Je m’appelle Isaac Millman

Shana Tova à tous nos auditeurs. Invitée de cette semaine, Nathalie Grenon, directrice du Cercil (centre d’études et de recherches sur les camps du Loiret). Désormais installé dans de nouveaux locaux à Orléans, qui permettent un espace d’exposition sur l’histoire des camps de Pithiviers, Beaune-la-Rolande et Jargeau, le Cercil a continué son activité d’édition et publie un ouvrage de jeunesse exceptionnel, écrit et illustré par un ancien enfant caché, Isaac Millman.

Isaac Sztrymfman a sept ans quand l’Allemagne envahit la France, pays où ses parents, juifs polonais, se sont réfugiés. Le 14 mai 1941, son père, Moïshé, est arrêté et enfermé au camp de Pithiviers où il reste de longs mois. Le 25 juin 1942, il est déporté à Auschwitz. Il y est assassiné. En 1942, Isaac et sa mère, Rivelé, sont à leur tour arrêtés et emprisonnés à Autun. Sa mère soudoie un gardien pour que son fils soit envoyé dans un hôpital où, grâce à la complicité des médecins et infirmières, les enfants juifs sont déclarés malades.

Après ce refuge provisoire, Isaac est caché par plusieurs personnes, faisant alternativement l’expérience de la cruauté et de la tendresse. Il doit camoufler son identité et prend le nom de Jean Devolder.

À la fin de la guerre, Isaac ne retrouve pas ses parents. Il est adopté en 1948 aux États-Unis, et devient Isaac Millman.

Cinquante ans plus tard, Isaac Sztrymfman-Millman brise son silence pour décrire les scènes marquantes de son histoire.

Isaac Millman est né à Paris en 1933. Il vit à New York avec sa femme Jeanine. Diplômé des Beaux-Arts (Institut Pratt de New York), il a longtemps travaillé comme directeur artistique d’une agence commerciale. Il a illustré aux États-Unis les livres pour enfants de la série Howie Bowles écrits par Kate Banks. Il est également auteur-illustrateur de quatre livres pour enfants dont le héros, Moïse, est sourd-muet.
À la suite de son livre Hidden child (Enfant caché), il a écrit et illustré Arbeit mach frei, un album relatant le voyage à Auschwitz, en souvenir de ses parents, qu’il a effectué avec son petit-fils, en 2005.

Publié aux éditions du Cercil, ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

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Les enfants dans la Shoah

On estime que près d’un million et demi d’enfants juifs ont été assassiné pendant la Shoah. Le Mémorial de la Shoah leur consacre une exposition très complète, qui permet de retracer le regard qu’on eu les enfants sur les persécutions dont ils ont fait l’objet, à partir des écrits et témoignages des enfants eux mêmes. Nous recevons cette semaine les commissaires de cette magnifique et émouvante exposition, Sophie Nagiscarde, responsable des activités culturelles du Mémorial de la Shoah et Jean-Yves Potel, conseiller sur la Pologne.

Un million et demi d’enfants juifs de moins de 15 ans ont été assassinés en Europe durant la Shoah. Au fondement de la mise à mort des victimes, le crime d’être né et lui seul. Dès le début des persécutions mises en place par les nazis et leurs collaborateurs, la plupart des enfants basculent d’un monde protégé, celui de leur famille, dans un monde inconnu, auquel malgré leurs souffrances ils doivent faire face : exil, exclusion, enfermement, peur, faim, isolement, assassinat. Leur sort, quel que soit le pays d’Europe dans lequel ils se trouvent, relève de situations particulièrement dramatiques.

Pourtant, dès 1938 des réseaux et des individus se mobilisent pour tenter de les sauver, en les cachant par exemple, ou lorsque les sauver était impossible, en leur procurant un entourage affectif, pédagogique ou moral.

De ces enfants il nous est parvenu des lettres, récits, journaux, dessins ; témoignages intimes et spontanés, ô combien précieux et d’une incroyable maturité, de leurs espoirs, de leurs luttes, de leurs sentiments, laissés avant le silence.

Ils sont la base, parmi d’autres écrits, photographies et films d’époque, de l’exposition proposée par le Mémorial de la Shoah, pour évoquer le sort et les actes des enfants qui ne sont plus, mais aussi de ceux qui ont survécu.

- Visiter le site Internet de l’exposition

Le Mémorial de la Shoah propose une programmation spéciale autour de cette exposition.

