A l’occasion du 70e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, nous recevons aujourd’hui Paul Felenbok qui a vécu, alors qu’il était enfant, dans le ghetto de Varsovie, de 1939 à 1943. Paul Felenbok dont l’histoire a inspiré la pièce de théâtre « ceux qui restent », de David Lescot, qui a été montrée en avant première la semaine dernière au Théâtre Sylvia Monfort et qui est prévue pour 2014.
Paul Felenbok est né en 1936, à Varsovie, trois ans avant le début de la guerre. Sa famille vivait dans le quartier juif et leur maison était située dans l’enceinte du ghetto, ce qui fait qu’ils n’ont pas eu à déménager quand le ghetto a été mis en place. Avant la liquidation du ghetto, son oncle a organisé l’évasion de Paul, par les égouts de Varsovie. Après la guerre, Paul est venu en France où il a été placé au château d’Andresy, qui était une des maisons d’enfants de l’UJRE. Il est aujourd’hui astrophysicien.
Après Paysages de la Métropole de la Mort d’Otto Dov Kulka, un autre ouvrage majeur permet de comprendre quel a été le sort de ceux qui ont vécu dans « le Block des Enfants », une enclave du camp des familles à Birkenau : Le mur de Lisa Pomnenka, de Otto B. Kraus, paru aux éditions L’Arachnéen. Otto B Kraus était éducateur dans ce block. le roman est ainsi inspiré de son expérience vécue. Notre invitée cette semaine est Catherine Cocquio, maître de conférence en littérature, qui signe dans le même ouvrage un essai sous le titre « Le leurre et l’espoir. De Therensienstadt au Block des enfants de Birkenau » permettant de remettre utilement en contexte ce roman exceptionnel.
« Ce roman raconte les efforts des éducateurs pour les en protéger, et se protéger eux-mêmes. » (Extrait du texte de Catherine Coquio)
Écrit par Otto B. Kraus Le Mur de Lisa Pomnenka a été initialement publié en 1995 en Israël sous le titre The Painted Wall. Il a été traduit de l’anglais par Stéphane et Nathalie Gailly.
Lisa Pomnenka est inspirée du personnage de Ditta qui est devenue la femme d’Otto B Kraus et qui était avec lui une des éducatrices du Block des enfants: elle avait obtenu du Dr Mengele des pinceaux et des couleurs pour peindre un des murs du Block. Ce mur figure le seul espace de liberté qui était donné à ces enfants et ces éducateurs: l’évasion et la Résistance par l’art, par la culture dans un monde par ailleurs déshumanisé.
L’ensemble du livre compose une méditation sur le rapport différent des enfants et des adultes à la vérité, à l’espoir et à la mort, sur l’aide réciproque qu’ils s’apportèrent malgré les incompréhensions, sur les pouvoirs et les limites de l’idée d’ « éducation », enfin sur le sens moral et la valeur pratique des gestes artistiques à l’échelle individuelle et collective.
Rediffusion de l’émission de janvier 2012 en hommage à Joseph Bialot, écrivain, grand prix du roman policier, décédé en décembre 2012.
Joseph Bialot est l’un des rares Français qui était dans le camp et non dans les marches de la mort le jour de la « libération » d’Auschwitz par les Soviétiques. Entre le départ des SS et l’arrivée des libérateurs, les prisonniers de l’enceinte concentrationnaire ont vécu un purgatoire indéfinissable, jamais oublié et qui permet à l’auteur de raconter « sa » déportation, depuis le jour de 1944 où, à vingt ans, courant sous la menace d’une rafale de mitrailleuse, il a «cessé de faire partie du monde normal » pour revêtir une nouvelle peau : celle du déporté…
Après « soixante-cinq ans de fausse résurrection », Joseph Bialot évoque les six mois qu’il a passé à Auschwitz, mais aussi le réapprentissage de la vie, d’abord à Cracovie puis à Paris et, dans un long avant-propos, la « prolifération d’autres feux » depuis le jour de 1945 où les crématoires se sont éteints…
Gabrielle Mass a retrouvé récemment les lettres qu’a envoyées son père, Zacharie Mass à sa mère, alors qu’il était interné au camp de Drancy. Un document remarquable, publié aux éditions FMS/ le Manuscrit, dans la collection témoignage de la Shoah. Gabrielle Mass est l’invitée de l’émission de cette semaine, avec Michel Laffitte, historien spécialiste de l’histoire du camp de Drancy, qui a annoté cet ouvrage. Ils feront une présentation de cet ouvrage le 13 juin à 19h au Mémorial de la Shoah.
Quatre-vingts lettres écrites à son épouse par le Dr Mass, interné au camp de transit de Drancy du 16 octobre 1941 au 31 juillet 1943, nous font entrer dans l’intimité d’un médecin de la cité ouvrière de Maisons-Alfort, victime de la persécution antisémite. Le Dr Mass nourrit l’espoir d’une libération, alors que planent parmi les internés juifs, la famine, la terreur d’être fusillé comme otage puis, à partir de mars 1942, la peur d’être déporté. Aucune des protections que pourraient lui valoir son passeport roumain, la Roumanie étant un allié du Reich, ni même son état de santé précaire ou sa volonté de tromper ses bourreaux ne lui épargnent la déportation.
Envoyé dans les mines de charbon de Jaworzno, Zacharie Mass, à bout de forces, est transféré à Auschwitz-Birkenau où il sera gazé et son cadavre brûlé.
Cet ouvrage saisit de l’intérieur ce que fut la vie dans le camp de Drancy, où transitèrent la grande majorité des déportés juifs de France durant la Seconde Guerre mondiale.
Préfacé par Jacques Chirac, le livre est introduit et annoté par l’historien Michel Laffitte, auteur avec Annette Wieviorka d’une histoire du camp de Drancy (Éd. Perrin, 2012).