A l’occasion de l’anniversaire de la libération du camp de Bergen Belsen, nous recevons la romancière Ruth Zylberman, fille d’une enfant déportée à Bergen-Belsen et qui publie un roman très puissant, la direction de l’absent, aux éditions Christian Bourgois.
Notre invitée cette semaine est Nathalie Hazan Brunet, conservatrice, commissaire de l’expositionsur le peintre Maryan, survivant de la Shoah, au Musée d’art et d’histoire du judaïsme.
Peuplée de juges, de gardiens de camps, de clowns, d’inquisiteurs, de bourreaux, d’imbéciles – une humanité avilie ou terrorisée –, l’œuvre de Maryan (Pinchas Burstein, 1927-1977) est puissante, tragique, grinçante, inclassable. Né en Pologne, à Nowy Sacz, Maryan passe son adolescence dans des ghettos, des camps de travail et de concentration.
Seul survivant de sa famille, il part en 1947 pour la Palestine et entre à l’école d’art Bezalel à Jérusalem, où il expose pour la première fois en 1949. L’année suivante, il se rend à Paris, étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans l’atelier de Fernand Léger, et suit des cours de lithographie.
Dès 1952, il expose à la galerie Breteau, puis, à partir de 1956, à la galerie de France, tout en participant à de nombreux salons et expositions collectives. En 1962, lassé du monde de l’art parisien, il s’installe à New York et devient citoyen américain. Il décède subitement, au Chelsea Hotel, en 1977.
Dans les années 1950, sa peinture oscille entre une figuration cubisante, graphique et narquoise et une abstraction dans laquelle on devine des corps, des visages, des formes animales.
À partir de 1960, ses personnages enfermés dans des boîtes cèdent la place à un carnaval de créatures, mi-hommes mi-animaux, incarnant pouvoir, autosatisfaction, dégoût, idiotie. Si sa peinture trouve à New York un environnement artistique où se déployer, cette liberté coïncide avec une fragilité grandissante, physique et mentale, de l’artiste.
En 1971, sur les conseils de son psychanalyste, Maryan a recours au dessin pour expurger les visions qui l’obsèdent. Une année durant, il remplit à l’encre de Chine neuf carnets. Cet ensemble, sans équivalent, qu’il intitule Ecce homo sera présenté pour la première fois. Ils constituent le cœur et la trame de l’exposition. Avec un humour désespéré et ravageur, il y revient sur son enfance, sur sa traversée de la guerre, qu’il accompagne de commentaires lapidaires dans un anglais mâtiné de français, de yiddish et de polonais.
L’exposition n’est pas une rétrospective. Hormis un tableau clé de 1952, elle reprend les temps forts de l’œuvre peint et dessiné de 1960 à 1977. Elle comprend, outre les carnets de 1971 – donnés par la veuve de l’artiste au musée national d’Art moderne, Centre Pompidou en 2012 –, vingt peintures et une quarantaine de dessins regroupés par séries. Des extraits du film Ecce homo, tourné au Chelsea Hotel en 1975, seront montrés dans le parcours.
Exposition
Du mercredi 6 novembre 2013 au dimanche 9 février 2014
A l’occasion de la 2e édition de l’université judéo-espagnole, qui a eu lieu à Paris du 7 au 12 juillet avec le soutien de la fondation pour la Mémoire de la Shoah, nous recevons aujourd’hui François Azar, vice-président de l’association Aki Estamos et Janine Gerson, auteure de Bella, itinéraire mémoriel paru chez Edilivre.
Ce livre retrace l’itinéraire mémoriel de Marianne, enfant cachée, pendant la guerre qui décide, à l’aube de la cinquantaine, d’interroger sa mère Bella, qui vit dans une maison de retraite, sur ses origines juives de Salonique et qui va petit à petit renouer avec une histoire, avec une culture, celle des judéo-espagnols.
Jeanine Gerson était intervenante lors d’une des conférences de l’Université d’été judéo-espagnole, une table ronde consacrée aux écritures autobiographiques.
Université d’été judéo-espagnoleDu dimanche 7 au vendredi 12 juillet 2013
Camarade Arthur, c’est le pseudonyme de Szmuel Zygielbojm, un des leaders du Bund, qui fut un des deux représentants du peuple juif polonais dans le gouvernement en exil à Londres. Plus encore que Ian Karski, qui l’a bien connu et qui témoigne dans Shoah de Claude Lanzmann sur la personnalité de Ziegelblaum, il tentera en vain d’alerter sur la situation désespérée des Juifs dans le ghetto de Varsovie . Face au silence et à l’incompréhension, finira par se suicider. Pour en parler, nous recevons aujourd’hui Ida et Emile Papiernik, co-présidents du Centre Medem Arbeiter Ring
Commémoration à la Mairie du Xe arrondissement de Paris
Organisée en partenariat avec le Centre Medem-Arbeter Ring et le Club laïque de l’enfance juive (CLEJ)
16h – Table-ronde autour de la figure de Szmuel Zygielbojm
Avec Annette Wieviorka, Jean-Charles Szurek et Philippe Boukara
19h – Cérémonie marquant le 70e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie
En présence de Rémi Ferraud, maire du Xème, Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire de Paris chargée de la mémoire, Seybah Dagoma et Danièle Hoffman-Rispal, députées, et de responsables de l’Institut polonais de Paris.
Mairie du Xe arrondissement
Salle des fêtes
72, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris
Entrée libre
Commémoration au Mémorial de la Shoah
Dimanche 21 avril 2013, 17h
Cérémonie organisée en partenariat avec la Commission du Souvenir du CRIF
Prières par le rabbin Mévorah Zerbib, lectures par Macha Fogel et Guila Clara Kessous, allocution de Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, et chants du ghetto par Talila.
En présence de Claude Hampel, président délégué de la Commission du Souvenir, Éric de Rothschild, président du Mémorial de la Shoah, Yossi Gal, ambassadeur d’Israël en France, Tomasz Or?owski, ambassadeur de Pologne en France, et Richard Prasquier, président du CRIF
Parvis du Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris