Cette semaine, nous recevons Gérard Rabinovitch, chercheur au CNRS en philosophie politique, autour de son dernier livre, Et vous trouvez ça drôle? paru aux éditions Bréal.
Un titre en pied de nez pour un ouvrage qui propose des variations sur le rire et son histoire, car le rire a une histoire, que l’on peut retracer depuis l’Antiquité jusqu’à la création de la notion d’humour au XVIII ème siècle par les philosophes moraux anglais en passant bien sûr par le Moyen âge, en particulier l’humour juif du XII ème siècle.Un livre qui permet aussi de distinguer entre les différentes formes de rire, le rire joyeux, bienveillant, mais aussi le rire moqueur, le rire sardonique, le rire qui a vocation à assassiner l’autre. Gérard Rabinovitch nous éclaire aussi sur tous ceux qui ont cherché à éteindre les rires, en particulier les nazis, mais aussi d’autres régimes qui ont compris la dimension de liberté intérieure attachée à l’humour.
Il offre ici un essai, à la fois, historique, philosophique, psychanalytique, agrémenté de plusieurs cahiers d’histoires drôles.
Un livre comme une enquête littéraire, dans les pas des écrits de Georges Pérec et de Patrick Modiano… un livre qui sait chercher, fouiller les archives, écumer les registres et lire entre les lignes administratives les détails de vies oubliées. Un livre qui nous fait traverser les shtetls de Pologne, nous entraîne dans le Belleville des années 40, 

le 18 septembre 1946, on déterre sous les gravats du ghetto de Varsovie des bidons de lait en fer blanc, des bidons qui ont soigneusement été scellés et cachés par les membres du groupe Oyneg Shabes. Ces bidons contiennent des lettres, des tickets, des tracts, des rapports, des récits, des dessins, des preuves et des témoignages qui disent ce que fut le quotidien des Juifs sous le joug allemand dans le ghetto de Varsovie, mais aussi dans les shtetls et parfois dans les lieux d’extermination: des archives qui sont autant de preuves des massacres et exactions menées par les nazis.