Après Paysages de la Métropole de la Mort d’Otto Dov Kulka, un autre ouvrage majeur permet de comprendre quel a été le sort de ceux qui ont vécu dans « le Block des Enfants », une enclave du camp des familles à Birkenau : Le mur de Lisa Pomnenka, de Otto B. Kraus, paru aux éditions L’Arachnéen. Otto B Kraus était éducateur dans ce block. le roman est ainsi inspiré de son expérience vécue. Notre invitée cette semaine est Catherine Cocquio, maître de conférence en littérature, qui signe dans le même ouvrage un essai sous le titre « Le leurre et l’espoir. De Therensienstadt au Block des enfants de Birkenau » permettant de remettre utilement en contexte ce roman exceptionnel.
« Ce roman raconte les efforts des éducateurs pour les en protéger, et se protéger eux-mêmes. » (Extrait du texte de Catherine Coquio)

Écrit par Otto B. Kraus Le Mur de Lisa Pomnenka a été initialement publié en 1995 en Israël sous le titre The Painted Wall. Il a été traduit de l’anglais par Stéphane et Nathalie Gailly.
Lisa Pomnenka est inspirée du personnage de Ditta qui est devenue la femme d’Otto B Kraus et qui était avec lui une des éducatrices du Block des enfants: elle avait obtenu du Dr Mengele des pinceaux et des couleurs pour peindre un des murs du Block. Ce mur figure le seul espace de liberté qui était donné à ces enfants et ces éducateurs: l’évasion et la Résistance par l’art, par la culture dans un monde par ailleurs déshumanisé.
L’ensemble du livre compose une méditation sur le rapport différent des enfants et des adultes à la vérité, à l’espoir et à la mort, sur l’aide réciproque qu’ils s’apportèrent malgré les incompréhensions, sur les pouvoirs et les limites de l’idée d’ « éducation », enfin sur le sens moral et la valeur pratique des gestes artistiques à l’échelle individuelle et collective.
Cet ouvrage a été traduit et publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Ce film est une adaptation du journal d’Hélène Berr paru en 2008 aux éditions Taillandier. Une adaptation qui laisse toute sa place au texte originel, puisque le film est entièrement construit sur les entrées de ce journal, tenu du 7 avril 1942 jusqu’à la date du 15 février 1944, illustré par des images d’archives de Paris, des photos de la famille Berr, des documents officiels mais aussi des images amateurs qui prennent soudain un autre éclairage grâce aux mots d’Hélène Berr. L’on entre ainsi dans l’univers d’Hélène Berr, comme si on pouvait voir avec ses yeux et entendre avec sa voix.
« Mère de guerre », c’est un texte poignant qui met en scène un fils, sur le point de mourir, qui est violemment partagé entre l’amour pour ses parents, qui sont morts en déportation et celui pour ceux qu’il appelle parâtre et marâtre, un couple de belges âgés, qui l’ont sauvé de la mort en le recueillant chez eux, pendant la guerre. Cette thématique de la fidélité à ses origines est ici amplifiée, mise en perspective par le fait que les principaux protagonistes sont morts, les parents déportés et les parents adoptifs et qu’il faut maintenant pour le fils choisir qui il va rejoindre dans la mort, le parâtre et la marâtre qui ont droit à une sépulture ou ses parents qui ont été anéantis dans une mort anonyme. Cette métaphore de ce fils visité par ses morts amène une réflexion sur cette question de la fidélité qui ne cesse de se poser, à tous les âges de la vie.