Persécutions et entraides dans la France occupée

Notre invité cette semaine est Jacques Sémelin, directeur de recherches au Cnrs et professeur au CERI à Sciences-Po qui a dirigé l’encyclopédie on line des violences de masse  pour son nouvel ouvrage « « Persécutions et entraides dans la France occupée, comment 75 % des juifs en France ont échappé à la mort », qui vient de paraître aux éditions des Arènes-Le Seuil.

https://memoiresvives.net/wp-content/uploads/2013/06/memoires-vives-2013-06-23-semelin.mp3

C’est effectivement une énigme, quand on compare ces chiffres avec ceux d’autres pays européens : en Belgique, on ne compte que 55% de survivants et aux Pays-Bas seulement 20%. Dans l’Europe nazie, seuls le Danemark, la Finlande et dans une certaine mesure la Bulgarie ont fait mieux que la France du point de vue de la survie des Juifs. Pour y répondre, Jacques Sémelin se place au niveau des persécutés, et des différentes stratégies qu’ils ont adoptées pour faire face à la persécution dès l’invasion allemande. Bien au delà de l’étude des organisations de sauvetage, ce livre raconte avant tout l’histoire de tous ceux qui n’ont pas été déportés, et qui ont réussi à survivre en France avec des complicités juives et non juives.

Une filière de sauvetage de l'OSE, 1941 (Crédit OSE)
Une filière de sauvetage de l’OSE, 1941 (Crédit OSE)

A noter: Vendredi 28 juin à 20h, débat entre Jacques Sémelin et Robert Paxton au cellier de l’Abbaye de Cluny

 

J.D. Kirszenbaum: la génération perdue

Bonjour, nous recevons  aujourd’hui Nathan Diament pour le livre qu’il a consacré à son oncle, le peintre J. D. Kirszenbaum et qui vient de paraître chez Somogy Editions d’Art avec le soutien de la fondation pour la mémoire de la Shoah.

Une émission présentée par Kristel le Pollotec

les villageois juifs accueillant le Messie, 1937, collection du Musée d'Israël
les villageois juifs accueillant le Messie, 1937, collection du Musée d’Israël

Cet ouvrage est  un livre d’art avec de nombreuses reproductions des œuvres de ce peintre  né en Pologne en 1900 et mort en 1954 à Paris, formé à l’école du Bauhaus en Allemagne dans les années 20 et représentant de l’école de Paris dans les années 30. Quelques unes de ces œuvres avaient d’ailleurs été montrées à paris dans l’exposition « Montparnasse déporté » en 2005, une exposition également soutenue par la Fondation.  Kirszenbaum a survécu à la Shoah mais son oeuvre a été largement détruite. Grâce à Nathan Diament, on peut la découvrir aujourd’hui.

Aller plus loin dans la restitution des oeuvres d’art spoliées

Le 19 mars dernier, la Ministre la culture Mme Aurélie Filippetti remettait 7 tableaux de maître aux descendants de 2 grands collectionneurs, Richard Neuman et Joseph Wiener, et relançait le sujet de la restitution des œuvres d’art et de ce qu’on peut encore faire aujourd’hui en France en particulier. Pour en parler, nous recevons aujourd’hui la sénatrice et historienne Corinne Bouchoux, qui a travaillé à un rapport pour le sénat qui s’intitule « oeuvres culturelles spoliées ou au passé flou et musées publics : bilan et perspectives » et qui vient de publier « Si les tableaux pouvaient parler, le traitement politique et médiatique des retours d’œuvres d’art pillées et spoliées par les nazis » aux Presses universitaires de Rennes.

Une émission animée par Kristel le Pollotec

Accéder au rapport de Mme Bouchoux

Accéder au site Rose Valland (et voir les tableaux MNR en dépôt dans les musées français)

Un des tableaux rendus, celui de Gaspare Diziani
Un des tableaux rendus, celui de Gaspare Diziani

2000 oeuvres sont aujourd’hui classées « MNR » Musée nationaux récupération, confiées à la garde des musées nationaux.  Les MNR correspondent à des oeuvres dont leurs propriétaires, en grande majorité juifs, ont été contraints pendant la guerre de se défaire pour subsister ou pour tenter de fuir. Ces oeuvres ont pu être vendues aux enchères ou négociées dans une galerie d’art; d’autres, en plus petit nombre, ont fait l’objet d’une spoliation directe par le régime nazi.

Un rapport de la sénatrice Corinne Bouchoux adopté par la commission de la culture du Sénat le 16 janvier 2013 estime que, si de nombreuses œuvres d’art ont pu être restituées au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il est nécessaire de renouer avec une politique résolue de recherche des propriétaires spoliés.

Une démarche proactive. Aurélie Filippetti a donc demandé à ses services et aux musées de mener « une action plus volontariste » sur cette question :  « jusque-là, on attendait les demandes des ayants droit ou des descendants pour démarrer des procédures de recherches. Je veux engager une démarche proactive dans laquelle la France va engager des moyens pour rechercher les propriétaires, qu’il y ait ou non une demande formelle ».
Les recherches vont d’abord porter sur 163 oeuvres d’art MNR. Un groupe de travail, composé de fonctionnaires du Ministère, de conservateurs, d’archivistes, d’historiens, de membres de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), est mis en place pour retrouver les propriétaires. Ce groupe de travail fera un premier point d’étape à la fin 2013 et rendra un rapport définitif en 2014.

Les demandes de restitution d’oeuvres d’art peuvent intervenir par une saisine directe du Service des musées de France concernant les MNR ou dans le cadre d’une requête présentée auprès de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS).

Catholiques et protestants français après la Shoah

Invité de cette semaine, Georges Bensoussan, historien, directeur de la Revue d’histoire de la Shoah, à propos du numéro 192 intitulé « Catholiques et Protestants français après la Shoah » jv/juin 2010.

Rediffusion de l’émission « Mémoires Vives » du 20 juin 2010, animée par Vincent Lemerre

Pasteur Vergara, Juste de France
Pasteur Vergara, Juste de France