Emission du 5 juillet 2020: notre invité est Guillaume Ribot, réalisateur d’un documentaire saisissant, retraçant toute l’histoire du livre noir de Solomon Mikhoels, Ilya Ehrenbourg, et Vassili Grossman, et la manière dont le livre nous est finalement parvenu, plus de cinquante ans après son écriture.
La rencontre d’Albert Einstein, à la genèse du Livre Noir
Emission du 29 décembre 2019: nos invités sont Pierre et Denis Moscovici, à l’occasion de la parution des mémoires d’après guerre de leur père, Serge Moscovici, intitulé « Mon après-guerre à Paris, chronique des années retrouvées », aux éditions Grasset. Le texte a été établi, présenté et annoté par Alexandra Laignel-Lavastine.
Emission du 24 novembre 2019: nous avons le plaisir de recevoir Alain de Toledo, Président de l’association Muestros Dezaparecidos et Sabi Soulam, dont les deux parents ont été déportés, ancien résistant au sein des EIF de zone Nord.
Parmi les 76 000 juifs déportés de France, 5300 étaient judéo espagnols, issus de l’ex empire Ottoman, principalement des Balkans. Une communauté qui avait ses rites propres, en ladino, sa langue, le judéo espagnol, ses quartiers à Paris, principalement dans le XIème arrondissement, et qui a une identité bien particulière à l’intérieur du monde séfarade. L’association Muestros Dezaparecidos, présidée par Alain de Toledo, a une vocation particulière, celle de recenser les disparus, à travers un Mémorial des Judéo-Espagnols déportés de France, un ouvrage remarquable qui est paru cette année. Un ouvrage remarquable parce qu’il y a un formidable appareil historique qui brasse entre autres toute l’histoire du monde judéo espagol dans l’empire Ottoman, les réseaux culturels, les communautés arrivées en France, la vie avant pendant et après la guerre, les grandes figures de la Résistance juive issus du monde judéo espagnol, parmi lesquelles Sabi Soulam, qui participait à « la Sixième » des éclaireurs israélites de France en zone Nord.
Photo: Fortunée (Mazelto) Bidjarano, « la Renarde », arrêtée en tentant de sauver son fils, déportée par le convoi 75, 30 mai 1944
Émission du 14 juillet 2019 avec Rachel Ertel et Stéphane Bou, à l’occasion de la parution aux éditions Albin Michel de Mémoire du yiddish : transmettre une langue assassinée.
Émission animée par Juliette Sénik et préparée par Rachel Rimmer.
Rachel Ertel a consacré sa vie à faire connaître et reconnaître la littérature yiddish aux lecteurs francophones. Par ses essais, ses traductions et son enseignement, elle a œuvré pour la sauvegarde et la transmission de ce riche espace culturel.
Son parcours personnel est bouleversant : c’est celui d’une petite fille aux parents écrivains rescapés de la Shoah, qui fut déportée en URSS pendant la guerre avant de trouver refuge en France et de voyager aux États-Unis ; c’est aussi celui d’une femme de conviction, déracinée mais passionnée, amie des artistes, des poètes et des grands auteurs yiddish du XXe siècle.
Au fil des souvenirs convoqués émergent les grandes problématiques au cœur de la création littéraire, et en particulier les enjeux de toute traduction : Comment transmettre une mémoire perdue, ressusciter un monde aboli ? Comment transposer une langue mourante, liée à un vécu et à une destruction hors parole, en une langue vivante ? Comment concilier le deuil de la langue et la jouissance esthétique de la translation, de la transposition, de l’écriture ?
À travers la voix forte d’une grande passeuse de la mémoire du monde yiddish, nous entendons la langue des assassinés. Rachel Ertel nous rappelle que l’Anéantissement est au-delà des pleurs, du temps, comme une entaille dans l’histoire de l’humanité, dont seule l’écriture peut porter témoignage, afin qu’il ne soit jamais oublié.
Rachel Ertel a enseigné la littérature américaine à l’université Paris 7 où elle a fondé le Centre d’études judéo-américaines. Elle est également présidente d’honneur de la Maison de la culture yiddish. Stéphane Bou est journaliste, et anime l’émission « Mémoires Vives », en alternance avec Juliette Sénik.