Saul Friedländer vient de publier deux livres aux éditions du Seuil: Réflexions sur le nazisme, un livre d’entretien avec Stéphane Bou et Où mène le souvenir, la suite de son autobiographie, où il raconte son arrivée en Israël à bord de l’Altaléna et son cheminement pour devenir le grand historien du nazisme qu’il est devenu.
Mémoires Vives l’avait reçu en 2008. Nous rediffusons l’entretien mené avec lui où il racontait aussi son parcours.
Cette semaine, notre invité est Ophir Levy, historien du cinéma, à l’occasion de la parution de son livre Images Clandestines, Métamorphoses d’une mémoire visuelle des » camps » aux éditions Hermann.
Depuis les années 1960-1970, la mémoire confuse des camps de concentration et du génocide des Juifs est devenue peu à peu omniprésente, au point d’engendrer un authentique imaginaire des « camps » dont les motifs resurgissent dans des films n’ayant pourtant aucun rapport avec la Seconde Guerre mondiale. Ces images clandestines apparaissent selon trois grandes modalités – l’imagerie, la persistance et la rémanence – qui affectent aussi bien le cinéma de science-fiction hollywoodien (Fleischer, Spielberg), les séries télévisées ou les films de zombies que le cinéma dit « d’auteur » européen (Godard, Bergman, Resnais, Akerman, Duras).
Ainsi, quelles images se trament sous les images ? Quel circuit mystérieux empruntent-elles parfois afin de parvenir jusqu’à nous ? Et surtout, de quelles obsessions et de quels discours nos images contemporaines sont-elles les véhicules ?
Ophir Levy enseigne l’histoire et l’esthétique du cinéma à l’université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Docteur en histoire du cinéma (Paris 1 – Panthéon-Sorbonne), ses travaux sur les « images clandestines » ont été récompensés par le prix de la Recherche 2014 décerné par l’Inathèque.
Dans le cadre de ses recherches, Ophir Levy a bénéficié d’une bourse de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Cette publication a également reçu le soutien de la Fondation.
Cette semaine, notre invité est Gilles Rozier, éditeur et fondateur des éditions de l’Antilope, qui publient un texte inédit, la traduction en français du journal d’Yitskhok Rudashevski, témoignage d’un adolescent dans le ghetto de Wilno. Ce texte bouleversant sera aussi à l’honneur lors de la rencontre dédiée aux écrits d’adolescents durant la Shoah qui aura lieu le 26 juin 2016 à 14h30 au Mémorial de la Shoah.
Enfermé dans le ghetto de Wilno (actuelle Vilnius, en Lituanie), Yitskhok Rudashevski livre un témoignage poignant de la vie quotidienne et des aspirations d’un adolescent confronté à l’enfermement et aux persécutions. Son journal se termine en avril 1943, six mois avant que son auteur ne soit assassiné à Ponar, le lieu d’exécution des Juifs de Wilno. Le manuscrit sera retrouvé après la guerre dans la cachette où la famille avait espéré échapper à la traque des nazis.
Extrait :
« Jeudi 10 décembre 1942
Est-il normal en mes meilleures années de voir cette seule ruelle, ces quelques cours encloses, étouffées ? Je voudrais crier au temps d’attendre, de cesser de courir. Je voudrais rattraper mon année passée et la garder pour plus tard, jusqu’à la nouvelle vie. Je n’éprouve pas le moindre désespoir. Aujourd’hui j’ai eu quinze ans et je vis confiant en l’avenir. Je vois devant moi du soleil, du soleil, du soleil… » Livre traduit du yiddish par Batia Baum et publié aux éditions de l’Antilope avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.