J’ai de la chance

« Moissac, c’est une maison d’enfants un peu spéciale, parce que Shatta était spéciale. Moissac, c’était une forteresse de la joie, qui nous protégeait des menaces. Et surtout, c’était une vraie famille. Il y avait deux choses primordiales : qu’aucun enfant ne soit déporté et nourrir tout le monde. Ca a marché ! ». Ce texte est extrait de « J’ai de la chance », une pièce écrite et interprétée par Laurence Masliah, actuellement à l’affiche au théâtre Lucernaire à Paris jusqu’au 4 janvier. Pour en parler, nous recevons cette semaine Laurence Masliah, auteur et comédienne et Jean-Claude Simon, qui est le fils de Shatta et Bouli Simon qui dirigeaient la maison d’enfants de Moissac.

Laurence masliah J'ai de la chance

Sur scène Laurence Masliah incarne Germaine, une grand-mère amoureuse de la langue française et couturière hors pair, mais qui perd un peu le fil. Le fil, justement, c’est l’histoire de Moissac, cette maison d’enfants des EIF, les Eclaireurs israélites de France. Une maison dirigée par Shatta et Bouli Simon, qui sont vos parents, Jean-Claude Simon, et qui a servi de refuge à plus de 500 enfants juifs, au départ des réfugiés de la région parisienne et d’Alsace Lorraine, puis des enfants sortis par l’OSE et les EI des camps d’internement du sud de la France, avant la fermeture de la maison en 43 et la prise en charge des enfants à travers diverses filières de sauvetage.

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Cette pièce a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Dossier de présentation (pdf)

Représentations

Du mercredi 30 octobre 2013 au samedi 4 janvier 2014
Du mardi au samedi à 19h

Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
Tarifs – Plein : 25 € / Seniors : 20 € / Réduit (- de 26 ans, chômeurs) : 15 € – Enfant jusqu’à 12 ans : 10 €
Billeterie : 01 45 44 57 34 ou en ligne

Distribution

Auteur : Laurence Masliah avec la collaboration de Marina Tomé
Mise en scène : Patrick Haggiag
Dramaturgie : Mariette Navarro
Avec : Laurence Masliah

Production : En votre compagnie

Durée : 1h10

Shatta et Bouli Simon

Maryan: la ménagerie humaine

Notre invitée cette semaine est Nathalie Hazan Brunet, conservatrice, commissaire de l’exposition sur le peintre Maryan, survivant de la Shoah, au Musée d’art et d’histoire du judaïsme.

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Peuplée de juges, de gardiens de camps, de clowns, d’inquisiteurs, de bourreaux, d’imbéciles – une humanité avilie ou terrorisée –, l’œuvre de Maryan (Pinchas Burstein, 1927-1977) est puissante, tragique, grinçante, inclassable. Né en Pologne, à Nowy Sacz, Maryan passe son adolescence dans des ghettos, des camps de travail et de concentration.

Seul survivant de sa famille, il part en 1947 pour la Palestine et entre à l’école d’art Bezalel à Jérusalem, où il expose pour la première fois en 1949. L’année suivante, il se rend à Paris, étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans l’atelier de Fernand Léger, et suit des cours de lithographie.

Dès 1952, il expose à la galerie Breteau, puis, à partir de 1956, à la galerie de France, tout en participant à de nombreux salons et expositions collectives. En 1962, lassé du monde de l’art parisien, il s’installe à New York et devient citoyen américain. Il décède subitement, au Chelsea Hotel, en 1977.

Dans les années 1950, sa peinture oscille entre une figuration cubisante, graphique et narquoise et une abstraction dans laquelle on devine des corps, des visages, des formes animales.

À partir de 1960, ses personnages enfermés dans des boîtes cèdent la place à un carnaval de créatures, mi-hommes mi-animaux, incarnant pouvoir, autosatisfaction, dégoût, idiotie. Si sa peinture trouve à New York un environnement artistique où se déployer, cette liberté coïncide avec une fragilité grandissante, physique et mentale, de l’artiste.

En 1971, sur les conseils de son psychanalyste, Maryan a recours au dessin pour expurger les visions qui l’obsèdent. Une année durant, il remplit à l’encre de Chine neuf carnets. Cet ensemble, sans équivalent, qu’il intitule Ecce homo sera présenté pour la première fois. Ils constituent le cœur et la trame de l’exposition. Avec un humour désespéré et ravageur, il y revient sur son enfance, sur sa traversée de la guerre, qu’il accompagne de commentaires lapidaires dans un anglais mâtiné de français, de yiddish et de polonais.

L’exposition n’est pas une rétrospective. Hormis un tableau clé de 1952, elle reprend les temps forts de l’œuvre peint et dessiné de 1960 à 1977. Elle comprend, outre les carnets de 1971 – donnés par la veuve de l’artiste au musée national d’Art moderne, Centre Pompidou en 2012 –, vingt peintures et une quarantaine de dessins regroupés par séries. Des extraits du film Ecce homo, tourné au Chelsea Hotel en 1975, seront montrés dans le parcours.

