Le journal de Jacques Samuel

Cette semaine, nous recevons l’historienne Katy Hazan pour parler du Journal de Jacques Samuel, 1939-1944, une famille juive alsacienne dans la seconde guerre mondiale,  qui vient d’être publié dans la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en partenariat avec les éditions Le Manuscrit.

Jacques Samuel

Il s’agit du journal rédigé pendant la guerre par Jacques Samuel, né en 1919 à Mulhouse, un journal retrouvé par sa nièce Nicole Samuel-Guinard qui l’a confié à Katy Hazan, responsable du service archives et Histoire de l’OSE. C’est un parcours particulier depuis l’Alsace où Jacques Samuel fréquente le mouvement Yeshouroun, puis l’Exode et la fuite désordonnée vers Moulins et la Creuse, le refuge et l’expérience de la vie collective dans une ferme-école des Éclaireurs israélites de France (EIF) à Taluyers près de Lyon, et enfin l’épopée, qui tourna au drame, du passage des Pyrénées vers l’Espagne afin de rejoindre la Palestine.
D’une écriture précise et achevée, le Journal de Jacques Samuel nous plonge au coeur d’une période terrible, bien loin des stéréotypes
habituels.

Juifs en pays arabes

Comment en 25 ans, en l’espace d’une génération, tout un monde, toute une civilisation bimillénaire voire trimillénaire, a pu disparaître, sans laisser de traces dans les manuels scolaires, sans laisser beaucoup de traces si ce n’est dans les mémoires familiales? C’est la question importante qu’étudie l’historien Georges Bensoussan, notre invité cette semaine, à l’occasion de la parution de son dernier livre aux éditions Tallandier, Juifs en pays arabes, le grand déracinement 1850-1975.


Dans cet ouvrage, l’historien Georges Bensoussan cherche à comprendre comment les communautés juives d’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient – communautés parfois très anciennes – ont été contraintes de quitter leur pays après la Seconde Guerre mondiale. Il entend se détacher des lectures passionnelles et des partis pris idéologiques pour explorer les racines d’un exode qui ne fut pas le seul fait du conflit israélo-arabe.

Sous l’effet de la colonisation européenne, les Juifs des pays arabes, majoritairement séfarades, ont accédé à une forme de modernité culturelle, parfois à un réel développement économique, et se sont affranchis de l’ancestral statut de dhimmis.

Depuis les années 1920, la naissance de l’anticolonialisme arabe a structuré le destin des minorités juives prises malgré elles dans le conflit colonisé-colonisateur. La situation en Palestine et la collusion de certains leaders arabes avec les pays de l’Axe ont fini de dissoudre les ultimes liens qu’une longue cohabitation avait jadis établis.

Lors du reflux des puissances européennes, de nombreux Juifs furent ainsi contraints de partir après avoir subi humiliations et spoliations. Dans certains cas, ces phénomènes se sont accompagnés de violences physiques.

Du Maroc en Égypte, de la Libye au Yémen comme en Irak et en Tunisie, des centaines de milliers de Juifs ont ainsi dû quitter les pays arabo-musulmans en moins de 25 ans.

L’histoire dramatique de ces Juifs fut par la suite occultée, éclipsée par la prédominance d’un judaïsme ashkénaze lui-même recouvert par l’ombre immense de la Shoah.

S’appuyant sur des archives de l’Alliance israélite universelle, des documents diplomatiques français, des archives israéliennes et d’autres fonds épars du CDJC et de l’OSE, Georges Bensoussan a voulu envisager dans toute son épaisseur le déracinement des Juifs vivant dans les pays arabes.

Historien et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah (Paris), Georges Bensoussan est l’auteur de Un nom impérissable ? Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d’Europe (Seuil, 2008), Europe. Une passion génocidaire (Mille et une nuits, 2006), Une histoire intellectuelle et politique du sionisme (Fayard, 2002). Il a également co-dirigé le Dictionnaire de la Shoah (Larousse, 2009).

Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

- Commander le livre auprès de la librairie du Mémorial de la Shoah.