Cette semaine, nous recevons André Kaspi, historien, professeur émérite à la Sorbonne, pour évoquer les Juifs américains.
Une émission présentée par Olivier Guez.
Les juifs américains représentent la première communauté de la diaspora. Quels sont leurs enjeux aujourd’hui? Comment définir leur identité? Quel est leur relation à Israël? A partir de quand la Shoah a pris une place centrale dans l’identité des Juifs américains. Autant de questions explorées avec le Professeur André Kaspi, spécialiste de l’histoire des Etats-Unis, et qui a publié en septembre 2012 aux éditions Plon l’ouvrage Barack Obama, la grande désillusion.
Comment en 25 ans, en l’espace d’une génération, tout un monde, toute une civilisation bimillénaire voire trimillénaire, a pu disparaître, sans laisser de traces dans les manuels scolaires, sans laisser beaucoup de traces si ce n’est dans les mémoires familiales? C’est la question importante qu’étudie l’historien Georges Bensoussan, notre invité cette semaine, à l’occasion de la parution de son dernier livre aux éditions Tallandier, Juifs en pays arabes, le grand déracinement 1850-1975.
Dans cet ouvrage, l’historien Georges Bensoussan cherche à comprendre comment les communautés juives d’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient – communautés parfois très anciennes – ont été contraintes de quitter leur pays après la Seconde Guerre mondiale. Il entend se détacher des lectures passionnelles et des partis pris idéologiques pour explorer les racines d’un exode qui ne fut pas le seul fait du conflit israélo-arabe.
Sous l’effet de la colonisation européenne, les Juifs des pays arabes, majoritairement séfarades, ont accédé à une forme de modernité culturelle, parfois à un réel développement économique, et se sont affranchis de l’ancestral statut de dhimmis.
Depuis les années 1920, la naissance de l’anticolonialisme arabe a structuré le destin des minorités juives prises malgré elles dans le conflit colonisé-colonisateur. La situation en Palestine et la collusion de certains leaders arabes avec les pays de l’Axe ont fini de dissoudre les ultimes liens qu’une longue cohabitation avait jadis établis.
Lors du reflux des puissances européennes, de nombreux Juifs furent ainsi contraints de partir après avoir subi humiliations et spoliations. Dans certains cas, ces phénomènes se sont accompagnés de violences physiques.
Du Maroc en Égypte, de la Libye au Yémen comme en Irak et en Tunisie, des centaines de milliers de Juifs ont ainsi dû quitter les pays arabo-musulmans en moins de 25 ans.
L’histoire dramatique de ces Juifs fut par la suite occultée, éclipsée par la prédominance d’un judaïsme ashkénaze lui-même recouvert par l’ombre immense de la Shoah.
S’appuyant sur des archives de l’Alliance israélite universelle, des documents diplomatiques français, des archives israéliennes et d’autres fonds épars du CDJC et de l’OSE, Georges Bensoussan a voulu envisager dans toute son épaisseur le déracinement des Juifs vivant dans les pays arabes.
Historien et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah (Paris), Georges Bensoussan est l’auteur de Un nom impérissable ? Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d’Europe (Seuil, 2008), Europe. Une passion génocidaire (Mille et une nuits, 2006), Une histoire intellectuelle et politique du sionisme (Fayard, 2002). Il a également co-dirigé le Dictionnaire de la Shoah (Larousse, 2009).
Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Cette semaine, nous recevons Jacques Tarnero, pour réfléchir sur les implications de la réprobation d’Israël à l’heure actuelle, à la suite de la parution de son dernier essai, Le nom de trop, Israël illégitime? aux éditions Armand Colin.
Dans cet essai, Jacques Tarnéro pointe ce qu’il y a d’irrationnel et de suspect dans la réprobation systématique d’Israël. Il entend démonter les mécaniques politiques et psychologiques de ce discrédit qui va au-delà de la seule critique de la politique israélienne. Selon lui, c’est désormais au nom des idéaux de progrès, de liberté et d’émancipation que s’énonce la haine des Juifs. <!–Ancien chercheur associé au CNRS, chargé de mission à la Cité des sciences et de l’industrie, Jacques Tarnéro est essayiste et documentariste. Il a publié Mai 68, la révolution fiction (Milan,
2008) et Le racisme (Milan, 2007). Il est également l’auteur de deux films documentaires : Autopsie d’un mensonge : le négationnisme (2000, Lili productions), et Décryptage (avec Philippe Bensoussan, 2002, Sophie Dulac productions) sur les représentations du conflit israélo-palestinien.
Préface de Pierre-André Taguieff.
Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Mercredi 13 juin 2012 à 20h, rencontre avec Jacques Tarnero animée par Clément Weill-Raynal au Temple des Vosges « Synagogue Charles Liché » 14 Place des Vosges – 75004 Paris. PAF (au bénéfice de la Tsédaka) Réservation obligatoire 01.43.44.48.82
Invité cette semaine, Ivan Jablonka, maître de conférences en histoire contemporaine et chercheur associé au Collège de France, qui publie aux éditions du Seuil Histoire des grands parents que je n’ai pas eus. Un livre qui tente de retracer l’existence traversée par les tragédies du XX ème siècle d’Idesa et Matès Jablonka, assassinés à Auschwitz-Birkenau.
Un livre comme une enquête littéraire, dans les pas des écrits de Georges Pérec et de Patrick Modiano… un livre qui sait chercher, fouiller les archives, écumer les registres et lire entre les lignes administratives les détails de vies oubliées. Un livre qui nous fait traverser les shtetls de Pologne, nous entraîne dans le Belleville des années 40, nous fait goûter aux idéaux communistes des années 30, aux stratégies de fuite et de survive des immigrés clandestins, aux solidarités, aux trahisons, aux sacrifices…
Rencontre le 19 mars 2012 à 19h30 Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme entre Ivan Jablonka, Anne Gorouben et Jacques Saglier sur le thème des histoires familiales et des styles de narration de chacun. La rencontre sera animée par Francesca Isidori, journaliste.
Ivan Jablonka a bénéficié du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah lors des recherches qu’il a conduites pour ce livre.