Cette semaine, notre invitée est Laure Fourtage, une des commissaires de l’exposition qui vient de s’ouvrir au Mémorial de la Shoah, Après la Shoah, Rescapés, réfugiés, survivants (1944-1947)
Actuellement au Mémorial de la Shoah, Paris – Le retour à une vie normale semble à peine possible pour les Juifs d’Europe qui ont pu échapper à la Shoah. Bien qu’ils aient été victimes d’une persécution spécifique, leur sort ne constitue qu’un problème parmi d’autres à l’échelle d’un continent à reconstruire. Cette exposition constituée de près de 250 photographies issues majoritairement du fonds du Mémorial de la Shoah, de documents d’archives et de films, fait état de la diversité des situations dans le chaos général de la sortie de guerre – réfugiés, survivants des camps, enfants cachés, résistants.
Tous aspirent à retrouver leurs proches, retourner chez eux ou trouver un refuge, imaginer à nouveau un avenir. Qui pour les aider ? Quelle justice demander ? Comment conserver les traces d’un monde disparu et amasser les preuves du crime ?
De l’après-Shoah, on retient en général les images terribles de l’ouverture des camps. Pourtant, la période comprise entre fin juillet 1944, date du premier camp libéré par les Soviétiques, et l’automne 1947 à la veille de l’indépendance d’Israël, constitue une séquence historique en soi. L’incertitude règne partout, notamment dans les trois pays privilégiés dans l’exposition. En Pologne, plus de la moitié des réfugiés revenus d’URSS et les rares survivants quittent un pays qui leur reste hostile. En Allemagne occupée, les réfugiés juifs fuyant l’Europe orientale se retrouvent pour la plupart dans les camps ouverts pour accueillir les millions de « personnes déplacées », attendant un lieu d’accueil ou une possibilité d’émigrer. En France, la majeure partie des Juifs est hors de danger à compter de juin, puis de novembre 1944, mais les quelques milliers de survivants de la déportation se retrouvent perdus, parfois livrés à eux-mêmes, dans la masse des autres rapatriés.
Bien que décimées, les communautés juives parviennent à reconstituer une vie religieuse, culturelle, politique, grâce à l’entraide et à la solidarité, et au soutien des organisations juives, en particulier américaines. Elles réussissent à produire les premiers récits, à constituer une « première mémoire » grâce aux témoignages et aux traces collectées pendant et juste après la guerre.
L’après-Shoah, c’est le temps où les minorités juives, du moins ce qu’il en reste, cherchent à reprendre en main leur destin.
Plus d’information : www.apres-la-shoah.memorialdelashoah.org
Exposition
Du 27 janvier au 30 octobre 2016
Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris
Tél. : 01 42 77 44 72
Métro Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville
Ouverture tous les jours sauf le samedi
de 10h à 18h et le jeudi jusqu’à 22h
Exposition, bilingue anglais – français
Entrée libre

Le Mémorial du camp de Rivesaltes se propose de rappeler le souvenir des différentes communautés qui se sont succédé sur cet camp ancien militaire du Sud de la France: Espagnols, Juifs et tsiganes, de 1941 à 1942, soit 17500 personnes internées dans ce camp de la zone dite « libre », puis harkis en 1962.

Alain Chouraqui a dirigé « Pour résister (à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme », paru aux éditions du Cherche midi. Il s’agit d’un ouvrage collectif, qui est à la fois une analyse scientifique des mécanismes qui ont conduit au pire, à travers une approche pluridisciplinaire et intergénocidaire, mais aussi et surtout un livre d’espoir qui montre comment résister.
L’autre émission est consacrée à l’actualité du Site-Mémorial du camp des Milles et notamment la cérémonie officielle d’inauguration de la Chaire UNESCO « Éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires », qui aura lieu le 8 octobre 2015 en présence du Président de la République et de la Directrice générale de l’UNESCO. Cette chaire est l’un des dispositifs majeurs de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme menée avec les pouvoirs publics, avec un dispositif de labellisation qui permettra de reconnaître l’engagement d’une personne à travers le brevet citoyen, l’engagement d’une structure en particulier d’éducation informelle à travers l’habilitation citoyenne, et une action collective à travers le label citoyen.
Dans un contexte de repli identitaire et de nationalisme, les quatre principales associations antiracistes françaises ont par ailleurs lancé le 20 septembre 2015 conjointement un Appel national contre la montée des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme. Sous le titre « l’histoire alerte le présent », cet appel a été lancé à l’occasion du premier forum « Démocratie, Mémoires et Vigilance » organisé par la Fondation du Camp des Milles.