui n’est pas si fréquent. Et pourtant, c’est aussi la voix d’un enfant rempli d’un chagrin qui le dépasse et qu’il ne comprend pas.

Comme un funambule sur son fil, Pleurnichard guide Jean-Claude Grumberg dans la traversée de sa vie. L’un se cachant derrière l’autre, tous deux tentent de vaincre leur peur en la proclamant.
« […] Comment se venger ? de quoi ? Pleurnichard avait trouvé inconsciemment son moyen : insulter les flics, les douaniers, les préposés à l’état civil ou tout autre fonctionnaire rond de cuir et manches de lustrine, les instituteurs, les contrôleurs SNCF et RATP, tous ceux qui incarnaient plus ou moins à ses yeux le pouvoir, l’autorité. Voilà. […]

Drôle de manière de se venger dites-vous ? Sans doute. Refuser la société même au sein des organisations dont le but avoué semblait être la destruction de cette société, se faire un devoir d’y râler, d’y ricaner, d’y douter, d’ironiser. On tue ton père et tu ne te venges pas. Hamlet. La pièce était faite. Faire ou défaire, voilà la question. […] »

« En fait, je n’ai jamais su vraiment me comporter devant le malheur absolu. Faut-il pleurer, s’arracher la tête et la piétiner, ou rire à en crever? Désormais, pour être sûr d’être tout à fait humain, je m’efforce et m’efforcerai de faire les trois ensemble. »