Réouverture du CHRD de Lyon

Depuis son ouverture en 1992, à la suite du procès Barbie, le CHRD qui fut le siège de la Gestapo à Lyon pendant l’année 1943, a reçu 1,2 million de visiteurs et s’est imposé comme l’un des plus importants musées d’histoire de la Seconde guerre mondiale en France. Après avoir conduit d’importants travaux, le centre a rouvert ses portes le 16 novembre et présente une nouvelle exposition permanente, répondant à un nouveau projet scientifique, selon une nouvelle scénographie. Pour en parler aujourd’hui, nous avons invité Isabelle Rivé, directrice du Centre d’histoire de la Résistance et de la déportation.

La nouvelle exposition permet de mieux valoriser les riches collections du Centre: plus d’une centaine d’objets et de documents d’archives pour la plupart inédits sont dévoilés au fil du parcours, par exemple le morceau du parachute avec lequel Jean Moulin a été parachuté dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942 en Provence pour mener à bien la mission qui lui avait été confiée par le général de Gaulle, à savoir l’unification des principaux mouvements de résistance non communiste ou encore la table de travail de l’historien Marc Bloch, résistant à Lyon, auquel un espace du musée est dédié.

Enfin, parce que nous entrons désormais « dans le temps de l’histoire » (selon l’expression d’Annette Wieviorka), celui de la disparition progressive des acteurs, de nombreux témoignages audiovisuels, prélevés sur les 700 enregistrements effectués par le CHRD, permettent de faire entendre la voix des témoins, favorisant une approche sensible et intime de cette période.

On peut visiter le CHRD du mercredi au dimanche de 10h à 18h

Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
Espace Berthelot
14 avenue Berthelot
69007 Lyon
Tel : 04 78 72 23 11
www.chrd.lyon.fr

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Entretien avec Benjamin Gross

A l’occasion de la parution aux éditions de l’Eclat de la traduction du Souffle de vie de Hayyim de Volozhyn, Isabelle Cohen de Castelbajac reçoit Benjamin Gross, penseur et talmudiste pour « Mémoires Vives ».

Le Souffle de vie (Ruah Hayyim) de Rabbi Hayyim de Volozhyn, est un commentaire des Pirké Avot [Chapitre des pères], publié en 1859 par le fils de l’auteur, à partir des cours professés par son père à la yeshiva Ets-Hayyim, dont il fut le fondateur et qui exerça une influence remarquable sur le judaïsme ashkénaze (et au-delà) au XIXe siècle. Évidemment lié au grand œuvre de Hayyim de Volozhyn (l’Âme de la vie [Nefesh ha-Hayyim], dont Benjamin Gross a donné en 1986 une traduction française), Le Souffle de vie s’adresse à un public plus large et plus diversifié, et témoigne de la valeur essentielle que l’auteur accordait à l’étude « désintéressée » et à la fréquentation quotidienne des textes pour affirmer la pérennité d’un judaïsme confronté à une modernité naissante. Comme l’écrit Benjamin Gross dans son introduction, c’est une véritable «philosophie de l’éducation» qui se dégage de cet ouvrage, dont le traducteur s’est appliqué à « systématiser les principes dans son propre commentaire ». Et c’est le double (ou triple) intérêt de cette publication que de manifester la continuité du commentaire d’un texte essentiel de l’éthique juive, datant du IIe siècle de l’ère commune, et dont les protagonistes semblent poursuivent ainsi leur dialogue infini à travers les lectures qu’ils suscitent le long des siècles. Cette vitalité du commentaire n’a pas pour but d’actualiser ou de moderniser une lecture du XIXe siècle d’un texte du IIe. Elle affirme la contemporanéité immédiate d’une pensée vivante, et propose une vision «anhistorique», visant à l’universel d’un texte fondateur de l’éthique du judaïsme.

l’inauguration du Mémorial de Drancy

Le 21 septembre 2012, le Président de la République, François Hollande, a inauguré le Mémorial de la Shoah à Drancy, un nouveau lieu d’histoire et d’éducation situé face à la Cité de la Muette. Réalisé à l’initiative et grâce au soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, ce centre a pour vocation de présenter l’histoire du camp de Drancy. Invités de cette émission spéciale, David de Rothschild, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et Philippe Allouche, son directeur général.

Copyright FMS Pierre Marquis

Le Mémorial de la Shoah Drancy, c’est un bâtiment contemporain aux parois de verre conçu par l’architecte Roger Diener, situé en face de la cité de la Muette, qui a servi de camp d’internement et de transit, l’antichambre de la mort pour la grande majorité des déportés juifs de France. Intégralement financé par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, ce lieu est un complément du Mémorial de la Shoah à Paris, et sera un moyen de médiation entre l’ancien camp et le public, un lieu pédagogique et un lieu de transmission de l’histoire de ce camp d’où 63 000 Juifs ont été déportés vers les camps d’extermination nazis.

Informations complémentaires

Créée en 2000, La Fondation pour la Mémoire de la Shoah a pour dotation les fonds spoliés aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec les produits de cette dotation, elle finance le Mémorial de la Shoah, le nouveau centre de Drancy et des projets dans les domaines de la solidarité avec les survivants, l’histoire, la mémoire, l’éducation et la transmission de la culture juive. La Fondation pour la Mémoire de la Shoah a soutenu ainsi 2400 projets depuis sa création.

Je m’appelle Isaac Millman

Shana Tova à tous nos auditeurs. Invitée de cette semaine, Nathalie Grenon, directrice du Cercil (centre d’études et de recherches sur les camps du Loiret). Désormais installé dans de nouveaux locaux à Orléans, qui permettent un espace d’exposition sur l’histoire des camps de Pithiviers, Beaune-la-Rolande et Jargeau, le Cercil a continué son activité d’édition et publie un ouvrage de jeunesse exceptionnel, écrit et illustré par un ancien enfant caché, Isaac Millman.

Isaac Sztrymfman a sept ans quand l’Allemagne envahit la France, pays où ses parents, juifs polonais, se sont réfugiés. Le 14 mai 1941, son père, Moïshé, est arrêté et enfermé au camp de Pithiviers où il reste de longs mois. Le 25 juin 1942, il est déporté à Auschwitz. Il y est assassiné. En 1942, Isaac et sa mère, Rivelé, sont à leur tour arrêtés et emprisonnés à Autun. Sa mère soudoie un gardien pour que son fils soit envoyé dans un hôpital où, grâce à la complicité des médecins et infirmières, les enfants juifs sont déclarés malades.

Après ce refuge provisoire, Isaac est caché par plusieurs personnes, faisant alternativement l’expérience de la cruauté et de la tendresse. Il doit camoufler son identité et prend le nom de Jean Devolder.

À la fin de la guerre, Isaac ne retrouve pas ses parents. Il est adopté en 1948 aux États-Unis, et devient Isaac Millman.

Cinquante ans plus tard, Isaac Sztrymfman-Millman brise son silence pour décrire les scènes marquantes de son histoire.

Isaac Millman est né à Paris en 1933. Il vit à New York avec sa femme Jeanine. Diplômé des Beaux-Arts (Institut Pratt de New York), il a longtemps travaillé comme directeur artistique d’une agence commerciale. Il a illustré aux États-Unis les livres pour enfants de la série Howie Bowles écrits par Kate Banks. Il est également auteur-illustrateur de quatre livres pour enfants dont le héros, Moïse, est sourd-muet.
À la suite de son livre Hidden child (Enfant caché), il a écrit et illustré Arbeit mach frei, un album relatant le voyage à Auschwitz, en souvenir de ses parents, qu’il a effectué avec son petit-fils, en 2005.

Publié aux éditions du Cercil, ce livre a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

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