Le Mur de Lisa Pomnenka d’Otto B Kraus

A l’occasion de la parution du livre Le Mur de Lisa Pomnenka d’Otto B. Kraus suivi d’un essai de Catherine Coquio intitulé « Le leurre et l’espoir. De Theresienstadt au block des enfants de Birkenau », une rencontre est organisée mercredi 3 juillet 2013 au Centre national du livre avec Catherine Coquio, professeur de littérature comparée à l’université Paris VII. Nous rediffusons l’émission qui lui était consacrée

Mercredi 3 juillet 2013, 19h30

Rencontre du Centre national du Livre
Discussion avec Catherine Coquio, Annette Wieviorka et Pierre Pachet

Centre National du Livre
53 rue de Verneuil
75007 Paris
Tél : 01 49 54 68 68

Dessin d'enfant réalisé au camp de Terezin, dont certains détenus ont été transférés au "camp des familles" de Birkenau
Dessin d’enfant réalisé au camp de Terezin, dont certains détenus ont été transférés au « camp des familles » de Birkenau

Écrit par Otto B. Kraus Le Mur de Lisa Pomnenka a été initialement publié en 1995 en Israël sous le titre The Painted Wall. Il a été traduit de l’anglais par Stéphane et Nathalie Gailly.

Lisa Pomnenka est inspirée du personnage de Ditta qui est devenue la femme d’Otto B Kraus et qui était avec lui une des éducatrices du Block des enfants: elle avait  obtenu du Dr Mengele des pinceaux et des couleurs pour peindre un des murs du Block. Ce mur figure le seul espace de liberté qui était donné à ces enfants et ces éducateurs: l’évasion et la Résistance par l’art, par la culture dans un monde par ailleurs déshumanisé.

L’ensemble du livre compose une méditation sur le rapport différent des enfants et des adultes à la vérité, à l’espoir et à la mort, sur l’aide réciproque qu’ils s’apportèrent malgré les incompréhensions, sur les pouvoirs et les limites de l’idée d’ « éducation », enfin sur le sens moral et la valeur pratique des gestes artistiques à l’échelle individuelle et collective.

- Site des éditions L’Arachnéen

- Commander le livre

Témoignage d’Henri Rozen

Bonjour, nous recevons  aujourd’hui Henri (Hershel) Rozen-Rechels pour son livre « Je revois, un enfant juif polonais dans la tourmente nazie », paru aux Editions Le Manuscrit, dans la collection témoignages de la Shoah de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dirigée par Philippe Weyl. Henri Rozen est accompagné par Alan (Avrom) Rose, originaire de la même ville : Demblin (Pologne) qui a connu presque le même parcours que lui.

Henri, né à Demblin en 1933, a connu l’invasion nazie, les persécutions, la première déportation des Juifs de sa ville dont sa soeur et son frère sont victimes, le ghetto de Varsovie, puis la disparition de son père convoqué à la Kommandantur et la seconde déportation à laquelle il se soustrait de justesse.

Il n’échappe pourtant pas au camp de travail de Demblin, à celui de Czestochowa où il est déporté avec son grand-père, et au camp de concentration de Buchenwald. Enfin, il vit la libération au camp-ghetto de Terezin, au terme d’un transport de trois semaines auquel son aïeul chéri ne survit pas.

Après guerre, Henri, rétabli du typhus, retrouve sa mère avec qui il parvient à quitter la Pologne communiste pour Paris. Ce n’est que 50 ans plus tard qu’il accepte, pour ses petits enfants, de raconter sa « guerre ».

Le résultat est un cahier d’écolier manuscrit, bouleversant, où il retrace, avec un style poignant de sincérité, ce qu’il a vu et ressenti à hauteur de l’enfant qu’il était.

Sans éluder les blancs de sa mémoire, il donne des flashs, analyse ce qu’il ressent, ce qu’il comprend et ce qui lui échappe parce qu’il est un enfant. Un témoignage probe, d’une force unique.

 

Henri Rozen en Pologne avec son frère et sa soeur
Henri Rozen en Pologne avec son frère et sa soeur

Histoire et mémoires

Cette semaine, nous recevons Philippe Joutard, ancien recteur, historien, pour le livre qu’il vient de faire paraître aux éditions la découverte: Histoire et Mémoires, conflits et alliance.

