Imre Kertesz, ethique du récit et forme d’existence

Cette semaine, nos invitées sont LucieCampos et Clara Royer, deux jeunes chercheuses anciennes élèves de l’ENS, pour le colloque international qu’elles co-organisent avec Catherine Coquio : Imre Kertesz, éthique du récit et forme d’existence.

Emission animée par Kristel le Pollotec

Kerteszcolloque

Ven. 4 et sam. 5 oct. 2013 – Collège de France et ENS Ulm, Paris – En 2002, Imre Kertész recevait le prix Nobel de littérature pour une oeuvre singulière, inspirée de l’expérience d’Auschwitz mais hostile à tout poncif mémoriel, où une philosophie de l’existence s’arrime à une éthique de l’art, malgré la conscience très vive de l’épreuve radicale que les régimes totalitaires et le génocide ont fait subir aux valeurs de la culture.

Dix ans après ce prix, sa position ironique s’inscrit avec fermeté dans une civilisation forcée de composer avec le « point zéro » d’Auschwitz.

Convaincus que cette oeuvre forte constitue une des plus importantes réflexions sur « l’Holocauste comme culture », sur notre monde et son devenir, les organisateurs de ce colloque souhaitent ouvrir une réflexion sur ses enjeux éthiques, esthétiques et philosophiques – lien entre création et connaissance, souveraineté artistique et témoignage, littérature, éthique et politique – en interrogeant l’ensemble que constituent ses textes (romans, récits, journaux, essais, articles, entretiens).

Cela sera fait en considérant leurs contextes de production (la Hongrie communiste, puis l’exil à Berlin), le double ancrage de Kertész dans la langue hongroise et dans un espace plus large de références européennes, et enfin l’évolution contrastée de sa réception en Hongrie, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis.

Ce colloque est encadré par :
le CERILAC à Paris-Diderot axes « Pensée et création contemporaines » et « Écrire et penser avec l’histoire » ;
à l’ENS-Ulm : le Centre de recherches sur les relations entre littérature, philosophie et morale et le Centre international d’étude de la philosophie française (équipe CIRPHLES ) ;
à Paris IV : le Centre interdisciplinaire de recherches centre-européennes (équipe CRECOB) ;
à Paris III : le Centre interdisciplinaire d’études hongroises et finlandaises et le Centre d’études et de recherches comparatistes.

Il est organisé en partenariat avec le Collège de France, l’Institut hongrois de Paris, la Maison des écrivains et de la littérature et avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Colloque

Vendredi 4 et samedi 5 octobre 2013

Collège de France
11, place Marcelin Berthelot
75005 Paris

École normale supérieure
45 rue d’Ulm
75005 Paris

Programme du colloque (pdf)

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Comité d’organisation : Lucie Campos, Catherine Coquio, Jean-Charles Darmon, Clara Royer.

Comité Scientifique : Lucie Campos, Catherine Coquio, Philippe Daros, Paul Gradvohl, Judit Maar, Clara Royer, Susan Suleiman, Frédéric Worms.

Redécouvrir Piotr Rawicz

Bonjour, nous recevons aujourd’hui Anny Dayan Roseman, maître de conférences en littérature à l’université Paris VII, pour le livre « Un ciel de sang et de cendres, Piotr Rawicz et la solitude du témoin » qui vient de paraître aux éditions Kimé, et pour la rencontre intitulée Piotr Rawicz, un témoin scandaleux,  le 2 juin prochain au Mémorial de la Shoah.

 

AVT_Piotr-Rawicz_5330Une rencontre et un livre qui ont  pour ambition de faire redécouvrir Piotr Rawicz et plus particulièrement son roman « Le sang du ciel », paru en 1961 chez Gallimard qui témoigne de l’expérience concentrationnaire et de l’anéantissement des Juifs d’Europe de l’Est.  Un roman qui a été un choc au moment de sa parution, mais qui est tombé peu à peu dans l’oubli, au fur et à mesure que se constituaient les codes de la  » littérature du témoignage », codes auxquels échappe totalement l’oeuvre de Rawicz.

La rencontre du 2 juin au Mémorial de la Shoah se tiendra en présence d’Anny Dayan Rosenmann, de Fransiska Louwagie, d’Hélène Cixous, de Catherine Coquio, de Bertrand Leclair, d’Anthony Rudolf et de Régine Waintrater.

