Le block des enfants à Birkenau: l’expérience d’Otto B Kraus

Après Paysages de la Métropole de la Mort d’Otto Dov Kulka, un autre ouvrage majeur permet de comprendre quel a été le sort de ceux qui ont vécu dans « le Block des Enfants », une enclave du camp des familles à Birkenau : Le mur de Lisa Pomnenka, de Otto B. Kraus, paru aux éditions L’Arachnéen. Otto B Kraus était éducateur dans ce block. le roman est ainsi inspiré de son expérience vécue. Notre invitée cette semaine est Catherine Cocquio, maître de conférence en littérature, qui signe dans le même ouvrage un essai sous le titre « Le leurre et l’espoir. De Therensienstadt au Block des enfants de Birkenau » permettant de remettre utilement en contexte ce roman exceptionnel.

« Ce roman raconte les efforts des éducateurs pour les en protéger, et se protéger eux-mêmes. » (Extrait du texte de Catherine Coquio)

Dessin d'enfant réalisé au camp de Terezin, dont certains détenus ont été transférés au "camp des familles" de Birkenau
Dessin d’enfant réalisé au camp de Terezin, dont certains détenus ont été transférés au « camp des familles » de Birkenau

Écrit par Otto B. Kraus Le Mur de Lisa Pomnenka a été initialement publié en 1995 en Israël sous le titre The Painted Wall. Il a été traduit de l’anglais par Stéphane et Nathalie Gailly.

Lisa Pomnenka est inspirée du personnage de Ditta qui est devenue la femme d’Otto B Kraus et qui était avec lui une des éducatrices du Block des enfants: elle avait  obtenu du Dr Mengele des pinceaux et des couleurs pour peindre un des murs du Block. Ce mur figure le seul espace de liberté qui était donné à ces enfants et ces éducateurs: l’évasion et la Résistance par l’art, par la culture dans un monde par ailleurs déshumanisé.

L’ensemble du livre compose une méditation sur le rapport différent des enfants et des adultes à la vérité, à l’espoir et à la mort, sur l’aide réciproque qu’ils s’apportèrent malgré les incompréhensions, sur les pouvoirs et les limites de l’idée d’ « éducation », enfin sur le sens moral et la valeur pratique des gestes artistiques à l’échelle individuelle et collective.

- Site des éditions L’Arachnéen

- Commander le livre

Cet ouvrage a été traduit et publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Les enfants dans la Shoah

On estime que près d’un million et demi d’enfants juifs ont été assassiné pendant la Shoah. Le Mémorial de la Shoah leur consacre une exposition très complète, qui permet de retracer le regard qu’on eu les enfants sur les persécutions dont ils ont fait l’objet, à partir des écrits et témoignages des enfants eux mêmes. Nous recevons cette semaine les commissaires de cette magnifique et émouvante exposition, Sophie Nagiscarde, responsable des activités culturelles du Mémorial de la Shoah et Jean-Yves Potel, conseiller sur la Pologne.

Un million et demi d’enfants juifs de moins de 15 ans ont été assassinés en Europe durant la Shoah. Au fondement de la mise à mort des victimes, le crime d’être né et lui seul. Dès le début des persécutions mises en place par les nazis et leurs collaborateurs, la plupart des enfants basculent d’un monde protégé, celui de leur famille, dans un monde inconnu, auquel malgré leurs souffrances ils doivent faire face : exil, exclusion, enfermement, peur, faim, isolement, assassinat. Leur sort, quel que soit le pays d’Europe dans lequel ils se trouvent, relève de situations particulièrement dramatiques.

Pourtant, dès 1938 des réseaux et des individus se mobilisent pour tenter de les sauver, en les cachant par exemple, ou lorsque les sauver était impossible, en leur procurant un entourage affectif, pédagogique ou moral.

De ces enfants il nous est parvenu des lettres, récits, journaux, dessins ; témoignages intimes et spontanés, ô combien précieux et d’une incroyable maturité, de leurs espoirs, de leurs luttes, de leurs sentiments, laissés avant le silence.

Ils sont la base, parmi d’autres écrits, photographies et films d’époque, de l’exposition proposée par le Mémorial de la Shoah, pour évoquer le sort et les actes des enfants qui ne sont plus, mais aussi de ceux qui ont survécu.

- Visiter le site Internet de l’exposition

Le Mémorial de la Shoah propose une programmation spéciale autour de cette exposition.

Exposition

Du mardi 19 juin au dimanche 30 décembre 2012

Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris

Entrée libre

A noter également, l’exposition « C’étaient des enfants ». Déportation et sauvetage des enfants juifs à Paris, 1940-1945 présentée à l’Hôtel de Ville de Paris du 26 juin au 27 octobre 2012.

Les archives du ghetto de Varsovie

A l’occasion de la commémoration du 69 ème anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie, nous rediffusons l’émission du 1er janvier 2012 avec Audrey Kichelewski, historienne, spécialiste de l’histoire des Juifs en Pologne, pour parler de l’ouvrage Qui écrira notre histoire? de Samuel D. Kassov, publié aux éditions Grasset, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Le 18 septembre 1946, on déterre sous les gravats du ghetto de Varsovie des bidons de lait en fer blanc, des bidons qui ont soigneusement été scellés et cachés par les membres du groupe Oyneg Shabes. Ces bidons contiennent des lettres, des tickets, des tracts, des rapports, des récits, des dessins, des preuves et des témoignages qui disent ce que fut le quotidien des Juifs sous le joug allemand dans le ghetto de Varsovie, mais aussi dans les shtetls et parfois dans les lieux d’extermination: des archives qui sont autant de preuves des massacres et exactions menées par les nazis.

Qui écrira notre histoire? Ce livre de l’historien Samuel D Kassow, traduit avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah raconte l’histoire des archives du ghetto de Varsovie et de ceux qui les ont orchestrés, en particulier Emmanuel Ringelblum, qui était l’âme de ce groupe.

 

Le programme des commémorations de Yom HaShoah et de l’insurrection du ghetto de Varsovie

Les enfants du ghetto, d’Israël Zangwill

Les enfants du ghetto, d’Israël Zangwill, paru à Londres en 1892  a été en son temps un best seller, vendu à l’époque à 100 000 exemplaires. Il reparaît aujourd’hui intégralement aux éditions des Belles lettres, dans une formidable traduction de Marie-Brunette Spire, notre invitée, qui permet de profiter pleinement la langue de Zangwill et son écriture riche et foisonnante.

Ce roman qui est sous titré Etude d’un peuple singulier décrit la vie dans le misérable quartier juif de Whitechapel à Londres à la fin du XIXème siècle. Il décrit la survie de familles fraichement émigrées venues d’Europe de l’Est, qui tentent de survivre tout en recréant ou préservant le quotidien qu’ils ont quitté et le cocon de l’orthodoxie religieuse. Il décrit aussi la génération des enfants qui veulent laisser le shtettl derrière eux, oublient le yiddish et aspirent à la modernité. Il raconte encore ceux qui veulent réinventer la tradition pour la maintenir, tout en épousant la vie et la modernité londonienne.

Roman pittoresque et foisonnant, roman sociologique et historique qui valut à Zangwill d’être appelé le Dickens du Ghetto, Children of the Ghetto, régulièrement republié en Grande-Bretagne et aux États-Unis, est composé de deux parties : « Les enfants du Ghetto » et « Les petits-enfants du Ghetto. »

Cet ouvrage a été traduit et publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Les enfants du Ghetto
Étude d’un peuple singulier
Israel Zangwill
Traduction Marie-Brunette Spire
Editions Les Belles Lettres