Témoignage de Mme Odette Spingarn

Cette semaine, notre invitée est Odette Spingarn, ancienne déportée à Auschwitz-Birkenau, qui publie son témoignage sous le titre J’ai sauté du train. Fragments,  aux éditions Le Manuscrit, dans la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Odette à Brive 1942

Odette Spingarn décrit dans ce livre le fonctionnement des différents camps par lesquels elle est passée à partir de son arrestation avec ses parents, le 31 mars 1944, dans un village de Corrèze : la caserne de Périgueux, le camp de transit de Drancy, le camp d’extermination d’Auschwitz II-Birkenau – sa mère y décède –, un de ses sous-camps, le Kanada, où elle trie des vêtements de déportés assassinés, et enfin le camp-usine de Zschopau (Saxe, Allemagne), destination de son transfert du début octobre 1944.

À l’approche des Alliés, en avril 1945, les travailleuses forcées sont entassées dans un train à destination d’un camp de la mort. À ce moment-là, Odette prend son destin en main et s’évade en sautant du train. S’ensuit une longue odyssée qu’elle nous relate. En définitive, elle est sauvée par une femme allemande.

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Le ghetto de Wilno

Cette semaine, notre invité est Gilles Rozier, écrivain et directeur à la Maison de la culture yiddish à Paris pour parler du livre d’Avrom Sustkever qu’il a traduit du yiddish et qui vient de paraître aux éditions Denoël.

Le 27 février 1945, Avrom Sutzkever témoignait devant le tribunal de Nuremberg des atrocités commises par les nazis dans le ghetto de Wilno. Son témoignage, capital, entrera dans l’histoire, tant la parole des victimes fut rare lors du procès. C’est dire l’importance que revêt le récit qu’il a laissé de sa vie quotidienne entre 1941 et 1944. Jeune poète, il décrit dans ce texte l’horreur et la mort comme faisant partie de l’ordinaire, avec la volonté de restituer la sincérité du témoin tout en gardant le recul d’un observateur neutre.

Avrom Sutzkever donne notamment à voir les tentatives désespérées d’une poignée de résistants pour sauvegarder les trésors de la Jérusalem de Lituanie tandis que subsiste au sein du ghetto une vie culturelle foisonnante mais clandestine, ultime rempart devant la barbarie.

Chef-d’œuvre oublié de la littérature yiddish et document historique de première importance, Le Ghetto de Wilno mêle une écriture de l’immédiateté, guidée par l’urgence de raconter, à l’évocation sensible et dramatique d’un monde plongé dans l’abîme.

Avrom Sutzkever (1913-2010) s’est installé en Israël en 1947. Fondateur de la prestigieuse revue littéraire Di Goldene keyt, il est considéré comme l’un des plus grands poètes de langue yiddish.

Traduit du yiddish par Gilles Rozier

Préface d’Annette Wieviorka

Ouvrage publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

- Commander le livre auprès de la librairie du Mémorial de la Shoah.

Témoignage de Paul Felenbok sur le ghetto de Varsovie

A l’occasion du 70e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, nous recevons aujourd’hui Paul Felenbok qui a vécu, alors qu’il était enfant, dans le ghetto de Varsovie, de 1939 à 1943. Paul Felenbok dont l’histoire a inspiré la pièce de théâtre « ceux qui restent », de David Lescot, qui a été montrée en avant première la semaine dernière au Théâtre Sylvia Monfort et qui est prévue pour 2014.

34-passport_site-1Paul Felenbok est né en 1936, à Varsovie, trois ans avant le début de la guerre. Sa famille vivait dans le quartier juif et leur maison était située dans l’enceinte du ghetto, ce qui fait qu’ils n’ont pas eu à déménager quand le ghetto a été mis en place. Avant la liquidation du ghetto, son oncle a organisé l’évasion de Paul, par les égouts de Varsovie. Après la guerre, Paul est venu en France où il a été placé au château d’Andresy, qui était une des maisons d’enfants de l’UJRE. Il est aujourd’hui astrophysicien.

 

Le block des enfants à Birkenau: l’expérience d’Otto B Kraus

Après Paysages de la Métropole de la Mort d’Otto Dov Kulka, un autre ouvrage majeur permet de comprendre quel a été le sort de ceux qui ont vécu dans « le Block des Enfants », une enclave du camp des familles à Birkenau : Le mur de Lisa Pomnenka, de Otto B. Kraus, paru aux éditions L’Arachnéen. Otto B Kraus était éducateur dans ce block. le roman est ainsi inspiré de son expérience vécue. Notre invitée cette semaine est Catherine Cocquio, maître de conférence en littérature, qui signe dans le même ouvrage un essai sous le titre « Le leurre et l’espoir. De Therensienstadt au Block des enfants de Birkenau » permettant de remettre utilement en contexte ce roman exceptionnel.

« Ce roman raconte les efforts des éducateurs pour les en protéger, et se protéger eux-mêmes. » (Extrait du texte de Catherine Coquio)

Dessin d'enfant réalisé au camp de Terezin, dont certains détenus ont été transférés au "camp des familles" de Birkenau
Dessin d’enfant réalisé au camp de Terezin, dont certains détenus ont été transférés au « camp des familles » de Birkenau

Écrit par Otto B. Kraus Le Mur de Lisa Pomnenka a été initialement publié en 1995 en Israël sous le titre The Painted Wall. Il a été traduit de l’anglais par Stéphane et Nathalie Gailly.

Lisa Pomnenka est inspirée du personnage de Ditta qui est devenue la femme d’Otto B Kraus et qui était avec lui une des éducatrices du Block des enfants: elle avait  obtenu du Dr Mengele des pinceaux et des couleurs pour peindre un des murs du Block. Ce mur figure le seul espace de liberté qui était donné à ces enfants et ces éducateurs: l’évasion et la Résistance par l’art, par la culture dans un monde par ailleurs déshumanisé.

L’ensemble du livre compose une méditation sur le rapport différent des enfants et des adultes à la vérité, à l’espoir et à la mort, sur l’aide réciproque qu’ils s’apportèrent malgré les incompréhensions, sur les pouvoirs et les limites de l’idée d’ « éducation », enfin sur le sens moral et la valeur pratique des gestes artistiques à l’échelle individuelle et collective.

- Site des éditions L’Arachnéen

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Cet ouvrage a été traduit et publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.