Exposition

Du mercredi 6 novembre 2013 au dimanche 9 février 2014

Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris

Commissariat

Commissaire : Nathalie Hazan-Brunet
Commissaire associée : Catherine Thieck
Chargée de projet : Juliette Braillon

Cette exposition a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Maryan 1963 New York  photo Bernard Gotfryd
Maryan 1963 New York photo Bernard Gotfryd

Dans la grande bibliothèque de la catastrophe

Invitée cette semaine, Anny Dayan-Rosenman, maître de conférences à l’Université Paris VII à l’occasion du cycle de conférences « Littérature et Shoah » organisées au Collège de France par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Romans, récits, théâtre, poésie, les « écritures du désastre » se poursuivent, de la génération des témoins directs à celle des orphelins de la Shoah et aux nouvelles générations. Ce cycle explorera les problématiques identitaires et mémorielles, en présence des écrivains eux mêmes:  Amir Gutfreund, Jean-Claude Grumberg, Fabrice Humbert, Ivan Jablonka et Marianne Rubinstein évoqueront les enjeux de leur écriture. Les rencontres seront ponctuées de lectures de textes par Denis Podalydès et Michèle Tauber.

Cycle coordonné par Anny Dayan Rosenman, maître de conférences en littérature à l’Université Paris-VII et membre de la commission « Histoire de l’antisémitisme et de la Shoah » de la FMS.

Mardi 12 novembre 2013, 17h

Écrire de génération en génération


Lecture de textes par Denis Podalydès, comédien

Écrire le désastre. Le scribe, le témoin et l’écrivain.
Anny Dayan Rosenman, maître de conférences en littérature à l’Université
Paris-VII

« Nous sommes les souvenants qui refusons l’oubli » (Jacob Glatstein).
Pouvoirs de la poésie.
Rachel Ertel, professeur émérite des Universités

Une voix nouvelle dans la littérature israélienne. Amir Gutfreund et « sa » Shoah, entre humour et épouvante.
Amir Gutfreund, écrivain
Entretien avec Michèle Tauber, maître de conférences en littérature israélienne à l’Université Paris-III

Mardi 19 novembre 2013, 17h

Écritures orphelines


Lecture de textes par Michèle Tauber

Le dernier des justes d’André Schwarz-Bart.
Écrire à la lumière des étoiles mortes.
Francine Kaufmann, professeur à l’Université Bar-Ilan (Israël)

Georges Perec. « Être juif, une question, un flottement une inquiétude. »
Claude Burgelin, professeur émérite de littérature contemporaine (Université Lyon-II)

Inventaires.
Jean-Claude Grumberg, écrivain et dramaturge, évoquera son parcours d’écriture et participera à la mise en voix d’un choix de ses textes avec Olga Grumberg et Serge Kribus, comédiens

Mardi 26 novembre 2013, 17h

À la recherche de destins engloutis


Lecture de textes par Denis Podalydès

De Patrick Modiano à Daniel Mendelsohn. Enquêtes au pays des ombres.
Anny Dayan Rosenman

Une nouvelle génération d’écrivains face à l’Histoire.
Les écrivains Fabrice Humbert et Marianne Rubinstein et l’historien Ivan Jablonka évoqueront leurs oeuvres et les enjeux de leur écriture.
Entretien avec Florence Noiville, critique littéraire au Monde et écrivain

Robert Bober. Tenter de vivre après.
Lecture de textes

- Télécharger le programme (pdf)

Les mardis 12, 19 et 26 novembre 2013
de 17h à 19h

Collège de France
11, place Marcelin Berthelot
75005 Paris

Entrée libre sur réservation
Tél. 01 53 42 63 27 / Email : rsocquet@fondationshoah.org

Le nombre de places étant limité, il est conseillé de réserver tôt.
Les conférences débuteront à 17h précises.

En partenariat avec


 

 

 

Témoignage de Paul Felenbok sur le ghetto de Varsovie

A l’occasion du 70e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, nous recevons aujourd’hui Paul Felenbok qui a vécu, alors qu’il était enfant, dans le ghetto de Varsovie, de 1939 à 1943. Paul Felenbok dont l’histoire a inspiré la pièce de théâtre « ceux qui restent », de David Lescot, qui a été montrée en avant première la semaine dernière au Théâtre Sylvia Monfort et qui est prévue pour 2014.

34-passport_site-1Paul Felenbok est né en 1936, à Varsovie, trois ans avant le début de la guerre. Sa famille vivait dans le quartier juif et leur maison était située dans l’enceinte du ghetto, ce qui fait qu’ils n’ont pas eu à déménager quand le ghetto a été mis en place. Avant la liquidation du ghetto, son oncle a organisé l’évasion de Paul, par les égouts de Varsovie. Après la guerre, Paul est venu en France où il a été placé au château d’Andresy, qui était une des maisons d’enfants de l’UJRE. Il est aujourd’hui astrophysicien.