Isaac Bashevis Singer

En 1978, l’écrivain polonais, naturalisé américain Isaac Bashevis Singer recevait le prix Nobel de littérature pour « son art de conteur enthousiaste qui, prenant racine dans la culture et les traditions judéo-polonaises, ramène à la vie l’universalité de la condition humaine ». A l’occasion de la parution du cahier de l’Herne consacré à Isaac Bashevis Singer, nous recevons cette semaine Florence Noiville, écrivain, qui a coordonnée ce Cahier de l’Herne, publié avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

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Editions de l’Herne – 2012 – Consacré au grand écrivain Isaac Bashevis Singer, ce Cahier de l’Herne est dirigé par Florence Noiville en collaboration avec Pascale de Langautier. Il se propose de sortir des stéréotypes habituels qui entourent l’œuvre de ce prix Nobel de littérature, en donnant à voir un Singer méconnu et en montrant les nombreuses résonances de son œuvre dans la création et la pensée de notre époque.
Des spécialistes du yiddish dont Jean Baumgarten et Rachel Ertel rappellent dans ce cahier comment Singer s’inscrit dans la tradition et l’imaginaire ashkénaze. Ils y montrent également comment cette tradition est source de renouvellement, comment l’écrivain se l’approprie pour mieux la subvertir, créer et déranger. En effet, Singer sera de son vivant critiqué, voire détesté, comme le montre le témoignage d’Elie Wiesel, qui travailla longtemps avec lui au Forward, à New York.

A travers ce qu’il appelle sa « religion de la protestation », Singer, dans ses romans comme dans ses nouvelles, poursuit une forme de quête, tout à la fois physique et métaphysique, critique et humoristique, qui constitue un fil directeur de son œuvre. Ce volume a pour ambition de montrer qu’un philosophe inclassable se cache sous les habits du romancier.

Illustré de reproductions photographiques et de fac-similés, ce cahier contient un grand nombre de documents – nouvelles ou fragments de romans inachevés, correspondances, listes, entretiens avec d’autres écrivains…

Cette publication a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

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Commander cet ouvrage auprès des éditions de l’Herne

Florence Noiville publie en 2003 la première biographie française du prix Nobel de littérature américain Isaac Bashevis Singer qui reçoit le Prix du récit biographique 2004. Puis un premier roman, La Donation (Stock, 2007).  En 2012, elle publie son deuxième roman, L’Attachement (Stock), et dirige le Cahier de l’Herne Singer.

Les enfants du ghetto, d’Israël Zangwill

Les enfants du ghetto, d’Israël Zangwill, paru à Londres en 1892  a été en son temps un best seller, vendu à l’époque à 100 000 exemplaires. Il reparaît aujourd’hui intégralement aux éditions des Belles lettres, dans une formidable traduction de Marie-Brunette Spire, notre invitée, qui permet de profiter pleinement la langue de Zangwill et son écriture riche et foisonnante.

Ce roman qui est sous titré Etude d’un peuple singulier décrit la vie dans le misérable quartier juif de Whitechapel à Londres à la fin du XIXème siècle. Il décrit la survie de familles fraichement émigrées venues d’Europe de l’Est, qui tentent de survivre tout en recréant ou préservant le quotidien qu’ils ont quitté et le cocon de l’orthodoxie religieuse. Il décrit aussi la génération des enfants qui veulent laisser le shtettl derrière eux, oublient le yiddish et aspirent à la modernité. Il raconte encore ceux qui veulent réinventer la tradition pour la maintenir, tout en épousant la vie et la modernité londonienne.

Roman pittoresque et foisonnant, roman sociologique et historique qui valut à Zangwill d’être appelé le Dickens du Ghetto, Children of the Ghetto, régulièrement republié en Grande-Bretagne et aux États-Unis, est composé de deux parties : « Les enfants du Ghetto » et « Les petits-enfants du Ghetto. »

Cet ouvrage a été traduit et publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Les enfants du Ghetto
Étude d’un peuple singulier
Israel Zangwill
Traduction Marie-Brunette Spire
Editions Les Belles Lettres