Exposition

Du mardi 19 juin au dimanche 30 décembre 2012

Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris

Entrée libre

A noter également, l’exposition « C’étaient des enfants ». Déportation et sauvetage des enfants juifs à Paris, 1940-1945 présentée à l’Hôtel de Ville de Paris du 26 juin au 27 octobre 2012.

Train de pluie

Cette semaine, nous recevons Catherine Hubeau, qui co-signe avec Marie-Laure Spéri la mise en scène de « Train de pluie« , une pièce de théâtre proposée actuellement au théâtre Côté Cour et qui permet la rencontre entre deux textes, la Pluie de Daniel Keene et En ce temps-là l’amour, de Gilles Ségal (actuellement également à l’affiche au théâtre de Belleville)

Une femme raconte comment les gens, par centaines, avant de prendre le train, lui confiaient leurs affaires. Ces gens ne sont jamais revenus mais elle est restée, avec toutes ces choses dont elle ne sait que faire, elle a tout recueilli chez elle dans sa maison transformée en musée. A ce magnifique texte de Daniel Keene, intitulé La pluie, répond la pièce de Gilles Segal. En ce temps-là l’amour! Il raconte l’extraordinaire volonté chez cet homme de profiter de chaque instant pour transmettre à son fils l’essentiel de ce qui saurait faire de lui un homme.

Deux mélodies pour un ciel de cendres… Deux paroles entrecroisées sur le thème de la Shoah. La première, ténue, hésitante, fragile se reconstruit au fil du temps. La deuxième proclame avec liberté et humour la grandeur humaine face à la mort et à la barbarie. Le violon évoque la mémoire, donnant un contrepoint rythmique aux paroles des acteurs. Ces deux textes originaux se font écho d’une manière inattendue.

Cette pièce a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Distribution

Adaptation de La pluie de Daniel Keene (traduction Séverine Magois) et En ce temps-là l’amour de Gilles Segal
Mise en scène : Catherine Hubeau et Marie-Laure Speri
Conseiller artistique : Eric Louviot
Scénographie : Michaël Horchman

Compagnie Avril Enchanté
Avec Catherine Hubeau, Tommaso Simioni
et en alternance
Stéphane Guiocheau et Marc Desjardins violonistes

Représentations

- Du mardi 18 octobre 2011 au jeudi 12 janvier 2012
Les mardis et jeudis à 19 heures

Théâtre Côté Cour
12, rue Edouard Lockroy 75011 Paris ( M° Parmentier )
Réservations : 01 47 00 43 55 – theatrecotecour@free.fr

En ce temps-là l’amour a été créé en mars 2001 au théâtre d’Arcueil Cachan dans une mise en scène de Georges Werler avec Gilles Ségal (étoile du Mime Marceau, comédien et auteur). En octobre 2010, au théâtre du soleil, Gilles Ségal reprend son texte dans une mise en scène de Jean Bellorini (prix SACD révélation théâtrale de l’année). Cette pièce est actuellement à l’affiche tous les jours au théâtre de Belleville, de et avec Gilles Ségal à 19h, jusqu’au 27 novembre 2011 (dimanche à 16h).

Le cahier de Susi

Nous recevons cette semaine Guillaume Ribot, photographe, à propos du documentaire qu’il vient de réaliser, Le cahier de Susi.

Emission animée par Perrine Kervran

Archives Guillaume Ribot

Un cahier d’écolière, c’est tout ce qu’il restait de la courte vie de Susi Feldsberg, un cahier bien à l’abri dans le buffet d’une ferme du Sud Ouest de la France. Un cahier conservé depuis les années de guerre, un cahier dont on ne sait pas trop comment il est arrivé là. Guillaume Ribot est photographe, il a retrouvé ce cahier et a voulu retracer l’itinéraire de Susi Feldsberg, de sa naissance à son assassinat à Auschwitz.

 

« Le cahier de Susi » a été édité en décembre 2013 sous la forme d’un coffret DVD par l’Education Nationale et le CRDP Grenoble.

Ce coffret comprend le DVD, des documents d’archives numérisés ainsi que le fac-similé du cahier d’écolière de 68 pages rédigée par Susi Feldsberg en 1942 quelques mois avant sa déportation à Auschwitz.

« Le cahier de Susi » a reçu prix « Brouillon d’un rêve documentaire » de la SCAM ». Il est également soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Un site est dédié à ce travail : http://www.cndp.fr/crdp-grenoble/cahierdesusi/

 

Archives Guillaume Ribot