Philippe Joutard nous livre ici sa vision des rapports entre mémoire et histoire, des rapports qui ont été souvent conflictuels, mais qui peuvent aussi être apaisés. La mémoire est en effet source de richesse pour l’historien, dans le cas de la Shoah, l’histoire n’aurait pas pu être écrite sans les différents témoignages qui permettent d’approcher le coeur même de la Shoah, comme Claude Lanzmann en avait fait la démonstration avec son oeuvre magistrale, Shoah.  Mais l’histoire est aussi le moyen d’apaiser les mémoires blessées, et de permettre aux mémoires concurrentes de cohabiter. La meilleure manière de vaincre l’oubli et de se prémunir contre les excès mémoriels.

 

Ouverture d’un lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon

A l’occasion de l’ouverture le 3 juin 2013 d’un lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon dédié à l’accueil des réfugiés et au sauvetage des Juifs sur le plateau du Vivarais Lignon, nous recevons aujourd’hui Philippe Joutard, historien, ancien recteur, spécialiste de l’histoire du protestantisme et Aziza Gril-Mariotte, maître de conférences à l’université d’Alsace et coordinatrice scientifique du projet.

Une histoire exemplaire


Terre protestante forte d’une longue tradition d’accueil, le plateau du Vivarais-Lignon a abrité un grand nombre de réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale. Républicains espagnols, Allemands et Autrichiens antinazis d’abord, puis de nombreux Juifs persécutés, des réfractaires au STO et des résistants.

Avec l’aide des organisations chrétiennes comme la Cimade, le Secours suisse, les Quakers et grâce aux réseaux de sauvetage juifs comme le réseau Garel de l’OSE, beaucoup d’enfants et d’adolescents ont été recueillis dans les pensions de familles, les fermes et les maisons d’enfants.

Le caractère clandestin du sauvetage et la modestie des habitants font qu’il est difficile d’établir le nombre exact de personnes sauvées. Si plus de 1000 noms sont connus, certains historiens retiennent le chiffre de 3500 Juifs sauvés grâce à l’action de la population du Plateau.

Une mémoire, un lieu


A l’instar des Pasteurs André Trocmé et Edouard Theis, plus de 70 habitants du Plateau ont été reconnus Justes parmi les Nations par l’institut Yad Vashem de Jérusalem. De plus, en 1990, les habitants du Chambon et des communes voisines furent – à titre exceptionnel – honorés collectivement par Yad Vashem.

Le lieu de mémoire réalisé au Chambon-sur-Lignon présente l’histoire du Plateau et met en lumière la résistance civile et spirituelle qui s’y exprima.

Un espace mémoriel propose de nombreux témoignages filmés. Des activités pédagogiques seront également organisées. Attenant au bâtiment, un jardin paysagé offrira au visiteur un espace de sérénité.

Ce lieu de mémoire a été réalisé avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

Comité scientifique :
Patrick Cabanel, Martin de Framond, Philippe Joutard, Olivier Lalieu, Jacques Sémelin, Annette Wieviorka

Le lieu de Mémoire du Chambon sur Lignon, photo Jean-Marc Demars
Le lieu de Mémoire du Chambon sur Lignon, photo Jean-Marc Demars

Inauguration et informations pratiques


Lundi 3 juin 2013 à partir de 11h

En présence des représentants politiques et des partenaires du projet

Programme de l’inauguration (pdf)

Ouverture au public le mercredi 5 juin 2013

Lieu de Mémoire dédié aux Justes
Route du Mazet
43400 Chambon-sur-lignon
Tél. : 04 71 65 71 90 (mairie)
Email : memoire@ville-lechambonsurlignon.fr

Horaires

Du samedi 1er juin au dimanche 29 septembre 2013 :
Toute la semaine de 10h à 12h30 et de 14h à 18h

Du lundi 30 septembre au samedi 30 novembre 2013 :
Du mercredi au samedi de 14h à 18h

Tarifs : 5 € / réduit : 3 € / Gratuit pour les enfants jusqu’à 9 ans

Mme Wauquiez, maire du Chambon-sur-Lignon, inaugurant le nouveau site, 3 juin 2013, crédit photo Jean-Marc Demars
Mme Wauquiez, maire du Chambon-sur-Lignon, inaugurant le nouveau site, 3 juin 2013, crédit photo Jean-Marc Demars

A lire, à voir sur le sujet


La Montagne refuge
Accueil et sauvetage des Juifs autour du Chambon-sur-Lignon.
Collectif : Patrick Cabanel, Philippe Joutard, Jacques Sémelin, Annette Wieviorka
Albin Michel, 2013

Jamais je n’aurai quatorze ans
Témoignage de François Lecomte, enfant caché au Chambon-sur-Lignon
Coll. Témoignages de la Shoah, FMS / Le Manuscrit, 2005

Les armes de l’esprit
Un film de Pierre Sauvage.
USA / France, 1989, 90 min