Histoire et mémoires

Cette semaine, nous recevons Philippe Joutard, ancien recteur, historien, pour le livre qu’il vient de faire paraître aux éditions la découverte: Histoire et Mémoires, conflits et alliance.

Philippe Joutard nous livre ici sa vision des rapports entre mémoire et histoire, des rapports qui ont été souvent conflictuels, mais qui peuvent aussi être apaisés. La mémoire est en effet source de richesse pour l’historien, dans le cas de la Shoah, l’histoire n’aurait pas pu être écrite sans les différents témoignages qui permettent d’approcher le coeur même de la Shoah, comme Claude Lanzmann en avait fait la démonstration avec son oeuvre magistrale, Shoah.  Mais l’histoire est aussi le moyen d’apaiser les mémoires blessées, et de permettre aux mémoires concurrentes de cohabiter. La meilleure manière de vaincre l’oubli et de se prémunir contre les excès mémoriels.

 

Paysages de la métropole de la Mort

Un livre exceptionnel au sommaire de « Mémoires Vives » cette semaine. Celui d‘Otto Dov Kulka, Paysages de la Métropole de la mort, publié aux éditions Albin Michel. Pour en parler, notre invité est Pierre-Emmanuel Dauzat, qui a traduit ce livre-événement.

Rescapé des camps de la mort où il fut déporté avec sa famille à l’âge de neuf ans, Otto Dov Kulka, professeur émérite d’histoire juive contemporaine, a consacré sa vie à la recherche, avec la distance et l’objectivité rigoureuse d’un historien. Il n’a jamais abordé son passé biographique, qu’il distingue du passé historique, comme un choix délibéré du silence. <!–En 1978, à l’occasion d’une conférence internationale, Otto Dov Kulka retourne à Auschwitz, reparcourt en sens inverse le chemin qui, le 18 janvier 1945, l’a vu sortir de l’enfer.

Pendant dix ans, il va noter ses réflexions, ses sensations, ses impressions. D’où ce livre hors-normes, qui explore les paysages de la mémoire à travers des images, des fragments de souvenir, ponctués de photos prises par l’auteur.

Tour à tour bouleversant dans sa description de la réalité, élégiaque et poétique, Paysages de la métropole de la mort cherche à rendre compte au plus près, au plus intime, et par différents procédés littéraires, de l’horreur telle qu’un enfant a pu la vivre, et telle qu’un homme à la fin de sa vie, entre son exigence d’historien et la puissance de ses émotions passées, peut s’en souvenir.

Traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, cet ouvrage a été publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

« Un des plus remarquables témoignages sur l’inhumanité jamais écrits… Un livre
capital, à lire absolument.
 »

Ian Kershaw

Né en Tchécoslovaquie en 1933, Otto Dov Kulka est déporté avec sa mère en 1942 à Auschwitz. Après-guerre, il émigre en Israël en 1949. Professeur émérite d’histoire juive contemporaine à l’Université hébraïque de Jérusalem, il a notamment écrit Deutsches Judentum unter dem Nationalsozialismus, prix Buchman de Yad Vashem. Professeur émérite, il est également membre du comité exécutif de Yad Vashem.

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kulka

Montreuil-Bellay, un camp tsigane oublié

Cette semaine, notre invité est le réalisateur  Alexandre Fronty, qui signe un film sur le camp d’internement de Montreuil-Bellay. Il s’agit du plus grand camp d’internement des Nomades en France pendant la Seconde guerre mondiale. ce documentaire raconte l’histoire du camp, mais aussi sa difficile mémoire.

A vingt kilomètres de Saumur, près de la ville de Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire, des milliers de Tsiganes ont été internés entre novembre 1941 et janvier 1945. Les « nomades », comme on les appelait à l’époque, ont d’abord été assignés à résidence avant d’être enfermés sur ordre des autorités allemandes. Le camp de Montreuil-Bellay était le plus grand camp d’internement pour nomades de France. Plus de la moitié des Tsiganes internés en France ont transité par ce camp. Des familles y ont été internées pendant 5 ans jusqu’en janvier 1945. Raflés et entassés dans des baraques en bois, les Tsiganes étaient surveillés par des gardes français. Manque d’eau, absence de soins, nourriture précaire, les conditions de vie étaient lamentables. Une trentaine d’enfants en bas âge et des clochards, arrêtés avec les nomades, ont succombé à Montreuil-Bellay. Sans l’action de l’historien Jacques Sigot, le camp aurait progressivement disparu des mémoires. Les vestiges du camp de Montreuil-Bellay ont été inscrits aux monuments historiques en 2010.

Montreuil-Bellay, un camp tsigane oublié
Documentaire réalisé par Alexandre Fronty (52 min.)
Une coproduction LCP / Zoulou compagnie Production – 2012

Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Diffusions

Multidiffusion en mai sur LCP – Assemblée nationale

Voir les dates de diffusion sur le site de la chaîne

L’aménagement de la gare de déportation de Bobigny

Le 27 janvier 2012,  Catherine Peyge, maire de Bobigny et Guillaume Pepy, Président de la SNCF ont inauguré l’ouverture au public d’un lieu de mémoire et d’histoire sur le site de l’ancienne gare de Bobigny, en présence de Serge Klarsfeld, Vice-Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et des associations de mémoire. Notre invitée pour expliquer la manière dont a été pensé l’aménagement de ce site, Anne Bourgon, chef de projet pour la mairie de Bobigny. 

Copyright: Michel Perrot, Ville de Bobigny

De juillet 1943 à août 1944, 21 convois transportant 22500 personnes internées au camp de Drancy, soit un tiers des Juifs déportés de France, ont quitté la gare de Bobigny vers Auschwitz Birkenau, où ils furent exterminés (seuls 3% sont revenus). Avant cette date, de juin 1942 à juin 1943, c’est de la gare du Bourget que partaient les internés du camp de Drancy.

L’ouverture d’un site à Drancy pour expliquer l’histoire du camp de Drancy en face de la cité de la Muette qui est aujourd’hui habitée est prévue en juillet 2012. Les élus de la ville de Bobigny ont choisi de concevoir un projet différent à Bobigny, un projet d’aménagement paysager, permettant une réappropriation du lieu à partir d’un parcours commenté par un accompagnateur et complété par un livret de visite. Ce dispositif s’adresse autant aux scolaires qu’aux adultes et permet de comprendre le rôle qu’a joué ce site dans la déportation des internés juifs du camp de Drancy, grâce à la mise en place de documents historiques, d’archives et de témoignages.

La réalisation de cette exposition, conçue a l’initiative de la Ville de Bobigny, a été soutenue par la SNCF, l’Union européenne et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Copyright: Michel Perrot