Les archives du ghetto de Varsovie

Invitée cette semaine, Audrey Kichelewski, historienne, spécialiste de l’histoire des Juifs en Pologne, pour parler de l’ouvrage Qui écrira notre histoire? de Samuel D. Kassov, publié aux éditions Grasset, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

le 18 septembre 1946, on déterre sous les gravats du ghetto de Varsovie des bidons de lait en fer blanc, des bidons qui ont soigneusement été scellés et cachés par les membres du groupe Oyneg Shabes. Ces bidons contiennent des lettres, des tickets, des tracts, des rapports, des récits, des dessins, des preuves et des témoignages qui disent ce que fut le quotidien des Juifs sous le joug allemand dans le ghetto de Varsovie, mais aussi dans les shtetls et parfois dans les lieux d’extermination: des archives qui sont autant de preuves des massacres et exactions menées par les nazis.

Qui écrira notre histoire? Ce livre de l’historien Samuel D Kassow, traduit avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah raconte l’histoire des archives du ghetto de Varsovie et de ceux qui les ont orchestrés, en particulier Emmanuel Ringelblum, qui était l’âme de ce groupe.

Walter Benjamin: Archives

Invité de cette semaine, Florent Perrier, philosophe, conseiller scientifique de l’exposition « Walter Benjamin Archives » au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. 

Faire le portrait d’un homme et de sa pensée à travers ses archives, c’est le pari poétique et audacieux de l’exposition actuellement visible au musée d’art et d’histoire du judaïsme, consacrée aux archives de Walter Benjamin, philosophe, écrivain et critique. A travers 13 étapes, c’est un voyage dans la pensée et les traces de l’auteur, par le biais de ce qui reste de ses collections de jouets ou de cartes postales,  ses carnets, ceux où il consignait les mots de son fils Stefan, ceux où il notait ses lectures. Le parcours se poursuit au regard de ce qu’il a classé et confié au fur et à mesure de ses déplacements et de l’étau qui se resserrait autour des Juifs. Mais l’exposition est aussi une évocation d’un homme en mouvement, puis d’un homme en exil, qui fuyait les persécutions nazies et n’a pu être sauvé malgré les efforts de ses amis. Walter Benjamin a préféré se donner la mort dans un petit village du sud de la France en 1940, croyant ne plus avoir d’issue, alors même que ses amis lui avaient obtenu un visa d’entrée aux Etats-Unis.

Le sport européen à l’épreuve du nazisme

Invité de cette émission, Patrick Clastres, historien, commissaire de l’exposition consacrée au sport sous le nazisme et aux destins individuels des sportifs juifs au Mémorial de la Shoah jusqu’au 18 mars 2011.

Le nazisme, le fascisme et les régimes de collaboration ne vouèrent pas un simple culte au corps athlétique et guerrier, ils utilisèrent le sport pour contrôler la jeunesse et les masses, justifier leurs idéologies xénophobes et racistes, et même infliger des supplices particuliers aux champions juifs déportés. Quant au monde sportif, comment s’est-il comporté face aux politiques d’exclusion, face à l’application des lois antijuives jusque dans les stades, les gymnases et les piscines ?

Pour les minorités opprimées, pour les résistants, et même pour certains prisonniers des camps, à l’inverse, le sport a pu servir de refuge, voire de réarmement moral et corporel.

Cette exposition révèle, en contrepoint, comment les jeunesses juives de toute l’Europe se sont enthousiasmées pour les sports, investissant en particulier la lutte, la boxe, l’escrime et les sports de self-défense, et participant aux Maccabiades de Tel-Aviv en 1932 et 1935.

Relatant ces multiples facettes de l’histoire du sport en Europe entre 1936 et 1948 à travers de nombreux films, photographies, objets et documents d’archives, l’exposition retrace parallèlement l’itinéraire individuel d’une vingtaine de sportifs dont les carrières ont été bouleversées et les vies anéanties par la montée du nazisme.

- Visiter le site Internet de l’exposition

Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris
www.memorialdelashoah.org

Métro : Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville (ligne 1), Pont-Marie (ligne 7)
Bus : 67, 69,76, 96, Balabus

Ouvert tous les jours sauf le samedi, de 10 h à 18 h, et le jeudi jusqu’à 22 h.
Entrée libre


L’heure d’exactitude

Invitées de cette semaine,  Annette Wieviorka, historienne, Directrice de recherche au CNRS, présidente de la Commission Mémoire et transmission à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et Séverine Nikel rédactrice en chef de la revue L’Histoire, qui co-signent un livre d’entretiens aux éditions Albin Michel, L’heure d’exactitude.

Annette Wieviorka a vécu cette expérience rare pour un chercheur de voir son objet d’étude – la mémoire du génocide des Juifs – intéresser le grand public, les médias et les pouvoirs publics.  Ce livre d’entretiens avec Séverine Nikel retrace son itinéraire intellectuel et son travail d’historienne. <!–Depuis la publication de sa thèse, Déportation et génocide, en 1992, Annette Wieviorka a été partie prenante de tous les débats. Elle a participé à la mission Mattéoli sur la spoliation des Juifs de France et au soixantième anniversaire de l’ouverture des camps d’Auschwitz.

Pourquoi la « mémoire de la Shoah », le « devoir de mémoire » et le « témoin » tiennent-ils la place qu’ils occupent aujourd’hui dans nos sociétés ? Quel sens cela a-t-il et quels malentendus se sont installés ? Que faut-il transmettre aux générations futures ?

Ce sont quelques-unes des questions posées au fil de ce dialogue, qui retrace un parcours singulier, placé sous le signe de la liberté de pensée, et dont les grandes préoccupations puisent du côté des interrogations les plus douloureuses du XXe siècle.